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Non, les atolls des Tuamotu ne coulent pas

Depuis les années 1960, 92% des 111 îles et atolls des Tuamotu étudiés par des chercheurs ont soit conservé leur taille, soit se sont agrandis. Le corail produit les matériaux, les vagues transportent les sédiments, rechargent les îles, et compensent la montée des eaux. Mais les activités humaines empêchent parfois ce phénomène naturel.

Le discours politique est redoutable. Depuis des années, les chefs d’État du Pacifique répètent que leurs îles sont menacées de disparation à cause de la montée des eaux. « Existerons-nous encore dans vingt ans ? » demandait ainsi Tony de Brum, ancien ministre des affaires étrangères des îles Marshall. « Les experts disent que même une hausse des températures de 2°C est trop dangereuse, parce que cela signifierait la disparition des Tuvalu », a déclaré, de son côté, le Premier ministre des Tuvalu, Enele Sopoaga. On peut aussi citer Anote Tong, ancien président des Kiribati : « Le temps est compté pour (nos) îles. » Il a même fait acheter un petit terrain aux Fidji en guise de refuge potentiel pour son peuple.

Le dérèglement climatique menace effectivement les îles et atolls de la région, mais pas comme on le présente souvent. Un nouvel article scientifique vient confirmer des études précédentes montrant que la grande majorité des îles ne coulent pas. La chercheuse Virginie Duvat, de l’université de La Rochelle, s’est intéressée aux atolls des Tuamotu. Au cours des dernières années, la géographe apporte « la preuve irréfutable », comme elle le précise dans la publication Global and Planetary Change, que 77% des 111 atolls étudiés sont restés stables, 15% se sont étendus, et 8% ont rétréci. Interrogée par Sciences et avenir, la chercheuse française ajoute que cela correspond aux autres études réalisées dans la région. « Les résultats obtenus pour le Pacifique sont unanimes : les îles coralliennes n’ont connu au cours des cinquante à cent dernières années aucune contraction qui pourrait annoncer leur prochaine disparition », affirme Virginie Duvat. Les scientifiques s’appuient notamment sur des photos prises dans le passé et les comparent avec des images satellite d’aujourd’hui.

L’homme perturbe le phénomène naturel

Si les atolls résistent aussi bien, c’est parce que ce sont des sites d’accrétion. Cela avait d’ailleurs été expliqué en 2015, à Tahiti, au cours d’un colloque sur la « vulnérabilité des îles basses polynésiennes et du Pacifique face aux effets du changement climatique ». Le corail produit les matériaux, les vagues transportent les sédiments, rechargent les îles, et compensent la montée des eaux. Les atolls ont donc les capacités de résister, à condition que l’homme ne vienne pas perturber ce phénomène naturel. Les constructions de maisons en béton, de routes et de digues, empêchent le système naturel de respirer et accélèrent l’érosion. D’après les chercheurs, « 57% des îles étudiées pâtissent des activités humaines ». Certaines d’entre elles, les plus peuplées et développées, ont même « perdu la capacité de répondre aux pressions liées au climat océanique, (…) ce qui est préoccupant en ces temps de changement climatique ».

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1 Commentaire

  1. 8 novembre 2017 à 13h43 — Répondre

    Cela confirme les études de mes amis chercheurs océanographes de l’IRD (ex-ORSTOM). Je vous conseille le livre « LES ATOLLS DES TUAMOTU », en particulier page 242 à 246 « Vers une prochaine immersion ? ». Chez Amazon : https://www.amazon.fr/atolls-Tuamotu-Jacques-Bonvallot/dp/2709911752/ref=sr_1_7?s=books&ie=UTF8&qid=1510184351&sr=1-7&keywords=les+atolls+des+tuamotu

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