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Nancy Wane : « Il faut que tout le monde arrête de fantasmer sur les marges »

©CP/Radio1

J-2 avant l’application de la contribution pour la solidarité de 1% : Nancy Wane, porte-parole du Groupe Wan, était L’Invitée de la rédaction de Radio1 ce mardi. Si elle regrette un certain manque de concertation entre gouvernement et entreprises, et pense que d’autres pistes auraient pu être explorées, elle estime que le groupe lui aussi fait face à des difficultés qui lui imposent la prudence dans une crise qui va durer. Elle estime à 9% l’inflation à laquelle il faut s’attendre  pour l’année 2022.

À deux jours de l’entrée en vigueur de la contribution pour la solidarité qui va rajouter 1% à toutes les transactions, Nancy Wane l’avoue : d’un point de vue informatique, les caisses des magasins contrôlés par le groupe familial ne sont pas encore en mesure d’imprimer des tickets qui font apparaître ce surcoût. Le 1% supplémentaire sera donc compris dans le prix affiché en magasin, mais inclus dans le ticket de caisse sans mention spécifique, en attendant que la modification des logiciels soit prête.

Quant à prendre en charge une partie voire la totalité de ce surcoût, comme vient de l’annoncer Viti par exemple, la porte-parole du groupe Wan ne répond pas directement. Sa priorité, dit-elle, est de préserver l’emploi et rappelle que le groupe « a subi des charges très lourdes au niveau de la gestion de la crise sanitaire et ma priorité c’est de continuer à préserver les 2 000 emplois que nous avons et de pouvoir continuer à payer les salaires à la fin du mois. » Nancy Wane a eu à cœur de souligner l’impact que la crise mondiale a eu et a encore au niveau en termes de désorganisation industrielle et logistique mondiale : « forcément, à un moment donné, cela a un coût », qui se traduit par une inflation des prix.

« Je n’arrive pas à comprendre la logique économique » du gouvernement, dit Nancy Wane

Le prochain volet de la réforme fiscale comprend une exonération de TVA d’une grande partie des PGC (produits de grande consommation) et donc une exonération, aussi, de « TVA sociale ». Une éventualité qui interroge Nancy Wane : « En fait, on retire à un endroit pour ajouter ailleurs… Je n’arrive pas à comprendre la logique mathématique et économique derrière. »

Autre projet de loi du Pays, la modification du code du commerce examinée par le Cesec ce matin, qui prévoit entre autres des obligations de transparence sur la structuration des prix et la possibilité pour un secteur de passer des accords de modération des prix. « Je pense qu’il faut que tout le monde arrête de fantasmer sur les marges qu’appliquent les commerçants, dit Nancy Wane . On est nous aussi énormément taxé à l’importation. (…) Je pense qu’il y a des choses beaucoup plus efficaces qui peuvent être mises en place, maintenant ça nécessite qu’il y ait un travail collectif. »

« C’est le client qui décide au final »

Pourrait-on voir certains produits disparaître des rayonnages ? « C’est le client qui décide au final. C’est quand il arrête d’acheter qu’on arrête d’importer ou qu’on arrête de produire. Elle prend l’exemple du punu pu’atoro : boites de conserves importées, viande importée, peu de pouvoir de négociation par rapport aux gros acheteurs vont renchérir le produit, dont les consommateurs pourraient alors se détourner : « donc oui, à un moment, je pense qu’il y a certains produits qui vont disparaître, parce que le consommateur l’aura décidé. » Et peut-être aussi parce que les producteurs, dont le groupe Wan fait partie, décideront qu’il n’est plus rentable dans ces conditions de fabriquer un produit aux marges encadrées.

Et si le groupe Wan est le plus gros acteur local de la distribution alimentaire, et cherche à anticiper ses achats pour éviter des hausses de prix lorsqu’il le peut, dit Nancy Wane, « mais aller négocier avec notre petit niveau d’achats de la Polynésie, quand on est dans une pénurie mondiale, ça devient un peu plus compliqué quand même. »

Une inflation à 9% sur l’année 2022 ?

L’inflation, avec son impact sur le salaire minimum, devient une prophétie auto-réalisatrice. Et le Groupe Wan estime l’inflation sur l’année à 9%. Même dans l’hypothèse d’une paix rapide en Ukraine, le retour à la normale prendra du temps et il ne faut pas l’attendre avant 2024 ou 2025.

Les conteneurs, notamment, sont deux à cinq fois plus chers qu’avant la crise.

Pour l’instant, le Groupe Wane ne semble pas trop accuser le coup de la crise. 2020 avait été une excellente année pour ses magasins, parce que durant de longues périodes de confinement seules les grande surfaces étaient ouvertes, et parce que les consommateurs ont fait des stocks. Mais, précise Nancy Wane, en 2021 le chiffre d’affaires à baissé de 3% « avec un recentrage vers des produits de première nécessité. En 2022 la fréquentation se maintient, mais avec un panier moyen qui se réduit et donc un ralentissement de la performance commerciale. Les gens font beaucoup plus attention, ils consomment de manière beaucoup plus réfléchie. »

Nancy Wane estime que d’autres solutions que la contribution pour la solidarité auraient pu être recherchées. Parmi les pistes, elle évoque la possibilité de réserver les prix PPN aux consommateurs les plus modestes. Elle regrette aussi que la concertation avec les autorités que le secteur avait pu connaître au début de la crise sanitaire ne se soit pas prolongée pour la sortie de crise. Elle prône « une approche beaucoup plus modérée avec des étapes. »

 

 

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