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Militant éborgné lors d'une manifestation: un CRS mis en examen

Paris (AFP) – Un CRS de 48 ans a été mis en examen, soupçonné d’être l’auteur du « tir illégitime » d’une grenade de désencerclement qui a occasionné la perte d’un œil à un homme le 15 septembre lors d’une manifestation à Paris contre la loi travail, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Ce brigadier-chef a été mis en examen le 4 janvier pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente », en l’occurrence « la perte de l’usage d’un œil » au militant syndical Laurent Theron, selon la source judiciaire, qui confirmait une information de Libération. 

Le policier a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de porter une arme et interdiction d’exercer sur la voie publique, a précisé la source.

Le juge d’instruction a suivi les réquisitions du parquet de Paris en retenant la mise en examen du policier pour une qualification criminelle qui, si elle était conservée à la fin de l’enquête, peut valoir au CRS un renvoi en procès devant une cour d’assises. 

Le magistrat a estimé que le policier avait blessé le militant par « un tir illégitime de grenade de désencerclement », selon la source judiciaire.

Les investigations menées à ce stade permettent d’établir que le policier « n’avait pas d’habilitation pour utiliser ce type de matériel » et a fait usage de cette arme « hors du cadre légal », a expliqué une source proche de l’enquête. 

« C’est tout à fait conforme à la réalité de ce qu’il s’est passé ce jour-là », a réagi l’avocat du militant, Me Julien Pignon, en dénonçant « l’absence totale de contrôle » de la hiérarchie du CRS et « une conjonction de fautes ».

Selon lui, Laurent Theron, 46 ans, secrétaire médical à l’hôpital Albert-Chenevier de Créteil et militant du syndicat Solidaires, a été blessé par l' »explosion d’une grenade » lancée « en cloche » par le CRS, « contrairement aux consignes d’utilisation qui préconisent un lancer au sol ».

L’avocat met en cause également les « conditions légales de nécessité et de proportionnalité » qui n’étaient selon lui « pas réunies pour rendre l’usage de cette arme indispensable », alors que « les policiers n’étaient pas en face d’une foule hostile ».

La préfecture de police avait fait état de huit blessés parmi les policiers et gendarmes et de quatre parmi les manifestants lors de cette manifestation place de la République.

Au lendemain de ces incidents, le parquet de Paris avait saisi l’IGPN (Inspection générale de la police nationale, la « police des polices ») dans le cadre d’une enquête préliminaire avant de confier une information judiciaire fin novembre à un juge d’instruction. 

La grenade dissuasive dite de désencerclement (GMD) est également dans le viseur dans le cadre d’une enquête contre X conduite par un juge d’instruction, pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ». Le 26 mai, Romain Dussaux avait été grièvement blessé à la tête lors d’une manifestation contre la loi travail, dans le XXe arrondissement à Paris.

« Nous voudrions que l’usage de cette grenade soit suspendu le temps de faire des investigations plus poussées sur leur dangerosité », a plaidé l’avocat Julien Pignon.

En 2016, la loi travail, dernière réforme sociale du quinquennat Hollande, a fait l’objet d’une vive contestation dans la rue, avec de nombreuses manifestations parfois marquées par des violences entre militants et policiers. 

Des CRS dispersent des manifestants contre la loi Travail, le 15 septembre 2016, à Paris.. © AFP

© AFP/Archives Thomas SAMSON
Des CRS dispersent des manifestants contre la loi Travail, le 15 septembre 2016, à Paris.

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