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Nucléaire: Londres donne son feu vert au projet Hinkley Point

Londres (AFP) – Le gouvernement britannique a donné jeudi son feu vert au développement de nouveaux réacteurs par le français EDF et son partenaire chinois CGN, un projet controversé qui relance la construction nucléaire en Europe à l’arrêt depuis la catastrophe de Fukushima. 

« Nous avons décidé de la construction de la première centrale nucléaire depuis une génération », a expliqué le ministre à l’Energie, Greg Clark, dans un communiqué.

« Après avoir revu en détail les propositions pour Hinkley Point C, nous allons introduire une nouvelle série de mesures pour améliorer la sécurité et allons nous assurer que Hinkley ne changera pas de mains sans l’accord du gouvernement », a-t-il tenu à préciser.

La décision du gouvernement britannique « marque la relance du nucléaire en Europe », s’est félicité pour sa part le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy. Le secrétaire d’Etat français à l’Industrie Christophe Siruque a souligné qu’il s’agissait de « la première commande en Europe depuis Fukushima », l’accident nucléaire qui a frappé le Japon en 2011.

Il a également jugé que l’accord britannique crédibilisait la filière nucléaire française en pleine refonte – au moment où EDF est confrontée à des problèmes de délais et de coûts pour la construction d’une centrale EPR à Flamanville (nord-ouest de la France).

Au Royaume-Uni, il s’agira de la première construction d’une centrale nucléaire depuis plus de vingt ans. Hinkley Point C, dont le budget est évalué à 18 milliards de livres (plus de 21 milliards d’euros), doit fournir 7% des besoins britanniques en électricité. 

Le projet soulève toutefois des controverses et le gouvernement de Theresa May, en place depuis mi-juillet, a pris son temps avant de donner son aval, malgré l’accord de principe de son prédécesseur David Cameron en octobre 2013 et la décision finale d’investissement prise par EDF le 28 juillet.

– Gigantesque –

Le projet, prévu pour être opérationnel à partir de 2025, est gigantesque et vise à bâtir deux réacteurs EPR dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Le maître d’oeuvre EDF va en financer les deux-tiers et son partenaire chinois, l’entreprise étatique CGN, le tiers restant. 

Les autorités britanniques garantissent un prix à EDF pour l’électricité produite sur place mais ce tarif est jugé trop élevé par les détracteurs du projet au Royaume-Uni – qui mettent en avant l’alternative de projets nucléaires plus petits ou des énergies renouvelables. 

Hinkley Point C a provoqué aussi d’importants remous au sein d’EDF: son directeur financier est parti avec fracas en mars, jugeant, à l’instar des syndicats, ce chantier irréalisable à court terme en raison des risques financiers et industriels.

La présence des Chinois fait également froncer des sourcils, pour des questions de sécurité industrielle.

L’accord politique conclu au moment de la visite au Royaume-Uni du président chinois Xi Jinping, en octobre 2015, prévoit que EDF pourrait construire une autre centrale de deux réacteurs EPR à Sizewell, dans le Suffolk (est de l’Angleterre), avec à ses côtés le même partenaire chinois.

Cet accord prévoyait aussi que les Chinois pourraient bâtir un réacteur avec leur propre technologie à Bradwell, dans l’Essex (côte est), un projet souhaité ardemment par Pékin pour servir de vitrine dans les pays occidentaux. Mais Londres souligne désormais que le gouvernement va créer un « nouveau cadre légal pour les investissements à venir dans les infrastructures stratégiques du Royaume-Uni ». 

Steve Thomas, professeur de politique énergétique à l’Université de Greenwich, souligne qu »‘il y a encore de nombreux obstacles à franchir » pour Hinkley Point, en premier lieu la nécessité pour EDF de trouver l’argent « qu’il n’a pas encore ».

En 2015, l’électricité générée au Royaume-Uni a été produite à environ 30% par des centrales au gaz, à 30% par des centrales à charbon, à 19% par des réacteurs nucléaires et 19% par les énergies renouvelables.

Mais des huit centrales nucléaires en fonctionnement au Royaume-Uni, une seule marchera encore après 2030 et les centrales au charbon les plus polluantes sont aussi vouées à la fermeture.

Les deux réacteurs nucléaires prévus à Hinkley Point au Royaume-Uni d'après une image de synthèse fournie par EDF à Londres le 28 juillet 2016. © AFP

© EDF ENGERY/AFP/Archives HO
Les deux réacteurs nucléaires prévus à Hinkley Point au Royaume-Uni d’après une image de synthèse fournie par EDF à Londres le 28 juillet 2016

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