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Nice: l'état d'urgence va passer au Sénat dans un climat politique toujours à vif

Paris (AFP) – Près d’une semaine après l’attentat de Nice, le Sénat doit voter à son tour mercredi une prolongation de l’état d’urgence, dans un climat droite-gauche toujours à vif, que le président Hollande devrait encore tenter d’apaiser lors d’une rencontre avec de jeunes réservistes.

Après l’Assemblée nationale, où le débat se prolongeait tard dans la nuit de mardi à mercredi dans un hémicycle plus garni que d’ordinaire, le Sénat doit débattre à 17 heures de la quatrième prolongation jusqu’à fin janvier de ce régime d’exception, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre.

Une prolongation de trois mois avait été décidée par François Hollande quelques heures après l’attaque au camion, revendiquée par l’organisation Etat islamique, ayant tué 84 personnes, dont dix enfants et adolescents, et fait 300 blessées le 14 juillet à Nice sur la Promenade des Anglais. 

La chambre haute, à majorité de droite, devrait chercher à muscler le texte voté par les députés, qui prévoit désormais une prolongation de six mois de l’état d’urgence, ce que réclamait une partie de l’opposition et ce à quoi le président de la République s’était dit ouvert. 

Le projet de loi qui sera issu de l’Assemblée rétablit aussi les perquisitions administratives, et prévoit la saisie et l’exploitation des données informatiques et des téléphones portables, mais Les Républicains (LR) veulent plus.

Le texte ayant peu de chances d’être adopté dans les mêmes termes au Sénat, une Commission mixte paritaire députés-sénateurs devra se réunir, peut-être dès mercredi soir. En cas d’échec, le projet de loi pourrait n’être adopté définitivement que vendredi.

Depuis l’attentat de Nice, troisième attaque meurtrière massive en 18 mois, le pays est marqué par l’émotion mais aussi la tension, avec un raidissement de la classe politique à l’approche d’échéances électorales internes à la droite puis nationales.

Alors que des élus LR mais aussi d’extrême droite ont encore fait le procès d’un exécutif n’ayant pas fait à leurs yeux tout le nécessaire pour protéger les Français de « la barbarie », Manuel Valls, hué lundi à Nice, a affirmé mardi soir devant les députés qu’il fallait « plus que jamais faire bloc » et éviter les « divisions » car « les populismes rôdent ».

« Que cherche le terrorisme ? Il cherche à nous diviser, à nous séparer, à nous opposer, à susciter la haine, la suspicion, la querelle, la vindicte », avait dit plus tôt François Hollande, en déplacement à Lisbonne. Le chef de l’Etat a appelé les Français à « vivre » et ne pas « mettre un genou à terre », le jour où la Promenade des Anglais a totalement rouvert à la circulation, après trois jours de deuil national.

Mais à neuf mois de la présidentielle, plusieurs élus de tous bords se sont dits inquiets du climat dans le pays, certains évoquant des « risques d’explosion sociale » voire de « guerre civile » dans une « France à bout de nerfs » et qui « a peur ».

– Marathon nocturne à l’Assemblée –

Après une fin de commission partie en vrille entre LR et PS, la discussion marathon nocturne dans l’hémicycle a été tendue. Elle a frôlé l’incident autour de propos de Laurent Wauquiez dénoncés par Manuel Valls comme une « stratégie » s’écartant de « la droite républicaine ». 

« Ceux qui promettent qu’on peut tout régler d’un coup de baguette magique mentent aux Français », avait lancé en milieu de soirée le Premier ministre, allusion aux déclarations de certains candidats à la primaire de droite.

M. Hollande pourrait répondre à l’opposition lors d’un déplacement mercredi matin en Dordogne pour rencontrer de jeunes réservistes de la gendarmerie. Il prononcera un discours à 11H30 sur la réserve opérationnelle, mais qui devrait avoir aussi une portée « plus large », selon l’Elysée.

Avec le dispositif soumis au Parlement, « ça va rebouger » et « des instructions du ministère (de l’Intérieur) viennent de tomber », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire d’Ile-de-France. « On est reparti pour un long travail », a-t-elle ajouté, en évoquant « certaines choses dont il faut se méfier, des cellules dormantes, des lieux de radicalisation clandestins ».

Côté enquête, la totalité des 84 victimes tuées dans l’attentat ont été formellement identifiées. Près de la moitié sont de nationalité étrangère et une « trentaine » étaient de confession musulmane, selon des estimations des imams niçois. Olfa, Killian, Rachel… Les obsèques des victimes à travers la France devraient se poursuivre mercredi et toute la semaine.

Cinq personnes étaient toujours en garde à vue mardi soir, un homme de 35 ans ayant été relâché. 

Aucun n’était connu des services de renseignement, comme le tueur au camion, Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Son allégeance au groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué l’attentat, n’est pas démontrée à ce stade.

Manuel Valls a mis en garde mardi contre le risque d’attaques coordonnées, « mais aussi d’attaques menées par des individus autonomes, qui accèdent aux outils idéologiques de Daech », une « troisième génération » de jihadistes qui rend l’action du renseignement et des forces de sécurité « particulièrement difficile ».

Manuel Valls ouvre le débat à l'Assemblée nationale sur une quatrième prolongation de l'état d'urgence post-attentats, le 19 juillet 2016 à Paris. © AFP

© AFP FRANCOIS GUILLOT
Manuel Valls ouvre le débat à l’Assemblée nationale sur une quatrième prolongation de l’état d’urgence post-attentats, le 19 juillet 2016 à Paris

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