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Mausolées de Tombouctou: la décision de la CPI une "leçon" pour les jihadistes

Bamako (AFP) – Des habitants de Tombouctou se réjouissaient mardi de la condamnation à neuf ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) d’un jihadiste malien pour la destruction de mausolées à Tombouctou, dans le nord du pays, y voyant une « leçon » et un « exemple ».

En l’absence du président Ibrahim Boubacar Keïta, au Gabon pour l’investiture de son homologue Ali Bongo Ondimba, le gouvernement a exprimé le souhait que cette décision fasse « jurisprudence dans la protection du patrimoine mondial ». et serve « d’avertissement pour les criminels s’attaquant aux biens culturels ».

La condamnation par la CPI du Touareg malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi « est un motif d’espoir pour toutes les victimes de l’idéologie barbare » des jihadistes qui s’étaient emparés en 2012 du nord du Mali, selon un communiqué gouvernemental.

« C’est bien fait pour lui. J’ai vu ce type ici pendant la crise (de 2012, NDLR). Il était comme Dieu sur Terre. Aujourd’hui, on lui montre qu’il n’est rien. C’est bien pour l’exemple », a estimé Mohamed Issa Touré, jeune guide touristique à Tombouctou joint par l’AFP.

« On a rendu justice à nos ancêtres. C’est important pour nous. Toucher aux mausolées de Tombouctou, c’est toucher à nos ancêtres », a-t-il souligné.

« C’est une bonne leçon qu’on vient de donner à ces fous. Il fallait même le condamner à au moins 25 ans de prison. Ce sont des aventuriers, et c’est comme ça qu’il faut les traiter », a déclaré Ali Maïga, président d’une association de jeunes de Tombouctou.

« Justice est rendue! On sait maintenant que les gens qu’on appelait +jihadistes+ n’étaient pas des dieux », a affirmé de son côté Mamadou Diallo, un enseignant.

En revanche, sur son compte twitter, Fahad Ag Almahmoud, le secrétaire général du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental) a minimisé la portée de cette décision.

« La CPI, le filet qui ne prend que le petit poisson! », a-t-il écrit, en référence aux auteurs restés impunis de graves violations des droits de l’Homme au Mali depuis 2012. 

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) se félicite dans un communiqué d’une « avancée dans la lutte contre l’impunité », mais souligne qu’il « importe que la justice pour d’autres crimes graves soit rendue ».

Saluant un « signal fort contre la destruction de biens culturels en général, et au Mali en particulier », la Minusma rappelle qu’elle est la « première opération de maintien de la paix à qui le Conseil de sécurité a confié la mission d’appuyer les autorités » dans la « protection du patrimoine culturel en collaboration avec l’Unesco ».

Le représentant au Mali de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), Lazare Eloudundou, a affirmé pour sa part à l’AFP que « ce qui est important pour les communautés c’est que ce procès soit allé jusqu’au bout ».

Le groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui avaient pris le contrôle du nord du Mali en mars-avril 2012 en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.

Le jihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi à La Haye, le 27 septembre 2016. © AFP

© ANP/AFP/Archives Bas Czerwinski
Le jihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi à La Haye, le 27 septembre 2016

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