« Vous n’avez qu’à déposer une motion de défiance ! » La phrase lancée par Edouard Fritch aux représentants Tahoeraa, réunis jeudi en commission de l’Economie et des Finances, en dit long sur l’état des relations entre le camp du président du Pays et celui de Gaston Flosse, à l’assemblée comme au Tahoeraa Huiraatira.

Jeudi, les membres de la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique de l’assemblée se sont réunis pour examiner cinq projets de textes. L’un d’entre eux attirait tout particulièrement l’attention puisqu’il s’agissait d’un projet de modification de la délibération : « fixant le montant de l’indemnité mensuelle à allouer au Président de la Polynésie française et aux membres du gouvernement ». La genèse du débat autour de ce texte remonte au mois de juin 2013. A l’époque, le président Gaston Flosse avait annoncé une mesure « d’exemplarité » en abaissant son salaire de 50%. Une exemplarité toute symbolique puisque l’ancien président était contraint de baisser son salaire en application de la loi sur le cumul des mandats. Jeudi, le projet de délibération examiné en commission devait servir à réhausser le salaire du président Edouard Fritch, qui n’est pas visé par ce cumul des mandats, pour le remettre au niveau de celui des autres membres de son gouvernement : soit 680 000 Fcfp brut.

Le Tahoeraa refuse l’augmentation des indemnités

Pourtant, lors de cette commission dans laquelle siégeait notamment le président de l’assemblée proche de Gaston Flosse, Marcel Tuihani, la rapporteur du texte Gilda Vaiho-Faatoa a dénoncé « l’indécence » d’un tel projet de délibération. La représentante de l’opposition A Ti’a Porinetia, Nicole Bouteau, a répondu en dénonçant à son tour « l’hypocrisie » avec laquelle la majorité s’opposait au président Fritch sur ce dossier. Également présent en commission, le président du pays Edouard Fritch s’est énervé et a lancé aux représentants de sa propre majorité : « Vous n’avez qu’à déposer une motion de défiance ! ». Il a ensuite quitté la salle avant une suspension de la séance, puis le vote du rejet du texte par les six élus Tahoeraa siégeant à la commission.

Pas de voix pour une motion

Un défi aux conséquences toutes mesurées pour le président du Pays qui sait, depuis le vote de la résolution sur le nucléaire le 27 novembre dernier, que le camp Flosse ne dispose pas seul des voix nécessaires pour aller jusqu’au bout de cette démarche. Paroles en l’air ou déclaration de guerre. L’épisode de jeudi démontre une nouvelle fois la tension qui règne au Tahoeraa entre Edouard Fritch et le leader orange.