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« Penelopegate »: un peu plus fragilisé encore, Fillon poursuit sa campagne

Paris (AFP) – De nouvelles révélations embarrassantes fragilisent un peu plus François Fillon, englué dans l’affaire des emplois présumés fictifs de sa femme, mais le candidat de la droite, lâché par une partie de ses troupes, poursuit vaille que vaille sa campagne présidentielle.

Pendant que M. Fillon, « combatif » mais « attaqué de tous les côtés de façon injuste », est au front jeudi dans les Ardennes, avec visite de crèche et meeting sur le thème de la fracture territoriale, le « Penelopegate » devrait connaître de nouveaux développements.

France 2 doit en effet diffuser jeudi soir, dans « Envoyé Spécial », des extraits d’un entretien filmé de son épouse, accordé en mai 2007 au Sunday Telegraph britannique. Selon Élise Lucet, corédactrice en chef de l’émission, Penelope Fillon déclarait: « Je n’ai jamais été l’assistante de mon mari. » 

Mme Fillon dit aussi dans ce document ne pas s’être « occupée de communication non plus », selon la journaliste. L’AFP n’a pas eu accès a cet entretien.

« Je déplore qu’alors qu’une enquête judiciaire est en cours, des phrases ainsi isolées à dessein et sorties de leur contexte donnent lieu à une telle exploitation médiatique », a dénoncé dans un communiqué son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille.

Mme Fillon a fourni aux enquêteurs « tous les détails démontrant l’existence d’un travail effectif » comme assistante parlementaire de son époux, assure par ailleurs son avocat.

Le parquet national financier a ouvert une enquête à la suite des révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de Mme Fillon en tant qu’assistante parlementaire de son mari, puis de son suppléant.

L’hebdomadaire a revu mercredi à la hausse le total des rémunérations perçues par Mme Fillon (plus de 830.000 euros) et deux de ses enfants (84.000 euros) en qualité d’assistants parlementaires, créant l’émoi dans les couloirs de l’Assemblée.

Après son suppléant Marc Joulaud mercredi, c’était jeudi au tour de la secrétaire particulière de M. Fillon, Sylvie Fourmont, d’être entendue par les enquêteurs. Une perquisition pourrait en outre intervenir au Sénat dans les jours qui viennent et des auditions vont se poursuivre.

– Personnalité politique de l’année –

Devant les parlementaires LR mercredi, M. Fillon avait accusé la gauche au pouvoir de « coup d’État institutionnel », ce qu’avait immédiatement contesté l’Élysée, en expliquant que « le seul pouvoir » est « celui de la justice ». 

« Les éléments qui sortent, les contrats, les chiffres (…), il n’y a qu’un lieu où tous ces éléments sont recensés de manière exhaustive, c’est à Bercy », a accusé jeudi le député sarkozyste Eric Ciotti, pour qui Emmanuel Macron « incontestablement profite de cette situation ».

M. Fillon avait demandé aux parlementaires LR de « tenir 15 jours » encore derrière lui, avaient indiqué des participants à l’AFP. Mais « chaque jour qui passe est un jour de perdu », a regretté jeudi sur LCP le député sarkozyste Georges Fenech, le premier à remettre en cause publiquement « la légitimité » de la candidature Fillon. 

Le député du Rhône a cependant reporté « jusqu’en début de semaine prochaine » l’appel envoyé à ses collègues parlementaires pour signature, demandant « la convocation d’un conseil national extraordinaire » LR.

Deux mois après avoir remporté la primaire de la droite, le candidat Fillon, sacré jeudi « personnalité politique de l’année » par le Trombinoscope, apparaît bien fragilisé. Il est donné par un sondage Elabe éliminé dès le premier tour de la présidentielle, au profit de Marine Le Pen et de M. Macron.

Le député de Paris continue de clamer haut et fort qu’il n’a « rien à se reprocher ». Il a reçu mercredi soir le soutien du comité politique du parti LR, composé des différentes sensibilités du parti. L’ex-Premier ministre, au « cuir épais », a assuré aux parlementaires qu’il « affronterait les attaques jusqu’au bout ».

Si aucun ténor de la droite ne veut officiellement donner le coup de grâce, le scénario d’un plan B prend forme et des noms circulent: François Baroin, Laurent Wauquiez…

« En toute hypothèse, je ne serai pas un Plan B », a lancé mercredi Alain Juppé, battu au second tour de la primaire, qui avait déjà exclu la semaine dernière d’être un recours. Une tribune en faveur de son retour au premier plan est pourtant « en cours de finalisation », selon Philippe Gosselin.

Près de sept Français sur dix souhaitent qu’une autre personnalité remplace M. Fillon comme candidat de la droite et M. Juppé arrive en tête de leurs préférences, selon un sondage Harris interactive. Le candidat LR reste toutefois soutenu, selon ce sondage, par les sympathisants de son parti.

François Fillon visite une crèche à Poix-Terron, dans les Ardennes, le 2 février 2017. © AFP

© AFP FRANCOIS NASCIMBENI
François Fillon visite une crèche à Poix-Terron, dans les Ardennes, le 2 février 2017

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