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« Niveau comptabilité, je suis nul » : trois ans de prison pour avoir organisé son insolvabilité

©CP/Radio1

L’ancien patron de White Star Pacific, spécialisé dans le rachat d’or, comparaissait pour abus de confiance en récidive, et pour avoir organisé son insolvabilité afin d’échapper à une ancienne condamnation. Il a été relaxé du premier chef d’accusation, mais condamné à 3 ans de prison sur le second. Un autre dossier le concernant, dans lequel il est accusé de recel de vols de bijoux, est toujours à l’instruction.

C’est un casier bien rempli qui a été déroulé en préambule : depuis 2004, Gérard Israel, 67 ans, « né dans le milieu mafieux parisien » de l’aveu même de son avocat, a été condamné à plusieurs reprises, à Papeete et à Paris, pour abus de confiance, escroquerie ou encore association de malfaiteurs. Il est encore en attente de la fin de l’instruction d’une autre affaire liée à son activité de rachat d’or, dans laquelle il est accusé de recel de vol de bijoux.

Les faits qui occupaient le tribunal ce mardi concernaient d’une part un abus de confiance en 2016 sur une femme à qui Gérard Israel a vendu un faux diamant et soutiré plus de 10 millions de Fcfp, et d’autre part l’organisation de son insolvabilité pour échapper aux saisies, suite à l’une de ses condamnations en France pour avoir escroqué Airbus. Il devait 143 millions de Fcfp à l’avionneur pour une arnaque au recyclage de métaux, qu’il n’avait jamais payés mais tout de même revendus… (« Une erreur de numéro de registre du commerce », assure-t-il). Ce n’est qu’à l’occasion de l’affaire du rachat d’or qu’Airbus retrouve sa trace à Tahiti, explique Me Jourdainne qui représente le constructeur aéronautique.

« Comme j’ai pas fait d’études, je suis nul. Je sais acheter, je sais vendre, mais au niveau comptabilité je suis nul », dit Gérard Israel au juge à qui il explique sa vie : « 33 ans de cocaïne à 3, 4 grammes par jour. J’ai passé un an à Sainte-Anne (hôpital psychiatrique à Paris, ndlr), mais je m’en suis sorti ». Il se lance dans la vente de meubles et le rachat d’or à Tahiti, et le naturel revient au galop.

Faux diamant et prêt « au black »

Lorsqu’on lui présente Madame D., amatrice de bijoux, les premières opérations se déroulent à la satisfaction des deux parties, même si elle voit bien que Gérard Israel entrepose ses pierres dans le climatiseur de son bureau et qu’elles n’ont pas de certificat d’authenticité. Elle lui avance quand même plus de 10 millions de Francs soi-disant pour son affaire de meubles, et lui achète un « diamant » qui est en réalité en moissanite. Gérard Israel assure qu’il l’ignorait. Elle porte plainte, et les enquêteurs découvrent une comptabilité inexistante, mais un train de vie confortable. Gérard et sa femme vivent à l’hôtel, partent en vacances à six reprises aux États-Unis avec leurs enfants, et roulent en voiture de location : « Je ne pouvais pas acheter de voiture, elle se serait fait saisir parce que j’avais des dettes. » « Donc vous reconnaissez l’infraction ? » « Si vous le dites. » Le tout payé par ce qu’il faut bien appeler un complice, absent de la procédure : « On avait un accord, c’est lui qui m’avançait et je lui donnais un peu d’espèces. Je lui donnais aussi des bijoux, bien souvent ».

Son avocat, Me Dubois, maintient que son client n’a pas sciemment organisé son insolvabilité, que certaines accusations « ne tiennent pas la route » et que le parquet essaye de « charger la mule », même si certains faits ne sont pas contestés. Il plaide les difficultés d’un homme qui a une femme et deux enfants à charge : « C’est sûr qu’il n’a pas le profil de quelqu’un qu’on va employer, il fait ce qu’il peut, et il est malade ».

«C’est un escroc, c’est tout ce qu’on peut dire », déclare le procureur dont les réquisitions n’ont pas duré plus de trois minutes : il demande trois ans d’emprisonnement. C’est la condamnation que le tribunal a prononcée, pour l’organisation d’insolvabilité, mais Gérard Israel a été relaxé de l’accusation d’abus de confiance et n’a pas à rembourser Airbus. Il a également écopé d’un mandat de dépôt différé, et sera incarcéré le 3 février prochain.

 

 

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