AFPINTERNATIONAL

Mort de Fiona: de la drogue, "partout", avant le drame

Riom (France) (AFP) – « Si on n’avait pas consommé tout ça, on n’en serait pas là. » L’ex-compagnon de la mère de Fiona, fillette de cinq ans qu’ils sont accusés d’avoir tuée, a décrit un quotidien sous l’emprise de la drogue au premier jour de leur procès, lundi, devant les assises du Puy-de-Dôme.

Trois ans et demi après le drame, qui avait conduit le couple à mentir avant de passer aux aveux, le mystère plane toujours sur les dernières heures de l’enfant dont le corps n’a jamais été retrouvé.

« Je veux savoir où est ma fille », a glissé son père, Nicolas Chafoulais, la voix tremblante, à son arrivée au palais de justice de Riom où Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, 29 et 35 ans, comparaîtront pendant deux semaines.

Mais les premiers débats, consacrés à la personnalité de ce dernier, ont confirmé que la vérité serait sans doute difficile à trouver, les deux accusés se rejetant la responsabilité des faits.

« Comment ça se passait avec Fiona et Eva (sa petite sœur)? » demande le président de la cour, Dominique Brault. « Pour moi, les enfants c’est sacré! Ça s’est toujours bien passé, j’ai jamais levé la main sur les enfants. J’ai des limites. J’ai beau être impulsif, parfois violent, je ne m’en suis jamais pris aux enfants », assure Makhlouf, provoquant la clameur indignée de la salle.

Le matin même, il avait pourtant admis avoir porté des coups à Fiona, réfutant seulement les coups mortels.

Dans le box, les deux accusés n’échangent pas le moindre regard. Elle, vêtue de noir, dissimule son visage derrière une épaisse frange et un carré blond délavé. Lui a le visage glabre et émacié, loin de l’image négligée qu’il avait donnée aux premiers jours de l’affaire.

Il cherche un peu ses mots au début, expliquant qu’il a « du mal » à s’exprimer » depuis qu’il est « à l’isolement » en prison. « Je ne vois personne. Ce n’est pas facile pour moi », dit-il d’une voix lente et cotonneuse, marquée par la prise « d’antidépresseurs et d’anxiolytiques ».

– « La drogue était partout » –

Puis cet homme de 35 ans raconte sa vie, marquée par la violence, l’absence du père, la drogue, l’échec scolaire et le traumatisme de la rue.

Vers 20 ans, il se lance « dans le business » en vendant « du shit ». « Pour sortir de cette vie-là, j’ai pas fait grand-chose, j’étais toxicomane. » Avec Cécile, ils ont tout essayé: héroïne, champignons hallucinogènes, cocaïne, crack. Mais « on sniffait » juste, jamais d’injection, souligne-t-il.

Les photos de Fiona et d’Éva devant des plants de cannabis? « Je sais, c’était imbécile (…) Peut-être, si on n’avait pas consommé tout ça, on n’en serait pas là », lâche-t-il, une nouvelle fois sans émotion.

A la maison, « la drogue était partout, sur la table de la cuisine, dans la chambre. Les enfants voyaient faire. On était négligents », reconnaît Berkane Makhlouf, vêtu d’une chemise sous un pull gris.

En début d’audience, lui et Cécile Bourgeon avaient écouté sans sourciller le président de la cour exposer le déroulé macabre des faits – tel que l’enquête a pu l’éclairer en tout cas. Sans un regard pour la salle, remplie par le public et une cinquantaine de journalistes.

Assis au premier rang, le père de Fiona ne cesse, lui, de chercher celui de la mère. Les yeux rougis, il peine parfois à retenir ses larmes.

Sa question est centrale: qu’est-il arrivé à sa fille, dont le portrait avait été placardé dans tout Clermont-Ferrand? Où repose son corps, qui aurait été enterré à la lisière d’une forêt mais qui n’a jamais été retrouvé malgré plusieurs campagnes de fouilles?

Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, accusés de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineure de moins de 15 ans, par ascendant ou par personne ayant autorité et en réunion, de non-assistance à personne en danger et de recel ou dissimulation de cadavre, encourent 30 ans de réclusion criminelle.

Le verdict est attendu le 25 novembre.

Croquis d'audience fait le 14 novembre 2016 montrant Cécile Bourgeon (g) et son ancien compagnon Berkane Makhlouf (d) devant la cour d'assises de Riom (centre). © AFP

© AFP PHILIPPE DESMAZES
Croquis d’audience fait le 14 novembre 2016 montrant Cécile Bourgeon (g) et son ancien compagnon Berkane Makhlouf (d) devant la cour d’assises de Riom (centre)

Article précedent

ND-des-Landes: les juges valident les arrêtés autorisant les travaux de l'aéroport

Article suivant

Trump ouvre le bal des nominations dans une Amérique divisée

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Mort de Fiona: de la drogue, "partout", avant le drame