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Michel Monvoisin propose que l’État classe ATN « entreprise stratégique » et entre à son capital

La Délégation sénatoriale aux outre‑mer a organisé une table ronde sur le transport aérien, le 19 mai, pour évaluer la situation des compagnies desservant les outre-mer, dans le cadre de l’étude sur l’urgence économique. Michel Monvoisin, P-Dg d’Air Tahiti Nui, y participait par visioconférence. Il prédit un « bain de sang » concurrentiel entre destinations, refuse la quatorzaine pour les touristes, et souhaite que la France classe Air Tahiti Nui « entreprise stratégique » pour qu’elle puisse bénéficier d’un prêt de l’État ou même d’une augmentation de capital qui ferait de l’État un actionnaire.

Onze compagnies aériennes et leurs syndicats participaient mercredi à cette table ronde de la délégation sénatoriale aux outre-mer. Terriblement fragilisées par la crise, certaines compagnies aériennes sont menacées de disparition alors même qu’elles assurent un rôle indispensable pour la continuité territoriale, les liaisons inter-îles et le développement économique en outre-mer. « La disparition d’Air Tahiti Nui serait un sinistre majeur pour l’économie polynésienne, a déclaré Michel Monvoisin, aucune compagnie française ne pourrait nous remplacer. » Les participants ont appelé à davantage de clarté de la part de l’État et à la nécessité d’une parole unique.

Une réelle vision de sortie de crise se fait attendre, selon les participants : la réouverture d’Orly fin juin est primordiale et doit aller de pair avec des modalités d’adaptation de la quatorzaine pour les arrivées en outre-mer. Sur ce sujet, Michel Monvoisin est clair, ce n’est pas envisageable pour la Polynésie : « Les perspectives, de ce côté-là, c’est plus d’essayer de convaincre l’État et le gouvernement polynésien que la quatorzaine, c’est pas une bonne idée. »  Pas gagné, alors que le président du Pays expliquait mercredi soir à la télévision que les touristes feraient leur quatorzaine dans leurs hôtels. En Polynésie, les deux prochaines semaines seront décisives : car si les compagnies n’ont pas de réponses avant début juin, elles devront une nouvelle fois annuler leurs programmes de vols du mois de juillet.

Michel Monvoisin, rappelant que le Pays est au maximum de sa participation au capital permise par la loi et qu’il a déjà abondé le compte courant de la compagnie de plus de 2 milliards, remboursables sous deux ans, ce qui « ne nous arrange pas vraiment ». Les demandes de prêts garantis par l’État (PGE) sont en cours auprès de 4 établissements bancaires, mais ils serviront surtout, explique-t-il, « à financer les pertes futures et les salaires de gens qui ne travaillent pas ». Il souhaite donc qu’Air Tahiti Nui soit classée en « entreprise stratégique, et pouvoir bénéficier, comme Air France, des mêmes types d’aide, soit un prêt direct de l’Etat, soit une augmentation de capital par l’État ou un de ses satellites, AFD, BPI, CDC (…) »

Bien que certaines bénéficient d’un plan d’aide de l’État, les compagnies qui n’assurent aujourd’hui plus que 5% de leur activité tout en continuant à payer leurs charges fixes, ont déploré que le soutien de l’État ne soit pas à la hauteur des problèmes, donnant l’impression de demi-mesures. Dans le Pacifique, un dispositif d’indemnisation du chômage partiel, comparable à celui mis en place en Nouvelle-Calédonie, est nécessaire pour la Polynésie française. Michel Monvoisin prévient aussi que la reprise va être difficile, car la concurrence entre destinations et entre compagnies aériennes va s’exacerber.

 

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2 Commentaires

  1. kaczmarczyk
    22 mai 2020 à 21h27 — Répondre

    Le beurre et l’argent du beurre et la crémière …………

  2. Teva
    22 mai 2020 à 22h14 — Répondre

    Pourquoi les impôts des métropolitains devraient financer notre compagnie aérienne?

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