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Nucléaire : « Pour le président Macron, c’est le moment d’être plus courageux que ses prédécesseurs »

L’association 193, « pas convaincue » par la table ronde sur le nucléaire à Paris, s’est tout de même adressée au Président de la République et au président du Pays ce lundi. Et appelle la population à se mobiliser les 2 et 17 juillet, avant la visite d’Emmanuel Macron.

Alors que délégation Reko Tika était en vol pour Paris, 193 a tenu une conférence de presse ce lundi matin, à la paroisse Christ-Roi de Pamatai. L’occasion de réexpliquer pourquoi, après avoir participé à une bonne partie des séances de préparation, l’association n’a pas souhaité être présente à table ronde convoquée par l’Élysée les 1er et 2 juillet. Pour son président, le père Auguste Uebe Carlson, trop de gens autour de la table n’étaient pas convaincus de l’étendu et de la gravité des conséquences des essais. « Ce sont des gens qui en sont encore à se poser toujours la question ‘quelles sont les vraies victimes parmi toutes les victimes ?’ c’est incroyable », s’agace le militant. Il évoque notamment Patricia Grand, représentante de la Ligue contre le cancer de Polynésie, « sur la défensive quand on parle de nucléaire », et dont l’invitation à Paris est à ses yeux « enfin une reconnaissance, indirecte, du lien entre les essais et les cancers ». Yannick Lowgreen, de Tamarii Moruroa, association de vétérans souvent opposés aux anti-nucléaires, ou encore Joël Allain, le coordinateur de Reko Tika, sont aussi pointés du doigt pour des discours qui, selon lui, vont « dans le sens de celui l’État ».

Qu’Édouard Fritch « assume ses propos à Paris »

Le président de 193, pas connu pour sa proximité avec Édouard Fritch s’est pourtant déclaré positivement surpris par certaines prises de paroles du président pendant ces réunions préparatoires. « Ils nous a dit que l’État avait tout fait pour faire traîner en divisant les populations polynésiennes sur la question du nucléaire, reprend le Père Auguste. Maintenant à lui d’assumer ses propos et de les dire en face du président Macron ».

L’association 193 ne cache pas ses doutes sur l’intérêt de la table ronde, parlant, comme Moruroa e Tatou ou le Tavini, « d’opération de communication », de « leurre » à la veille d’une visite présidentielle. À Emmanuel Macron, attendu en Polynésie fin juillet, le père Auguste veut tout de même adresser un message : « Il faut que le président saisisse cette occasion pour être plus audacieux et courageux que tous ses prédécesseurs », explique le militant. Notant que le locataire de l’Élysée avait déjà reconnu la colonisation algérienne comme un « crime », il appelle à en faire de même pour le « fait colonial que représentent ces essais ». Alors que le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu avait assuré que le chef de l’État était « prêt à tout assumer », 193 liste les actions concrètes nécessaires à ses yeux : « demande de pardon », « véritable politique de réparation des victimes », « reconnaissance de l’impact écologique et social des essais », « déclassification de tous ces dossiers tenus secrets par le CEA »

Appel aux tavana pour le 17 juillet

L’association 193, comme Moruroa e tatou, l’Église protestante maohi ou le Tavini, a prévu de se faire entendre lors de l’arrivée du président de la République. Mais deux autres mobilisations sont prévues d’ici là chez les anti-nucléaires. Ce vendredi 2 juillet, pour les 55 ans du premier essais aérien en Polynésie, une marche et un sitting vont être organisés devant le Haut-commissariat à Papeete. Quant au 17 juillet, journée de mobilisation déjà évoquée par Oscar Temaru pour marquer l’anniversaire de l’essai Centaure, le père Carlson appelle « toute la population à se mobiliser ». De même que les tavana de la Société : « C’est une manifestation apolitique, organisée suite aux révélations du livre Toxique qui a confirmé que l’essai Centaure a potentiellement contaminé toutes les îles du Vent et les îles Sous-le-vent, rappelle-t-il. Ce n’est pas le tavini qui organise, c’est un collectif de plusieurs associations et groupements qui veulent mettre en lumière ce que le livre Toxique à révélé ». Une marche « apolitique » assure donc le président de 193.

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