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Mort de l'écrivain Michel Déon, le dernier des « Hussards »

Paris (AFP) – L’écrivain et académicien Michel Déon, le dernier représentant des « Hussards », courant littéraire des années 50-60, est décédé mercredi à l’âge de 97 ans, laissant derrière lui une œuvre empreinte d’une nostalgie désinvolte.

« Michel Déon nous a quittés. C’est une grande perte pour l’Académie. Il en était la mémoire et la conscience », a déclaré, bouleversée, la secrétaire perpétuelle de l’Académie française Hélène Carrère d’Encausse.

Il « a eu une très longue vie académique depuis son élection en 1978 au fauteuil de Jean Rostand », a-t-elle rappelé. Homme de droite, il était le plus ancien élu de l’Académie après Jean d’Ormesson (élu en 1973).

Vivant depuis plus d’une trentaine d’années en Irlande, l’écrivain est décédé mercredi d’une embolie pulmonaire dans ce pays qu’il aimait tant.

Michel Déon est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, surtout des romans, dont « Les Poneys sauvages » et « Le Taxi mauve », adapté au cinéma avec Philippe Noiret et Charlotte Rampling. Des romans écrits d’un style léger et pétillant. 

L’ancien président du FN Jean-Marie Le Pen a été une des premières personnalités politiques à réagir à son décès. « Affectueuses pensées pour la dernière charge du Hussard Michel Déon », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Homme de gauche, le mécène Pierre Bergé a lui salué un « très bon écrivain ». « En politique nous étions plutôt opposés mais je le respectais car il savait lire », a-t-il ajouté.

Ancien secrétaire de rédaction à L’Action française de Charles Maurras, le nom de Michel Déon était rattaché aux « Hussards », courant littéraire anti-gaulliste et opposé à Sartre, dont le chef de file était Roger Nimier. Les grandes figures en furent Antoine Blondin ou Jacques Laurent. 

« Ils ont apporté la jeunesse (…). Ils ont apporté un souffle d’imagination et de fantaisie à l’Académie », a souligné Mme Carrère d’Encausse.

– Grand voyageur –

Michel Déon a reçu de nombreux prix comme l’Interallié pour « Les Poneys sauvages » (1970), le grand prix du roman de l’Académie française pour « Un Taxi mauve » (1973), le grand prix européen de littérature pour albums d’enfants pour « Thomas et l’infini » (1976), le prix des Maisons de la presse pour « Je vous écris d’Italie » (1984) ou le prix Giono pour l’ensemble de son œuvre (1996).

Né le 4 août 1919 à Paris sous le nom d’Edouard Michel, dans une famille de militaires et de fonctionnaires, il est élève à Paris, Monaco et Nice avant de revenir en 1937 dans la capitale suivre des cours de droit.

Mobilisé jusqu’en novembre 1942, il reste en zone sud, travaille aux côtés de Charles Maurras à l’Action française. Il regagne Paris fin 1944 et travaille dans divers journaux.

Il quitte ensuite Paris pour être correspondant de presse en Suisse et en Italie, part un an aux Etats-Unis, avant de revenir en France en 1951. Il se consacre de nouveau au journalisme et connaît un premier succès de romancier avec « Je ne veux jamais l’oublier ».

En 1956, il devient conseiller littéraire aux éditions Plon, mais ce grand voyageur repart dès 1958 pour le Portugal, puis le Tessin et enfin la Grèce, à Spetsaï, qui lui inspirera « Le balcon de Spetsaï » (1961).  Toute sa vie sera ensuite rythmée par ces voyages incessants, entre l’Irlande, la Grèce et Paris. Il s’installera plus tard durablement en Irlande.

Ce père de deux enfants était aussi l’auteur de romans comme « Les Trompeuses Espérances », « Le Rendez-vous de Patmos », « Le jeune homme vert ».

Michel Déon le 25 octobre 2007 à Paris. © AFP

© AFP/Archives VINCENT NGUYEN
Michel Déon le 25 octobre 2007 à Paris

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