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Otan : le chef du Pentagone somme ses alliés européens de dépenser davantage

Bruxelles (AFP) – Le chef du Pentagone, James Mattis, a sommé les alliés de Washington au sein de l’Otan d’augmenter leurs dépenses militaires, mercredi à l’occasion de sa première visite à Bruxelles, faute de quoi les Etats-Unis pourraient « modérer leur engagement » envers l’Alliance atlantique.

Après les critiques du président Donald Trump sur l’Otan, organisation née pendant la Guerre froide jugée « obsolète », cette visite pour une réunion de ministres de la Défense était très attendue par les Européens, soucieux de dissiper le flou.

Le général Mattis, ancien chef militaire à l’Otan entre 2007 et 2009, s’est d’abord voulu rassurant à son arrivée au siège bruxellois de cette organisation. « L’Alliance reste un socle fondamental pour les Etats-Unis », a-t-il lancé aux cotés du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

Mais devant ses homologues des 27 autres pays membres, il a ensuite assorti ses propos amicaux d’une ferme mise en garde, faisant écho aux menaces à peine voilées déjà formulées par le président Trump.

En termes de dépenses de défense, « l’Amérique va assumer ses responsabilités, mais si vos nations ne veulent pas voir l’Amérique modérer son engagement envers cette Alliance, chacune de vos capitales doit montrer son soutien à notre défense commune », a averti M. Mattis.

Il a pris appui sur l’exigence d’équité exprimée, selon lui, par le contribuable américain et sur la nouvelle « réalité politique » dans son pays.

« Les Américains ne peuvent pas se soucier davantage de la sécurité future de vos enfants que vous ne le faites vous-mêmes », a-t-il fait valoir.

Obtenir des Européens qu’ils dépensent pour la défense autant que les Etats-Unis en proportion de leur richesse est une revendication ancienne à Washington.

Donald Trump l’a bruyamment relancée dès sa campagne électorale.

Il a signifié que les Etats-Unis réfléchiraient à deux fois avant de respecter leurs obligations envers leurs alliés de l’Otan si ceux-ci ne se rapprochaient pas plus rapidement de l’objectif de dépenses, d’au moins 2% du PIB, fixé en 2014 à un sommet de l’Alliance, qui souhaite voir chacun l’atteindre en 2024. A ce jour seuls cinq pays -Etats-Unis, Grèce, Royaume-Uni, Estonie et Pologne- y sont parvenus.

– ‘Une route encore longue’ –

Plusieurs ministres européens ont salué mercredi un engagement « juste », sans que l’on sache toujours si leur intention est de continuer à se rapprocher de l’objectif ou de vraiment y parvenir à la date voulue.

« De nombreux pays parmi ceux qui dépensent moins de 2% ont exprimé des ambitions, des projets, des engagements pour réellement commencer à augmenter leurs dépenses », a assuré Jens Stoltenberg.

James Mattis a exigé de pouvoir contrôler dès cette année des plans d’action « par étapes » pour s’assurer d’une courbe ascendante.

Mardi, le chef de l’Otan avait anticipé cette pression des Américains en annonçant une hausse de 3,8% en 2016 des dépenses militaires « des alliés européens et du Canada ».

« Nous avançons dans la bonne direction mais la route est encore longue », « ce n’est pas suffisant », a-t-il de nouveau plaidé mercredi, rappelant la nécessaire adaptation aux multiples menaces (Etat islamique, Russie, cybercriminalité).

Dans la deuxième partie de l’après-midi, au premier jour de cette réunion ministérielle, une session de travail était consacrée à la lutte contre le terrorisme jihadiste.

Les 28 devaient décider officiellement de mettre sur pied, au sein du QG militaire de Naples (Italie), un centre d’expertise consacré à la collecte de renseignements sur les zones géographiques jugées les plus menacées.

Ce « hub pour le Sud », selon la terminologie de l’Otan, « nous aidera à coordonner le renseignement concernant les crises et les pays tels la Libye et l’Irak », où sévissent des groupes jihadistes, a expliqué M. Stoltenberg.

Au cours de la réunion, qui se poursuit jeudi, les pays membres de l’Otan devaient par ailleurs préciser leur niveau d’implication dans les quatre bataillons multinationaux en cours de déploiement en Pologne et dans les trois Etats baltes, aux portes d’une Russie jugée menaçante depuis l’éclatement du conflit ukrainien en 2014.

Le secrétaire américain à la Défense James Mattis, le 15 février 2017 à Bruxelles. © AFP

© AFP EMMANUEL DUNAND
Le secrétaire américain à la Défense James Mattis, le 15 février 2017 à Bruxelles

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