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Migrants: 9 mineurs sur 10 arrivés en Italie ne sont pas accompagnés

Genève (AFP) – Depuis le début de l’année, neuf mineurs sur dix arrivés en Italie avec les vagues de migrants ont traversé la Méditerranée seuls, sans famille, a révélé l’Unicef, soulignant que leur nombre avait doublé par rapport à l’an dernier.

Dans un rapport intitulé « Des dangers à chaque pas » publié mardi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance précise que 7.009 enfants et adolescents non accompagnés ont effectué la traversée d’Afrique du Nord vers l’Italie au cours des cinq premiers mois de 2016. 

« La raison pour laquelle nous assistons à cette augmentation n’est pas claire à ce stade et une analyse plus approfondie est nécessaire », a déclaré la porte-parole de l’Unicef, Sarah Crowe lors d’un point de presse à Genève.

Depuis le 1er janvier, 2.859 personnes sont mortes en Méditerranée, dont un grand nombre d’enfants, alors que pour toute l’année 2015, ce chiffre était de 3.770, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).

L’Unicef souligne que la traversée de la Méditerranée est un itinéraire peu emprunté par les familles, en raison des risques et des difficultés énormes qu’il présente.

« Pendant la traversée, plusieurs personnes sont tombées par-dessus bord et se sont noyées, d’autres à l’intérieur de l’embarcation perdaient connaissance et mouraient », raconte Peace, une orpheline de 17 ans, qui a fui le Nigeria pour échapper à un mariage forcé. « J’étais même assise avec des cadavres et j’avais peur. J’aurais aimé que mes amis me disent comme c’était difficile. J’aurais continué à souffrir au Nigeria. »

Les mineurs non accompagnés payent leur traversée en travaillant au cours de leur périple, ce qui les expose à des risques de violences et d’exploitation sexuelle, selon l’Unicef.

– Trafics d’êtres humains –

« Si vous essayez de vous enfuir, ils vous tirent dessus et vous êtes mort. Si vous arrêtez de travailler, ils vous battent. C’était exactement comme de l’esclavage », raconte Aimamo, jeune Gambien de 16 ans, à propos de la ferme en Libye où lui et son frère jumeau ont travaillé deux mois pour payer les passeurs.

Des travailleurs sociaux italiens ont rapporté à l’Unicef que des filles et des garçons avaient été victimes de violences sexuelles et contraints de se prostituer en Libye. Toujours selon ce rapport, certaines des filles victimes de viols étaient enceintes quand elles sont arrivées en Italie.

Selon le rapport, cette crise migratoire est une aubaine pour les réseaux criminels de trafics d’êtres humains qui ciblent les migrants les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants. « La forte augmentation du nombre de femmes et de filles en provenance du Nigeria qui quittent la Libye pour l’Italie soulève des inquiétudes, l’OIM estimant que 80% d’entre elles sont victimes de la traite des êtres humains. »

De nombreux mineurs non accompagnés préfèrent ne pas se faire enregistrer à leur arrivée en Europe ou s’enfuient des centres de rétention, afin de poursuivre leur voyage, relève l’Unicef, ce qui fait craindre que certains d’entre eux aient été la proie de gangs criminels.

« C’est une situation désespérée couverte par le silence – loin de nos yeux, donc ignorée », déplore Marie-Pierre Poirier, coordinatrice spéciale de l’Unicef pour la crise des réfugiés et des migrants en Europe. 

« Ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui sont en danger chaque jour et des centaines de milliers d’autres qui sont prêts à tout risquer. Nous devons d’urgence protéger ces enfants contre toutes sortes de mauvais traitements et d’exploitation par ceux qui profitent de la situation pour exploiter leurs rêves », ajoute-t-elle.

L’Unicef avertit qu’avec l’arrivée de l’été, le nombre de mineurs qui empruntent seuls l’itinéraire de la Méditerranée centrale risque d’augmenter. L’agence de l’ONU rappelle qu’il y actuellement 235.000 migrants présents en Libye, dont des dizaines de milliers d’enfants non accompagnés.

« Tous les pays – ceux que ces enfants quittent, ceux qu’ils traversent et ceux où ils cherchent asile – ont l’obligation de mettre en place des dispositifs de protection centrés sur les risques qu’encourent les enfants non accompagnés », demande Mme Poirier dans ce rapport.

Des enfants portant un bracelet d'identificaton dans un camp pour migrants à l'ancien aéroport d'Athènes le 13 juin 2016. © AFP

© AFP LOUISA GOULIAMAKI
Des enfants portant un bracelet d’identificaton dans un camp pour migrants à l’ancien aéroport d’Athènes le 13 juin 2016

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