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Mort de Paul Vergès, grande figure politique de La Réunion

Saint-Denis de la Réunion (AFP) – Paul Vergès, grande figure de l’île de la Réunion, est mort samedi à l’âge de 91 ans après plus de 60 ans d’une vie politique marquée par la fondation du Parti communiste réunionnais et la défense constante de l’identité de l’île.

Celui qui était doyen du Sénat – Serge Dassault (LR) l’est désormais – est mort dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé sa famille dans un communiqué. Le « décès de Paul Vergès (est) survenu cette nuit au CHU de Bellepierre (à Saint-Denis) où il était hospitalisé » depuis le 25 octobre, a précisé son fils Pierre Vergès.

« Visionnaire, il inscrivait ses préconisations pour la Réunion, pour les Outre-mer et pour la France dans une analyse éclairée des évolutions démographiques, économiques et sociales du monde actuel », a réagi François Hollande.

« Une grande figure de La Réunion s’éteint. Sa voix manquera dans le débat politique », a regretté Manuel Valls sur Twitter.

Frère du célèbre avocat Jacques Vergès, décédé en 2013 et fils de Raymond Vergès qui a œuvré à la départementalisation de La Réunion et des Antilles-Guyane en 1946, Paul Vergès a profondément marqué la vie politique de La Réunion. Sa mère d’origine vietnamienne était morte en 1928.

Dans le sillage de son père, proche du Parti communiste français, Paul Vergès s’était engagé très vite en politique. Il a 17 ans lorsque aux côtés de son frère Jacques il s’engage dans les Forces Françaises Libres.

Dans les années 50, l’île souffre d’une grande misère sociale et d’un retard de développement économique que la récente départementalisation n’est pas parvenue à soulager. Il entame une carrière politique qu’il n’a jamais quittée depuis. Conseiller général en 1955, il est élu une première fois député en 1956.

Le tournant de son action politique se situe en 1959, lorsque « pour mieux ancrer la revendication identitaire réunionnaise », il quitte le PCF, fonde le Parti communiste réunionnais (PCR) et lance le mot d’ordre d’autonomie, puisque « la départementalisation est un rêve raté ». Il est condamné à plusieurs reprises pour des délits de presse et atteintes à la sûreté de l’Etat, notamment durant la Guerre d’Algérie.

En 1981, à l’arrivée de François Mitterrand à la présidence de la République, le PCR met « en sommeil » son mot d’ordre d’autonomie pour tenter « l’expérience » de la décentralisation.

– ‘Part d’ombres et de lumières’ –

En plus d’un demi-siècle de vie publique, il a été conseiller général, député (1956, 1986, 1993), sénateur (1996-2005, 2011-2016), parlementaire européen (1979-1989, 2004-2007), maire (1971-1989), président de région (1998-2010).

M. Vergès a souvent été qualifié d’homme politique « visionnaire » y compris par ses adversaires politiques – il a été l’une des premières personnalités à mettre en garde contre le réchauffement climatique.

« Je salue avec beaucoup d’émotion la mémoire de Paul Vergès. Son combat pour l’égalité a changé le quotidien de tous les Réunionnais », a tweeté la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, elle-même Réunionnaise.

Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a rendu hommage dans un communiqué à cette « figure du combat anti-colonial pour l’émancipation humaine ». Quand il parlait de son île à Paris, il avait les yeux qui s’illuminaient », ajoute le sénateur de Paris.

« Sa longue vie de combat a traversé la part d’ombres et de lumières que les temps qu’il a vécus ont projetée sur tous. Mais chez lui, la lumière l’emporta toujours », a écrit Jean-Luc Mélenchon, candidat de « La France insoumise » à l’élection présidentielle.

A droite, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont eux aussi réagi. « Nos divergences politiques étaient connues. Je veux toutefois dire mon respect pour le parcours de Paul Vergès, infatigable militant de l’idée qu’il se faisait de la liberté et de l’émancipation réunionnaises », a écrit l’ancien président.

« Je sais ce qu’a été son dévouement à La Réunion, sa passion pour affirmer la place de la France dans l’océan Indien et son combat pour le développement », a renchéri le maire de Bordeaux.

Le sénateur communiste de la Réunion Paul Vergès dépose son bulletin de vote dans l'urne, le 13 juin 2004 à La Possession. © AFP

© AFP RICHARD BOUHET
Le sénateur communiste de la Réunion Paul Vergès dépose son bulletin de vote dans l’urne, le 13 juin 2004 à La Possession

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