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"Nous nous sentons si proches de lui": les Thaïlandais au chevet de leur roi

Bangkok (AFP) – Son portrait a toujours été accroché aux murs du salon, l’école thaïlandaise leur a enseigné les détails de sa vie, l’évocation de sa mort est taboue… pour la famille Raksawong, le roi de Thaïlande est une figure tutélaire.

Alors, c’est main dans la main qu’ils sont revenus, comme des centaines d’autres, à l’hôpital Siriraj où est soigné le roi et qu’ils connaissent par cœur. Pendant des mois, ils sont venus leur fils a été traité ici pour une leucémie. Mais c’est maintenant pour prier pour le roi, âgé de 88 ans, qu’ils sont de retour.

Benyapa et Panlop Raksawong fendent la foule massée dans les jardins de l’hôpital avec leurs deux enfants à leurs côtés. Ils avancent lentement comme ils pourraient le faire dans un temple.

« Nous avons toujours vécu avec lui », raconte Benyapa Raksawong, 40 ans, venu de la province de Ratchaburi, à l’ouest de Bangkok.

« Hier, quand j’ai appris que sa maladie s’aggravait, mon cœur s’est comme arrêté », ajoute la femme qui tient encore à la main une feuille sur laquelle sont inscrites les prières qu’elle vient de réciter.

Comme les autres, ils sont venus prier au lendemain d’un nouveau bulletin de santé inquiétant pour le plus vieux souverain en exercice, sur le trône depuis 70 ans. Ils ont le regard tourné vers les fenêtres du bâtiment qui abrite la chambre du roi mais n’oublient pas régulièrement de se prendre en photo en train de prier.

Cette mère de deux enfants qui travaille dans un cabinet médical se souvient de ce jour où elle a aperçu le roi, ou plutôt son convoi pour la première fois: « C’était l’an passé. J’étais tellement heureuse que j’ai pleuré. Il est notre âme ».

« Et surtout c’est la seule personne que quasiment tous les Thaïlandais aiment. Regardez comment la Thaïlande s’est développée depuis qu’il est là », explique-t-elle.

  – Culte de la personnalité –

« J’aime le roi parce qu’il est notre père à tous », glisse d’une toute petite voix Gaem, 7 ans, qui se blottit contre sa mère.

Juste derrière elle, son mari acquiesce: « le pays tout entier sera sous le choc s’il lui arrive quelque chose », évoquant à demi-mot sa mort, sujet totalement tabou pour les Thaïlandais. 

Quelques mètres plus loin, à l’abri du soleil, devant un immense portrait du roi, une autre famille se recueille. Venue avec sa mère, Anantaya Seango, 8 ans, vient de déposer une lettre pour le roi.

« Je veux que tu vives encore très longtemps », a-t-elle écrit d’une écriture encore peu assurée.

« A l’école, j’ai appris que le roi avait beaucoup, beaucoup travaillé pour aider les gens. Il n’a jamais arrêté de travailler », ajoute l’enfant, qui a revêtu pour l’occasion un T-shirt rose vif.

Enseigné dès l’école primaire, le culte du souverain Bhumibol Adulyadej, âgé de 88 ans, a encore été renforcé depuis l’arrivée du pouvoir de la junte thaïlandaise après un coup d’Etat en mai 2014.

Il est présenté comme un demi-dieu et le bienfaiteur de la nation depuis des décennies et loué pour ses projets agricoles et le développement d’une économie d’autosuffisance.

« C’est grâce au roi que notre pays est en paix », ajoute-t-elle.

A ses côtés, sa mère, qui s’affiche aussi en rose des pieds à la tête – sans oublier son sac à main, ne peut retenir ses larmes. « Je veux qu’il reste avec nous jusqu’à ses 120 ans comme il a dit qu’il le ferait ».

« Je ne veux pas et ne peux pas penser à l’avenir sans lui. Nous nous sentons si proches de lui », articule-t-elle avec difficulté.

Elle a décidé de passer la journée dans l’hôpital et de revenir « tant qu’il ne va pas bien ».

Une Thaïlandaise brandit le portrait du roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej et prie pour son rétablissement devant l'hôpital de Bangkok où le souverain est soigné, le 12 octobre 2016. © AFP

© AFP LILLIAN SUWANRUMPHA
Une Thaïlandaise brandit le portrait du roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej et prie pour son rétablissement devant l’hôpital de Bangkok où le souverain est soigné, le 12 octobre 2016

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