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« Pas de pic, pas de chute » : l’épidémie de Covid-19 avance « à bas bruit » en Polynésie

Le nombre de cas « guéris » (282) augmente ces deux dernières semaines plus rapidement que celui de cas « actifs » (314).

Le ministre de la Santé Jacques Raynal a une nouvelle fois décrit la stratégie des autorités pour « ralentir », et à plus ou moins long terme éteindre, l’épidémie de coronavirus que connait le fenua depuis maintenant un mois. Les chiffres ne montrent plus une « explosion » des cas, mais que le virus circule toujours. Raison pour laquelle des mesures sanitaires restrictives, notamment des confinements localisés, peuvent encore être mises en place à tout moment.

Calmer les inquiétudes les plus vives tout en gardant la population mobilisée. C’est l’exercice tout en nuances auquel se prête, depuis deux semaines, Jacques Raynal. Sur le papier, les chiffres sont bien moins angoissants qu’il y a quelques semaines. Les autorités ont détecté 36 cas de Covid-19 supplémentaires en 24 heures, et 85 depuis le début de la semaine. Mais dans le même temps, le nombre de « guéris » a grimpé presque aussi vite : 77 personnes sont sorties d’isolement, souvent après 10 jours sans aucun symptôme. Résultat : le nombre de cas « actifs », a à peine varié (+8 personnes) depuis lundi. Quand aux cas graves ou inquiétants, il restent, grâce à la relative jeunesse des malades (36 ans en moyenne, un chiffre qui a tendance à augmenter) peu nombreux : 10 personnes sont en surveillance au CHPF dont 3 en réanimation ce jeudi. Les tableaux épidémiologiques qui se succèdent font parfois oublier un fait important : aucun Polynésien n’est mort du coronavirus et la vaste majorité de ceux qui l’ont attrapé n’ont pas développé de troubles graves.

Interrogé sur son avenir au gouvernement, Jacques Raynal a indiqué qu’il ne souhaitait « ni conserver, ni quitter » son poste de ministre de la Santé. « C’est le président qui décide, je n’ai pas à donner mon avis ». ©Presidence

« Normal » que tous les cas contacts ne soient pas testés

Alors que le débat fait rage sur la politique sanitaire du Pays, le ministre de la Santé a donc des arguments pour rassurer. Il estime, au passage, que les capacités de tests de 250 à 300 analyses par jour sont « suffisantes » et que les récentes livraisons de matériels – 50 000 écouvillons sont par exemple arrivés hier – mettaient le Pays à l’abri de la pénurie. Mais cette épidémie à « bas bruit » ne doit tout de même pas faire oublier le risque. « Le risque c’est qu’il y ait un relâchement, et donc un emballement des cas, qui pourrait rapidement saturer nos structures de santé, rappelle le médecin. C’est ce qu’on a observé dans d’autres pays et heureusement, ici, on en est loin. Et c’est ce qu’on veut éviter à tout prix ».

La stratégie reste donc toujours la même. « Détecter les porteurs du virus afin de les isoler » comme l’a pointé le Dr Pierre Follin. Le coordinateur de la plateforme Covid au bureau de veille sanitaire a tenu à rappeler qu’il était normal que tout le monde ne soit pas testé, même lors d’un contact potentiel avec un malade. « Les prélèvements s’adressent à certains sujets contacts, aux personnes symptomatiques, à certains milieux professionnels, à certains publics et certains quartiers lorsqu’on cherche à déceler la présence du virus » a-t-il expliqué.

À la limite du « stade 4 »

Les autorités n’ont, pour l’instant « pas l’illusion de pouvoir stopper complètement l’épidémie ». L’idée est donc de « ralentir au maximum » sa progression, comme le rappelle Jacques Raynal et protéger « les porteurs de carnets rouge ». Combien de temps faudra-t-il pour « étaler » le virus dans le temps, et donc limiter les impacts sanitaires. « Je ne sais pas : 6 mois, un an, peut-être moins, peut-être plus, je ne peux pas le dire », répond le ministre.

Malgré les demandes des syndicats, il n’est pas question à l’heure actuelle de renforcer de nouveau les mesures sanitaires, encore moins de fermer le pays. Mais Jacques Raynal préfère prévenir. Le fenua « frise le stade 4 », phase dans laquelle des mesures « restrictives de libertés » – avec notamment des confinements par zone ou par quartier – pourraient être prises par le Haut-commissariat.

Tout dépendra, donc, de l’évolution des clusters qui font l’objet d’interventions. Les foyers de contamination récemment découverts à Mahina seraient « en train d’être maitrisés », ceux de Faa’a se seraient « évanouis » d’après Pierre Follin. Si Raiatea et Bora Bora comptent chacune six cas, l’attention du bureau de veille sanitaire reste sur la zone urbaine de Papeete, qui en concentre 268 entre Paea et Mahina.

 

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1 Commentaire

  1. Microstring
    4 septembre 2020 à 9h04 — Répondre

    Face à un échec, on se sert des chiffres pour leur faire dire ce qu’on veut faire croire à la population. En attendant, l’épidémie progresse à un rythme alarmant…

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