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Mesures d'exception face au risque de paralysie, avant une nouvelle journée d'action

Paris (AFP) – Le mouvement contre la loi travail s’est encore durci mercredi à la veille d’une nouvelle journée d’action, poussant le gouvernement à des mesures exceptionnelles face au risque de paralysie du pays, comme des ponctions dans les réserves stratégiques de carburant et des interventions musclées pour débloquer des dépôts.

« La CGT ne fait pas la loi dans le pays », a lancé aux députés le Premier ministre Manuel Valls, prévenant qu' »aucune option » ne serait « écartée » pour lever les blocages organisés par le syndicat.

Le chef du gouvernement a aussi assuré qu’il n’y aurait pas de « retrait » du projet de loi, se targuant notamment du soutien de la CFDT.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, près de sept Français sur dix (69%) sont pourtant favorables au retrait du texte « pour éviter un blocage du pays ».

De son côté, le président, François Hollande, qui a reçu un rare rayon de soleil avec l’annonce d’une nouvelle baisse du chômage en avril, a affirmé lors du conseil des ministres que « tout serait mis en oeuvre pour assurer l’approvisionnement aux Français et à l’économie ».

 Le gouvernement a déjà débloqué 11 dépôts pétroliers paralysés par des manifestants, envoyant par exemple à l’aube les forces de l’ordre à Douchy-les-Mines (Nord), et utilisé trois jours de stocks stratégiques de produits pétroliers sur les 115 disponibles.

Autre mesure rare: les transporteurs ont été autorisés par un arrêté à déroger temporairement aux règles sur le temps de conduite et le repos pour faciliter l’approvisionnement des stations-service.

Malgré ces dispositions, les files d’attente s’étiraient toujours aux stations-service dans le pays, conduisant certaines à limiter les approvisionnements à 15 ou 20 euros.

L’application mobile « Essence comparateur carburant » recensait 4.026 stations sur 11.500 en pénurie totale ou partielle, tandis que le site de comparaison Carbeo.com avançait le nombre de 3.161 (soit plus de 26%).

Toutefois, ces applications étant renseignées de façon volontaire par leurs utilisateurs, ces données ne sont pas toujours fiables, certains stations signalées fermées fonctionnant en réalité.

Total affirme pour sa part qu’un peu plus d’un tiers de ses 2.200 stations étaient en rupture totale ou partielle vers 13H00.

Selon le secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies, la situation s’est malgré tout améliorée au cours de la journée grâce à des « acheminements massifs » de carburants.

L’ensemble des préfets du Grand ouest vont lever leurs arrêtés de restriction d’approvisionnement en carburant « compte tenu des efforts très importants réalisés pour approvisionner le réseau des stations-services avec des quantités livrées dépassant les pics habituels », a annoncé mercredi soir la préfecture de la zone de défense et de sécurité ouest.

Celle de la région Auvergne-Rhône-Alpes a fait état d’une « stabilisation », avec 30,5% des stations en difficulté contre 31% mardi.

La situation est « tendue » mais pas « critique », a estimé le président de l’Union française des industries pétrolières Francis Duseux sur BFM TV, déplorant que les automobilistes continuent à faire « des achats de précaution », provoquant une demande « trois à cinq fois supérieure » à la normale. « Ca tend le système logistique ».

– « Risques d’amplification » –

Opposés à la loi El Khomri, les syndicats, CGT et FO en tête, appellent à une huitième journée de grèves et de manifestations jeudi pour réclamer le retrait du texte. Mais les protestataires étaient déjà très actifs mercredi. 

Le conflit s’est cristallisé autour des sites pétroliers. Mercredi soir, cinq raffineries sur huit étaient touchées, avec un débit réduit voire un arrêt complet, tandis que le terminal pétrolier du Havre, qui assure 40% des importations françaises et alimente les aéroports parisiens, a fermé les vannes jusqu’à vendredi midi.

Voix syndicale dissonante, la CFE-CGC a dénoncé « la prise en otage et la paralysie de la France », ayant elle fait « le pari du débat parlementaire » pour modifier le projet de loi contesté.

Les organisations patronales ont appelé l’Etat à « veiller au respect du droit », le patron du Medef, Pierre Gattaz, dénonçant les méthodes « irresponsables » des grévistes et celui de la CGPME, François Asselin, un « sabotage national ».

Les syndicats agricole (FNSEA) et de médecins libéraux (CSMF) ont demandé que leurs membres puissent se fournir prioritairement, tandis que plusieurs fédérations professionnelles s’inquiètent du risque de « paralysie de l’économie ».

D’autant que la branche énergie de la CGT tente d’étendre la contestation aux centrales nucléaires. Au moins 16 des 19 centrales nucléaires de l’Hexagone ont voté la grève pour jeudi, a indiqué mercredi soir un porte-parole de la CGT Energie. Pour autant, « cela ne veut pas dire qu’il y aura des baisses de charge », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, trois centrales thermiques sont déjà à l’arrêt: Cordemais (Loire-Atlantique), Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Porcheville (Yvelynes).

Le patron de la CGT,  Philippe Martinez, a d’ailleurs prévenu « des risques que la mobilisation s’amplifie », quand celui de FO, Jean-Claude Mailly, a assuré « ne pas être dans l’esprit d’arrêter » la mobilisation. 

La police disperse des manifestants à Marseille le 25 mai 2016. © AFP

© AFP BORIS HORVAT
La police disperse des manifestants à Marseille le 25 mai 2016

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