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Pas de tension, mais des questions autour de la péréquation


Le mécanisme de péréquation de l’électricité a été adopté ce jeudi par l’assemblée, sans les voix du Tavini et avec les réserves du reste de l’opposition. Annoncé depuis cinq ans, ce dispositif de solidarité, qui vise à harmoniser les tarifs de tous les archipels devrait, dès juillet, faire augmenter les factures pour les usagers de Tahiti Nord. 

Évoquée depuis des années, recommandée par tous les experts, repoussée à plusieurs reprises… Et enfin votée, à l’assemblée. La « solidarité dans le domaine de l’électricité » a été adopté par 47 voix sur 57 ce jeudi à Tarahoi. Un dispositif « assez complexe », comme en ont convenu tous les élus, pour un problème assez évident : plus les îles sont petites et éloignées, plus les coûts de production de l’électricité sont importants. Il s’agit donc d’harmoniser les tarifs ou du moins de limiter leur écart à 20%, en facturant un peu plus les usagers des réseaux les mieux lotis en moyens de production – Tahiti Nord, qui rassemble deux tiers de la consommation du pays – au profit des réseaux moins équipés.

C’est ce que fait déjà, depuis des années, EDT entre ses propres concessions : les usagers de Tahiti Nord paient en moyenne, et sans s’en rendre compte, un peu moins de 5 francs par kWh pour faire baisser la facture de Moorea, Raiatea, Rangiroa ou Hiva Oa.  Le mécanisme voté ce midi doit permettre de clarifier et de cadrer cette péréquation, de la remettre dans les mains de la puissance publique, mais surtout de l’élargir à toutes les communes qui le souhaitent, même celles qui exploitent leur réseau en régie. « Et on voit mal pourquoi elles ne le souhaiteraient pas », relève-t-on sur les bancs du Tapura : le mécanisme répond avant tout « aux demandes des tavana ».

Taxe ou contribution

Cette « solidarité » entre 57 réseaux distincts, tout le monde, à l’assemblée, s’y dit favorable. Mais c’est sur le financement – prévu par une seconde loi du Pays – que le débat s’électrise. Le fonds de solidarité servant à assurer l’équilibre tarifaire sera alimenté par une « taxe » rebaptisée en séance « contribution », sa recette étant fléchée et non versée au budget général du Pays. Un transfert sémantique qui n’a pas échappé à Nicole Sanquer : elle rappelle qu’Édouard Fritch s’était lui-même engagé « à ne pas créer de nouvelles taxes ou impôts » en cette période de crise. La contribution de solidarité sur l’aérien, qui sera étudiée la semaine serait une autre entorse à cette promesse. « Une taxe c’est une taxe, il faut dire les choses », explique la présidente du groupe A Here ia Porinetia. À l’entendre, d’autres options de financement étaient possibles, au moins pour absorber le milliard de francs de surcoût que représente l’extension de la péréquation à toutes les îles. La députée parle notamment de dégager des marges dans le budget du Pays – « malgré la crise, les dépenses publiques ne sont pas réduites », pointe-t-elle -, de demander la participation de l’État ou de solliciter le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures, dans lequel le Pays a bien pioché pour gonfler son budget 2021.

Des options « qui ont été étudiées », répond Yvonnick Raffin, qui rappelle que l’aide de l’État en matière énergétique portera davantage sur la transition que la péréquation. Le ministre de l’Économie, en charge de l’énergie, rappelle que tous les usagers seront concernés par la contribution, mais assure, contrairement à ce qu’affirme A Here ia Porinetia, que seules les factures de Tahiti Nord vont augmenter.

1 francs 50 par kWh en plus… a minima

De combien ? Le gouvernement lui-même laisse une place au doute. Le surcoût lié à l’élargissement de la péréquation était chiffré il y a quelques jours encore à 1,75 francs par kWh, il est désormais estimé à 1,57 francs. Une évaluation qui laisse beaucoup d’acteurs perplexes. Pas la majorité Tapura, qui salue « le courage » du Pays d’avoir « enfin » fait aboutir ce dossier, évoqué depuis 2015 et plusieurs fois repoussé. « Il est évident qu’une partie de l’opposition allait s’en saisir pour faire croire que toutes les factures vont augmenter, explique Tepuaraurii Teriitahi. Mais c’était un texte nécessaire pour tous nos archipels ».

La présidente du groupe Tapura rappelle que les marges de manœuvres financières dégagées par les communes pourront servir à des investissements, notamment en matière de transition énergétique.

 

 

 

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