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Perturbateurs endocriniens: 100 scientifiques montent au créneau

Paris (AFP) – Près de cent scientifiques européens et américains ont dénoncé mardi les « intérêts industriels » qui « déforment délibérément des preuves scientifiques » pour empêcher la réglementation des perturbateurs endocriniens.

« Le projet d’établir une réglementation de ce type dans l’Union européenne est activement combattu par des scientifiques fortement liés à des intérêts industriels, produisant l’impression d’une absence de consensus, là où il n’y a pourtant pas de controverse scientifique », estiment les signataires d’une tribune publiée par Le Monde.

Cette méthode de la « manufacture du doute » – déformer délibérément des preuves scientifiques pour créer une fausse impression de controverse – est régulièrement utilisée lorsque des découvertes scientifiques touchent « de puissants intérêts industriels », soulignent les scientifiques, parmi lesquels l’endocrinologue du CNRS Barbara Demeneix ou le toxicologue de l’université britannique de Brunel Andreas Kortenkamp.

Les précédents de l’industrie du tabac, du secteur agrochimique ou du réchauffement climatique ont « retardé des actions préventives et eu de graves conséquences pour la santé des populations et l’environnement », avertissent-ils.

Selon eux, « la très grande majorité des scientifiques activement engagés dans la recherche des causes (de l’augmentation des maladies en lien avec le système hormonal) s’accordent pour dire que pluieurs facteurs y contribuent, dont les produits chimiques capables d’interférer avec le système hormonal », appelés perturbateurs endocriniens.

Alors que la « seule solution » pour enrayer ces effets délétères est de « prévenir l’exposition aux produits chimiques à l’aide d’une réglementation plus efficace », les signataires se disent « préoccupés par les options réglementaires que propose Bruxelles ».

La publication de cette tribune intervient alors que l’Union européenne peine à se mettre d’accord sur une définition des perturbateurs endocriniens, qui doit permettre d’encadrer leur utilisation.

Avec plus de deux ans de retard, la Commission a proposé en juin une définition qui qualifie de perturbateur endocrinien toute substance ayant des effets indésirables sur la santé et sur le système hormonal, et dont le lien entre les deux est prouvé.

Cette proposition « requiert un niveau de preuve bien plus élevé que pour d’autres substances dangereuses, comme celles cancérigènes. Dans la pratique, il sera très difficile de reconnaître une substance dangereuse comme perturbateur endocrinien », avertit la tribune.

Ses signataires appellent à la constitution d’un groupe d’experts placés sous les auspices de l’ONU, à l’instar du GIEC créé pour l’étude du climat, pour « mettre la science à l’abri de l’influence des intérêts privés ».

Les perturbateurs endocriniens sont présents dans de très nombreux produits : bouteilles en plastique, canettes alimentaires, détergents, jouets, cosmétiques, retardateurs de flammes et pesticides.

De nombreuses études ont montré que les perturbateurs endocriniens diminuent la fertilité humaine. Ils sont aussi soupçonnés d’affecter le système immunitaire et la fonction respiratoire chez l’enfant, et de favoriser le diabète.

Près de cent scientifiques européens et américains ont dénoncé mardi les "intérêts industriels". © AFP

© AFP/Archives JOEL SAGET
Près de cent scientifiques européens et américains ont dénoncé mardi les « intérêts industriels »

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