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Nucléaire : Oscar Temaru dénonce la « mascarade » de la table ronde à Paris


Le leader indépendantiste estime que les discussions sur la dette nucléaire, indissociables selon lui de celles sur la souveraineté de la Polynésie, doivent se tenir à New-York plutôt qu’à Paris. Au passage, le parti indépendantiste réitère son appel à manifester le 17 juillet, date anniversaire de l’essai Centaure. Et compte sur la présence « d’invités internationaux » à Papeete.

Une « mascarade », où « tout le monde va applaudir », mais dont il ne « sortira rien ». Voilà le regard que porte Oscar Temaru sur la « table ronde de haut niveau » qui doit être convoquée par l’Élysée entre fin juin et début juillet. Non pas que les demandes qui seront formulées au sein de la délégation polynésienne soient illégitimes : le remboursement des dépenses de la CPS pour les maladies radio-induites, évaluées à 80 milliards par le récent vœu du Cesec, est un « dû » pour le leader indépendantiste. Mais à l’entendre, la question du fait et de la dette nucléaire de la France est intrinsèquement liée à celle de la souveraineté de la Polynésie. Certaines des questions au programme « doivent se discuter d’état à état », au comité de décolonisation de l’Onu et pas « dans la capitale du pays colonisateur ».

« Notre peuple n’est pas à vendre »

À New York donc, plutôt qu’à Paris. Si Moetai Brotherson avait laissé entendre qu’il pourrait participer « en tant que parlementaire », le tavini, lui ne sera donc « bien sûr » pas représenté. Les conclusions de la table ronde, assure Oscar Temaru, sont quoiqu’il arrive « déjà rédigées », « par les experts de la politique coloniale française et les experts de l’armée ». Assumant d’avoir qualifié les participants à cette réunion de « collabos », le maire de Faa’a les met en garde  : « Faites attention à ce que vous faites. Le droit des peuples à l’autodétermination est un droit sacré, et il n’y a pas à mélanger le sacré et le vil, l’argent, pointe-t-il. Notre peuple n’est pas à vendre, (…) nos ressources ne sont pas à vendre, Ma’ohi Nui n’est pas à vendre… We are not for sale ».

Plutôt que d’aller à Paris, ou même à New York, le Tavini veut faire venir du monde à Tahiti. Oscar Temaru avait déjà annoncé une grande mobilisation contre le nucléaire le 17 juillet, date anniversaire de l’essai Centaure en 1974, qui a engendré un nuage radioactif qui a touché l’île de Tahiti. Une manifestation où le parti bleu ciel va scander « Ma’ohi lives matter » et  pour laquelle est annoncée la présence d’invités étrangers, représentants d’états du Pacifique, d’ONG environnementales ou du FLNKS. Le lien avec la Calédonie, qui doit organiser un troisième référendum d’autodétermination en décembre est omniprésent dans le discours : « Dans le deux cas, PF et NC, la France limite le débat et réduit les enjeux de la pleine souveraineté à des seules considérations économiques et financières ».

Les « professeurs et gendarmes contaminés » tenus pour responsables

Le leader bleu ciel explique au passage que si les invitations sont lancées, « il n’était pas question de payer pour les déplacements ». « Pour aller à Paris, c’est nous qui payons, encore une fois », dénonce-t-il. Pas de précision, en revanche, sur les modalités d’accueil et surtout de voyage de ces invités internationaux, alors que tous les vols vers l’Ouest du fenua sont à l’arrêt. La crise sanitaire, Oscar Temaru l’évoque là encore pour dénoncer le rôle de l’État : « Il n’y a pas de coronavirus chez nous, et nous sommes obligés de faire la courbette et d’accepter que des professeurs et des gendarmes contaminés viennent ici chez nous contaminer notre peuple. Résultat : 142 morts ». Une idée qui avait déjà fait réagir les autorités : « Ça se saurait si c’étaient les seuls fonctionnaires qui avaient apporté le virus pour je ne sais quelle raison » avait contesté le haut-commissaire lors de son allocution du 25 mai. Dominique Sorain avait rappelé que si les agents de l’État mutés au fenua avaient pu faire partie des voyageurs important le virus l’année dernière, l’ouverture des frontières en juillet avait aussi profité à des milliers de résidents polynésiens qui avaient fait des allers-retours à l’étranger, et aux touristes, tous étant soumis au même protocole sanitaire. « Je ne laisserai pas passer ce type de mise en cause », s’était agacé le représentant de l’État.

Enfin, si Oscar Temaru rappelle fréquemment que les Polynésiens ont été « cobayes des essais nucléaires », il se montre beaucoup plus réservé quant à l’utilisation de ce terme pour la vaccination Covid. Et ne s’aventure pas à tirer un lien entre les deux sujets, comme cela a été le cas fréquemment dans les discours antivaccin ces derniers mois. « Il ne faut pas mélanger, on sait ce qui s’est passé dans le monde, il y a des gens qui travaillent dur, des scientifiques et il faut respecter le travail qu’ils font », reprend le maire de Faa’a. Mais je laisse la liberté à chacun de décider s’il souhaite » être vacciné.

L’État associé de Flosse ? « C’est de la merde »

Invité à réagir aux récentes sorties médiatiques de Gaston Flosse, Oscar Temaru a choisi de condenser son propos : « l’État associé, c’est de la merde », a-t-il lancé en référence au nouveau positionnement de son vieil adversaire sur la question de l’avenir institutionnel. Quant à savoir si le recentrage du discours du Vieux Lion sur la notion de souveraineté pouvait aider la cause indépendantiste, il préfère en sourire : « il parle d’un sujet qu’il ne maîtrise pas ».

 

 

 

Notre pays n’est pas à vendre a-t-il répété.

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3 Commentaires

  1. jean-luc girard
    5 juin 2021 à 5h24 — Répondre

    Le golfeur et ses commentaires ……

  2. 5 juin 2021 à 7h52 — Répondre

    Que de la haine pour la France dans cet homme qui est systématiquement opposé à tout…mais sa pension payée par cet État colonisateur honni elle est bienvenue non ? A qui doit-il son élection à la Présidence de la Polynésie Française ? A celui qui parle d’État associé, et le leader indépendantiste n’hésite pas à déclarer : « l’État associé, c’est de la merde »
    Pas de paix dans le cœur de cet homme qui « parle à Dieu. »
    On connait son « courage » face aux représentants de l’État, il l’a démontré à quelques reprises.

  3. Microstring
    5 juin 2021 à 8h58 — Répondre

    Mais qu’attendent donc les Polynésiens pour mettre ces vieux hommes politiques à la retraite…

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