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Migrants: face à l'"embolie", de nouvelles places d'hébergement vont être créées

Paris (AFP) – Alors que la crise migratoire multiplie les campements de migrants à Paris et pèse toujours sur Calais, l’Etat va créer plusieurs milliers de nouvelles places d’hébergement, un an après un premier « plan migrants » qui n’a pas jugulé les risques d' »embolie ».

L’Etat compte créer 3.000 places d’hébergement supplémentaires dans les CAO (centres d’accueil et d’orientation), structures inventées l’an dernier pour les migrants de Calais et de Grande-Synthe, afin de leur proposer un cadre leur permettant de réfléchir à une demande d’asile, selon une instruction aux préfets que l’AFP a pu consulter jeudi.

L’objectif est d' »atteindre un parc total de 5.000 places de CAO réparties sur tout le territoire », et ce « dans les délais les plus rapides, et au plus tard fin septembre », souligne cette instruction du 29 juin signée par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et sa collègue du Logement Emmanuelle Cosse.

« Il semble indispensable que chaque préfet de région s’engage à créer 400 places », ajoute le document.

Mais ces 3.000 places ne sont qu’une partie de l’effort consenti, puisque le texte évoque par ailleurs « la création de 5.000 places » supplémentaires au titre de l’ATSA (Accueil temporaire-Service de l’asile, qui relève de l’hébergement d’urgence), dont les modalités « seront précisées ultérieurement ».

En juin 2015, le gouvernement avait déjà annoncé la création de plus de 10.000 places d’hébergement supplémentaires pour les migrants, dans le cadre d’un « plan migrants » dosant accueil des réfugiés et fermeté face à l’immigration irrégulière.

Mais depuis, la crise migratoire a continué de peser sur les places de Calais, Dunkerque et Paris, qui connaissent « des effets d’embolie majeure » selon le texte. A Calais ainsi, malgré le démantèlement de la partie sud de la « Jungle », la population a augmenté à l’approche de l’été et s’établissait à 4.400 personnes fin juin.

Et Paris connaît depuis un an une multiplication des campements de migrants, qui se reconstituent dans le nord de la capitale en dépit des mises à l’abri réalisées par les pouvoirs publics. La dernière opération en date remonte à mercredi avec plus de 1.100 personnes évacuées.

– « Dispositif structuré »-

Une partie des personnes présentes sur les campements parisiens ont ainsi été orientées vers des CAO, qui ont accueilli « plus de 4.000 migrants » arrivés de Calais et Dunkerque au total. Mais ces places étaient créées au fil de l’eau, dans des structures disparates, et avec un accompagnement variant selon les centres. 

Le but est désormais de « substituer aux structures créées dans l’urgence un dispositif davantage structuré », notent les deux ministres.

Dans la même logique, le document précise aussi qu' »un cahier des charges sur le fonctionnement des CAO » parviendra « très prochainement » aux préfets destinataires.

Et « un système d’orientation nationale doit également être mis en place », ajoute le texte, eu égard notamment « à la pression migratoire que connaît l’Ile-de-France », où les capacités d’hébergement arrivent à saturation après que 12.000 offres d’hébergement ont été proposées par la préfecture en un an.

Face à cette situation, la maire de Paris Anne Hidalgo a décidé de créer de son côté un centre humanitaire d’accueil pour les migrants, qui devrait ouvrir en septembre, et dont la localisation reste soigneusement tue jusqu’à présent.

L’un des modèles revendiqués par Anne Hidalgo est celui de Grande-Synthe (Nord), où le maire écologiste a créé un camp humanitaire, que l’Etat s’est finalement résolu à prendre en charge le mois dernier.

Selon la circulaire, les préfets pourront, « si nécessaire, réquisitionner de bâtiments ou faire installer des structures modulaires sur des terrains disponibles ».

Ces nouvelles places répondent à un double impératif de « rationalisation de l’accueil » et de « maîtrise des coûts », avec un coût de référence évoqué de « 25 euros par personne avec trois repas par jour ». Le séjour doit y être « le plus bref possible » avec une durée moyenne visée « de trois mois ».

Des gendarmes mènent l'évacuation d'un campement de migrants à la halle Pajol, le 29 juin 2016 à Paris. © AFP

© AFP/Archives MATTHIEU ALEXANDRE
Des gendarmes mènent l’évacuation d’un campement de migrants à la halle Pajol, le 29 juin 2016 à Paris

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