INTERNATIONAL

Matthew commence à frapper les Etats-Unis après avoir dévasté Haïti

Miami (AFP) – La Floride faisait face vendredi à l’ouragan le plus menaçant de son histoire récente avec l’arrivée de Matthew et ses vents soufflant jusqu’à 210 km/h qui risquent de détruire les zones côtières et ont poussé les autorités à prendre les plus grandes précautions. 

Matthew, qui se trouvait à 100 kilomètres de Fort Pierce, selon le gouverneur de Floride Rick Scott, a déjà provoqué des destructions monstres dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe, Haïti.

L’ouragan est classé en catégorie 4 sur l’échelle Saffir-Simpson qui en compte cinq. « C’est le plus puissant ouragan touchant cette zone depuis des décennies », selon le centre américain de surveillance des ouragans (NHC).

Il y a « un risque d’inondations meurtrières » en Floride, Géorgie et Caroline du Sud, a mis en garde le NHC. Dans ces trois Etats, le président Obama a déclenché un plan d’urgence fédéral, permettant de mobiliser davantage de ressources.

L’ouragan qui se déplace à 20km/h s’éloigne des Bahamas et devrait « passer près ou au-dessus de la côte est de la péninsule de la Floride jusque dans la nuit de vendredi ». 

La puissante dépression a fait au moins 122 morts lors de son passage en Haïti, selon le ministère de l’Intérieur. Mais ce bilan est contesté par un sénateur du département Sud, le plus touché par Matthew. 

Hervé Fourcand affirme qu’il y a « plus de 300 morts » dans son seul département selon un bilan encore partiel.

Un média local, Radio Télévision Caraïbes, avait rapporté jeudi soir qu’au moins 264 personnes avaient été tuées.

Ces bilans risquaient de s’alourdir encore étant donné les ravages constatés dans le sud-ouest du pays, notamment à Jérémie où « 80% des bâtiments ont été rasés », selon l’ONG Care.

– ‘La mort en face’ –

La ville d’environ 30.000 habitants « est complètement détruite », a affirmé Jean-Michel Vigreux, directeur de Care Haïti, cité dans un tweet. « Les accès sont complètement coupés et les gens seront bientôt à court de nourriture et d’argent. »

La ville côtière de Les Cayes plus au sud, troisième localité d’Haïti, a été, pendant de longues heures, balayée par les vents et les averses torrentielles de l’ouragan.  

« J’ai vu la mort en face », a assuré à l’AFP une habitante, Yolette Cazenor, dont la maison a été coupée en deux par un tronc d’arbre.

Les équipes de l’agence américaine pour le développement international (USAID) ont observé un niveau « de destruction important » en Haïti, « avec de nombreux toits arrachés, des infrastructures endommagées, des communications coupées et des inondations », selon un communiqué.

Les zones touchées de plein fouet restaient toujours difficiles d’accès après le passage de Matthew en début de semaine. 

Très vulnérable aux aléas climatiques et peinant encore à se relever du séisme de 2010, Haïti craint en outre la résurgence du choléra.

– ‘Le temps presse’ –

« N’allez pas sur les plages. Vous serez tués », avait lancé jeudi Rick Scott. « Le temps presse », avait souligné le gouverneur pour convaincre les habitants réticents à aller se réfugier à l’intérieur des terres. 

Devant ces injonctions, le comté de Volusia sur la côte est de la Floride et la ville de Daytona Beach, où se trouve un célèbre circuit automobile, a décrété un couvre-feu à partir de 04H00 GMT vendredi, selon les pompiers de la ville.

Plus de 1,5 million d’habitants ont été appelés à évacuer dans l’Etat, où quelque 3.500 militaires de la Garde nationale sont mobilisés, 4.000 gardes supplémentaires étant en alerte.

Mais certains habitants n’ont pas obtempéré. Judy Ruscino, 74 ans, explique que son mari et elle se sont mis à l’abri dans leur garage à Daytona Beach: « Ca ne va pas être beau, mais nous avons du sable, nous avons acheté de la nourriture et la porte du garage est protégée contre les tempêtes ».

« Les gens n’ont pas l’air de comprendre et ne partent pas », a déploré le shérif du comté de Martin (Floride) William D. Snyder.

– Stations balnéaires vides –

« Je ne dis pas ça pour être dramatique… J’ai demandé à mon détective en chef s’il avait des housses mortuaires parce que si des terrains de mobile-homes sont frappés par des vents de 225 km/h, on va avoir des morts », a-t-il dit à NBC. 

Mesure rarissime, le géant du divertissement Disney a ordonné jeudi la fermeture de tous ses parcs d’attraction en Floride à partir de la fin d’après-midi jusqu’à vendredi.

L’aéroport d’Orlando a fermé en début de soirée, selon les autorités.

En Caroline du Sud, déjà frappée en 2015 par de graves inondations, plus d’un million de personnes ont reçu l’ordre de s’éloigner des côtes. En quelques heures, la station balnéaire populaire de Myrtle Beach s’est ainsi vidée de ses occupants.

« Hier, cet endroit était rempli de monde et en venant aujourd’hui on s’est dit: +Oh mon Dieu, il n’y a personne+ », constatait Kelly Allmendinger dont la famille prévoyait de passer la tempête recluse, après avoir fait des stocks de provisions. 

La Géorgie a elle aussi donné l’ordre d’évacuer six comtés de son littoral. Matthew devrait frapper ses côtes samedi.

A l’est de Matthew, la dépression Nicole est devenue un ouragan jeudi. Il en passé en catégorie 2 dans la soirée avec des vents soufflant jusqu’à 165 km/h mais ne menaçait pas de terres habitées, selon le dernier bilan disponible du NHC, à 03H00 GMT.  

Brian Baker (d) et son fils Ian protègent leur bureau à Titusville en Floride avant l'arrivée prévue de l'ouragan Matthew, le 6 octobre 2016. © AFP

© AFP BRUCE WEAVER
Brian Baker (d) et son fils Ian protègent leur bureau à Titusville en Floride avant l’arrivée prévue de l’ouragan Matthew, le 6 octobre 2016

Article précedent

Des mouvements et médias cathos mobilisés face à la montée du FN

Article suivant

Avec la fermeture de la Fabric, péril sur la vie nocturne londonienne

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Matthew commence à frapper les Etats-Unis après avoir dévasté Haïti