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Matthew laisse au moins 400 morts en Haïti et déferle sur la Floride

Les Cayes (Haïti) (AFP) – Les autorités haïtiennes et les ONG font état d’un bilan humain dramatique après le passage de l’ouragan Matthew qui s’affaiblissait vendredi mais restait menaçant pour les côtes du sud-est des Etats-Unis, dont les villes touristiques de Floride.

Au moins 400 morts, a indiqué à l’AFP le sénateur haïtien Hervé Fourcand, élu de la région Sud. Tout en précisant qu’un certain nombre de communes restaient inaccessibles plusieurs jours après l’arrivée sur le pays de l’ouragan alors de catégorie 4, sur une échelle de cinq. Il soufflait alors autour de 230 km/h.

La protection civile du Sud a évoqué pour sa part un bilan de 315 morts. Mais ce chiffre ne prend pas en compte les communes de Camp Perrin, Les Anglais, Coteaux et Arniquet, a-t-elle précisé à l’AFP.

Le ministère de l’Intérieur faisait état, lui, de 271 morts.

Le sud-ouest du pays, surtout la péninsule de Tiburon, a payé le plus lourd tribut, en particulier les localités côtières Jérémie, qui compte environ 30.000 habitants, et Les Cayes, troisième ville du pays.

La boue a tout envahi, des routes étaient toujours impraticables et un pont crucial a été emporté mardi.

– Lourd tribut –

Selon un bilan à jeudi soir du bureau des Nations unies pour l’aide humanitaire (OCHA), jusqu’à 80% des récoltes ont été perdues par endroits et plus de 350.000 personnes ont besoin d’une assistance humanitaire. Plus de 21.000 personnes ont été évacuées.

« De très importants dégâts sont attendus à Grand’Anse et dans le sud, en particulier dans les villes des Cayes, Jérémie et Port Salut », a indiqué l’OCHA vendredi matin.

Plus de 29.000 maisons ont été détruites rien que dans le sud. A Jérémie « 80% des bâtiments ont été rasés », selon Jean-Michel Vigreux, directeur de l’ONG Care Haïti.

Aux Cayes, les habitants tentaient de reprendre une vie normale vendredi matin avec le retour du soleil. Matelas et habits détrempés séchaient tandis que des habitants s’activaient aux réparations.

Son quartier de Croix-Marche à Terre a particulièrement souffert. Ce n’était plus vendredi matin qu’un entrelacs d’arbres déchiquetés, de tôles, de détritus en tous genres d’où émergeaient des maisons éventrées, qui n’étaient souvent que de simples abris de fortune avant la puissante tempête.

Les plantations de bananiers et de manguiers de la plaine environnante ont été totalement ravagées, a constaté une journaliste de l’AFP.

Accompagné de plusieurs ministres, le Premier ministre, Enex Jean-Charles, doit aller vendredi « constater l’état de certaines infrastructures affectées et marquer sa solidarité (…) avec les victimes du grand Nord », selon un communiqué officiel.

– Au tour des Etats-Unis –

L’oeil de l’ouragan, qui s’était hissé jusqu’au cran maximal de l’échelle Saffir-Simpson, affleurait à quelques kilomètres au large de la côte Est de la Floride depuis la nuit de jeudi à vendredi, remontant vers le nord. Pour l’heure, l’oeil n’a pas touché terre.

Désormais en catégorie 3, avec des vents à 195 km/h, il a fait au moins une victime sur le sol américain. Une femme d’une cinquantaine d’années a succombé à un accident cardiaque car les secours n’ont pu aller lui prêter assistance à cause de la violence du vent.

La côte sud-est des Etats-Unis, de la Floride jusqu’en Caroline du Nord, était placé en état d’alerte plusieurs jours avant l’arrivée de l’ouragan. Les autorités ont émis des ordres d’évacuation concernant environ trois millions de personnes et multiplié les mises en garde très alarmistes.

C’est surtout la montée des eaux qui suscitait les craintes des météorologues et des autorités. Jusqu’à 3,3 mètres attendus par endroits, avec un effet pouvant être ressenti bien à l’intérieur des terres, a prévenu Rick Knabb, directeur du Centre d’information sur les ouragans (NHC) sur Periscope.

– Danger: montée des eaux –

Le président Barack Obama avait prévenu dès mercredi qu’il s’agissait d’une « tempête sérieuse ». Il a déclenché jeudi un plan d’urgence fédéral pour la Floride, la Géorgie et la Caroline du Sud et a encore mis en garde vendredi matin contre la hausse du niveau des eaux.

« Il s’agit toujours d’un ouragan vraiment dangereux », a déclaré M. Obama depuis le Bureau ovale. « Je pense que la principale inquiétude à ce stade n’est pas seulement la force des vents mais la montée des eaux », a-t-il ajouté.

Daytona Beach (Floride), l’une des premières villes américaines touchées, a décrété jeudi soir un couvre-feu jusqu’à samedi 11H00 GMT. Plus au nord, le comté de Chatham dont le chef-lieu est Savannah (Géorgie) a fait de même vendredi.

Là, la pluie tombait déjà dru en milieu de matinée mais le vent était encore inexistant, et il était toujours temps d’évacuer. Mais plus au sud, les autorités appelaient désormais les habitants à rester où qu’ils se trouvent.

Le gouverneur de Floride Rick Scott a indiqué que près de 600.000 foyers étaient privés d’électricité.

Selon le bulletin d’informations du NHC à 15H00 GMT, l’alerte ouragan a été étendue plus au nord sur la côte de Caroline du Nord. Dans le même temps, la situation s’apaisait au sud, vers Cocoa Beach où Matthew s’est acharné pendant plusieurs heures.

Non loi, au centre spatial Kennedy, la base de lancement de la Nasa et de sociétés privées comme SpaceX, l’agence spatiale américaine a signalé des coupures de courant et des toitures endommagées, mais des dégâts « limités ».

Depuis qu’il est devenu ouragan le 29 septembre, Matthew a traversé les Caraïbes du sud au nord, affectant la Colombie, la Jamaïque, la République dominicaine, où au moins quatre personnes sont mortes, ainsi que Cuba et les Bahamas.

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