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Nucléaire: plusieurs milliers de manifestants contre l'EPR à Flamanville

Flamanville (France) (AFP) – Plusieurs milliers de manifestants ont défilé samedi contre le nucléaire devant le réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche), une énergie qu’elles considèrent comme « ringarde », contrairement à Londres qui vient de signer pour la construction de deux EPR.

Près de 2.700 personnes, selon la police, ont défilé samedi à Flamanville sur une route surplombant la mer, pour demander l’arrêt du nucléaire en général et de l’EPR en particulier. Selon les organisateurs, ils étaient entre 3.000 et 5.000. Pour Greenpeace, il s’agit de la plus grande manifestation contre le nucléaire en France depuis celle de Rennes, en 2011.

La députée Cécile Duflot, candidate à l’Élysée via la primaire des écologistes, a fait une courte apparition au départ du défilé, à Siouville, commune voisine de Flamanville, selon un photographe de l’AFP.

« C’est un tel gouffre, cet EPR! C’est absurde », estime Claire Bretou, 63 ans, venue de Villejuif (Val-de-Marne) pour manifester. 

Même si le gouvernement britannique a déjà signé jeudi avec EDF et son partenaire chinois un accord de 21 milliards d’euros pour la construction de deux EPR à Hinkley Point, une vingtaine d’associations antinucléaires de l’ouest appelaient à manifester, ainsi qu’EELV, Greenpeace, Sortir du nucléaire, le Parti de gauche et le NPA.

« L’EPR n’est pas assez sûr. C’est un gaspillage énorme d’argent et on ne sait pas quoi faire des déchets », a jugé Zoe, une Anglaise de 39 ans venue avec quatre autres Britanniques de Bristol, une ville relativement proche d’Hinkley Point.

« En plus, s’il y a un accident ici en France, les radiations n’ayant pas de frontières, nous pourrions être touchés », a ajouté cette paysagiste.

Isabelle Attard, députée (ex-EELV) du Calvados, est du même avis: « On devrait mettre ces milliards dans la recherche pour les énergies renouvelables. Miser sur le nucléaire aujourd’hui, c’est fou, c’est ringard ».

– « Tout le monde déteste l’EPR » –

Lancée en 2007, la construction de l’EPR de Flamanville devait se terminer en 2012, mais son démarrage a été repoussé à plusieurs reprises. EDF, détenu à près de 85% par l’État et maître d’œuvre du chantier, promet aujourd’hui un lancement fin 2018. Mais l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient d’annoncer 20 nouvelles anomalies sur le réacteur. 

Et le constructeur de la cuve, Areva (détenu à 86,5% par l’État), doit encore prouver la résistance de cette pièce majeure, sur laquelle l’ASN a trouvé une anomalie « sérieuse » en 2015. Entre-temps, le coût de ce réacteur, présenté comme de « nouvelle génération » par ses concepteurs, a triplé, à 10,5 milliards d’euros aujourd’hui.

« EPR c’est l’enfer », « Non à l’EPR, la passoire à 10 milliards » ou encore « EPR, notre argent foutu en l’air », pouvait-on lire sur les banderoles et les tracts, distribués tout au long du défilé sur la route côtière, d’où l’on pouvait apercevoir également l’usine de retraitement des déchets nucléaires de Beaumont-Hague, site qui concentre le plus de matière radioactive en Europe.

Les manifestants sont allés jusqu’à l’entrée du chantier, gardée par au moins six fourgonnettes de gendarmerie mobile, avant de faire demi-tour, dans le calme.

« Tout le monde déteste l’EPR », « Ni civil, ni militaire, arrêt, arrêt du nucléaire », « Nucléaire, emplois dans les cimetières », ont scandé les manifestants. Le secteur emploie plus de 10.000 personnes dans l’ex Basse-Normandie. 

« Grand carénage nucléaire, catastrophe programmée », lançaient aussi certains manifestants, faisant référence aux travaux de grande ampleur lancés par EDF dans certaines centrales nucléaires, dans l’espoir de prolonger leur durée de vie de 10 ans, au-delà des 40 initialement prévus. Un programme chiffré à 51 milliards d’euros sur 2014-2025 par EDF. 

Une ambition qui effraie d’autant plus les antinucléaires que 87 anomalies viennent d’être annoncées sur des réacteurs en fonctionnement.

Des manifestants contre le nucléaire devant le réacteur EPR en construction à Flamanville, le 1er octobre 2016. © AFP

© AFP CHARLY TRIBALLEAU
Des manifestants contre le nucléaire devant le réacteur EPR en construction à Flamanville, le 1er octobre 2016

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