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Meurtre de Léa: « soyez sans pitié », la perpétuité requise

Carcassonne (AFP) – « Il a été sans pitié avec Léa, soyez sans pitié avec lui ». La réclusion criminelle à perpétuité a été requise vendredi à Carcassonne à l’encontre de Gérald Seureau pour le viol et le meurtre de Léa, une lycéenne de 17 ans.

Lors de ce procès en appel devant la cour d’assises de l’Aude, l’avocate générale Manon Brignol a réclamé en plus une période de sûreté de 22 ans pour ces crimes commis le 1er janvier 2011 à Montpellier après la nuit du réveillon.

Il s’agit de la peine maximale encourue par l’accusé, la même que celle réclamée lors du premier procès à Montpellier.

Le verdict est attendu dans l’après-midi.

« Ce que j’aimerais dire c’est que je suis rongé par les remords et le mot est faible. Ce soir-là, je me suis nourri des ténèbres. Maintenant j’essaie de chercher la lumière, de monter marche par marche pour l’atteindre et devenir quelqu’un de bien », a déclaré l’accusé, avant la clôture des débats.

Gérald Seureau, 30 ans aujourd’hui, avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 20 ans de sûreté.

Lors du réquisitoire d’une heure, veste noire et tee-shirt blanc, il est resté tête baissée, sans prononcer un mot.

« Il a été sans pitié avec Léa, soyez sans pitié avec lui », a conclu Manon Brignol, affirmant que le crime de l’accusé se situe « tout en haut de l’échelle du mal » avec ce « déluge de coups », « les viols » ou « le visage qu’il écrase dans le sol ».

Méthodique, l’avocate générale a dénoncé l’attitude de l’accusé qui s’est réfugié derrière sa mémoire défaillante alors qu’il avait annoncé vouloir « assumer ses responsabilités ».

– Toujours dangereux –

« Il a servi la fable improbable du néo-nazi, du raciste qui se transforme en bouddhiste. La fable du sombre métaleux (amateur de musique métal) fasciné par la violence et le sang et qui ne supporte même plus la violence sur les animaux », a-t-elle constaté.

Gérald Seureau « se vautrait dans l’alcool », « consommait de la drogue », « évoluait dans un climat nauséabond », dont « il se gavait, se repaissait », a-t-elle rappelé.

Elle a demandé aux jurés de « ne pas être dupes », soulignant le « sang-froid qui glace le sang » d’un accusé réfléchissant pour se trouver un alibi avant de « jouer une comédie ignoble ».

Et de dénoncer aussi les textos qu’il a envoyés à certains fêtards inquiets de la disparition de la jeune fille après ce réveillon, à forte consommation d’alcool et de drogue, notamment des amphétamines : « Je ne suis pas un psychopathe LOL » ou « Je ne suis pas un violeur ».

« Il ne suffit pas de se couper les cheveux et d’enlever ses piercings pour devenir un homme bon », a insisté la magistrate, affirmant qu’il « était dangereux et le reste encore ».

Le corps de l’adolescente avec « 185 blessures et lésions » dont certaines de défense, avait été découvert au fond d’un petit bois à quelques minutes de l’endroit de la fête.

« Léa a été héroïque. Elle s’est battue jusqu’au bout. Vous pouvez être fiers », a dit Manon Brignol à l’intention des parents.

Devant la cour, Gérald Seureau a expliqué avoir eu une explosion de violence qui aurait fait suite à la frustration d’une « panne sexuelle ».

Pour Mme Brignol, cette version est fausse.

« S’il a tué (…) C’est pour faire taire Léa, pour ne pas aller en prison, pour ne pas affronter le regard des autres qui allaient apprendre qu’il n’était qu’un pathétique violeur », a-t-elle appuyé.

Les défenseurs de Seureau ont critiqué une accusation qui a déformé jusqu’à l’extrême l’image d’un accusé n’étant « ni Émile Louis ni Patrice Allègre ».

« C’est un homme, pas un criminel inné », a affirmé Me Jean-Marc Darrigade, mettant l’accent sur l’absence d’un casier judiciaire ou d’agression contre quelqu’un.

« Il est né le 6 juin 1986, 666″: vous auriez pu dire qu’il porte le chiffre du diable », a ironisé Me Luc Abratkiewicz à l’attention de Mme Brignol. Et les avocats de demander contre Seureau qui n’est « pas un monstre » de « ne pas céder à la dictature de l’émotion ».

Gérald Seureau lors de son procès en appel, le 23 janvier 2017 à Carcassonne. © AFP

© AFP PASCAL PAVANI
Gérald Seureau lors de son procès en appel, le 23 janvier 2017 à Carcassonne

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