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Peu de risques de cyclone, mais des risques de sécheresse pour la saison chaude

© CR/Radio1

La Polynésie a toutes les chances d’entrer dans un cycle « La Niña » dans les prochains mois. C’est en tout cas ce que prévoit Météo France, qui juge donc « faible » le risque de formation ou de passage d’un cyclone au fenua. En revanche, les Tuamotu, les Marquises et, dans une moindre mesure, les îles de la Société pourraient connaitre, encore une fois, un déficit de précipitations.

Yolanda : c’est le nom qui devrait être donné au prochain phénomène climatique important qui se formera dans le Pacifique Sud-Est. Dépression modérée ? Cyclone tropical fort ? Impossible à dire pour l’instant. Impossible, aussi, de prévoir la localisation exacte et la trajectoire de Yolanda ou de Zazu, qui le suivra. Mais Météo France s’est comme tout les ans, à l’approche de la période cyclonique, plié à l’exercice de la prévision saisonnière. Un  exercice « pas facile » et assis sur des calculs de probabilité plus que sur des preuves concrètes, rappelle Victoire Laurent, responsable du bureau d’étude et de la climatologie de l’antenne polynésienne.

78% de probabilité d’une « Niña »

L’incertitude reste un maître mot, donc, mais beaucoup d’indicateurs pointent dans la même direction : le risque cyclonique devrait être faible dans tous les archipels pour cette saison chaude, voire même nul pour ce qui est des Marquises. C’est en tout cas ce que laissent penser les températures océaniques plutôt fraiches de ces derniers mois. L’anomalie frise les -1°C par rapport aux moyennes saisonnières en octobre et permet d’entrevoir la mise en place de La Niña. Un phénomène qui correspond à une concentration des eaux les plus chaudes et de l’activité nuageuse à l’Ouest du Pacifique, et donc loin du fenua. La probabilité de ce scénario est forte : 78% d’après Météo France, dont les « modèles sont cohérents avec tous ceux développés par les autres climatologues du Pacifique Sud », comme l’explique Victoire Laurent. Même les Australes, qui se trouvent à proximité d’une trajectoire fréquente de formation de cyclones affichent un risque « faible » : les îles Cook, plus à l’Ouest, ont beaucoup plus de chance d’être touchées.

Avec 8 systèmes dépressionnaires par an en moyenne, la Polynésie fait partie d’une zone relativement préservée du risque cyclonique dans le Pacifique. L’année passée le cyclone Harold, avec des vents atteignant par moment les 269 km/h n’a fait que « tangenter »  le bassin polynésien. « Il faut remonter à 2010 et Oli pour trouver un cyclone qui a touché la Polynésie, reprend la climatologue. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dépressions tropicales et on pourrait en avoir cette année. Elles ne vont peut-être pas atteindre le stade à partir duquel elles sont nommées, mais elles vont quand même pouvoir donner des épisodes de pluies ou de vent fort sur nos îles ».

La répartition des pluies sur la saison évolue d’année en année

Plus que les cyclones, ce sont les précipitations qui sont surveillées de très près, avec l’arrivée de la saison chaude. Et de ce point de vue la cuvée 2020-2021 pourrait décevoir certains. Le phénomène La Niña implique ainsi un décalage progressif de la « zone de convergence du Pacifique Sud » vers le Sud-Ouest. Ce qui veut dire que les Marquises, les Tuamotu et les Gambier ont toutes les chances de connaître d’importants déficits de précipitations dans les 6 prochains mois. Dans la deuxième partie de la saison, entre février et avril, les îles de la Société, et donc Tahiti, pourraient subir, elles aussi, une sécheresse relative. Seules les Australes devraient connaître des précipitations excédentaires pendant toute la saison.

Certaines partie du fenua, dont les îles de la Société, avaient déjà connue une saison chaude plutôt sèche l’an dernier. Les Marquises, avec un déficit de précipitation de 95% en décembre, ou Rapa, avec 85% de pluie en moins que la normale, ont même traversé un phénomène qualifié de « sécheresse extrême ». Mais comme le rappelle Victoire Laurent, ces pluies n’ont pas « disparu » mais sont simplement réparties différemment : plusieurs îles, des Tuamotu aux îles Sous-le-Vent, ont ainsi connu des épisodes diluviens en février après trois mois plutôt secs. Ces nouvelles répartitions, qui semblent perdurer d’année en année, posent des question en terme d’aménagement, pointe la climatologue.

 

 

Pas d’exercice cette année, « mais les personnels sont prêts »

Les autorités de l’État et du Pays profitent habituellement des dernières semaines avant la saison cyclonique pour exercer leur coordination. L’année dernière, à Rangiroa l’exercice Marara avait ainsi rassemblé l’Armée de Terre, de l’Air et la Marine mais aussi les agents de la Polynésie et de la commune. Cette année, le contexte sanitaire rend « peu opportun » ce genre d’exercice de grande ampleur qui implique des regroupements importants de personnel, pointe le Haussaire. « Mais tous les ans, nous avons des exercices qui permettent de tester les chaînes de réactions et aujourd’hui, elles sont rodées, insiste Dominique Sorain. Même s’il n’y a pas eu d’exercice cette année, il y a eu des formations pour les personnels nouvellement arrivés ».

 

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1 Commentaire

  1. 28 octobre 2020 à 7h33 — Répondre

    Une année 2020 a marquer d’une pierre noire, il serait bienvenue que nous ayons une Niña rafraichissante nous permettant d’espérer un été austral sans cyclone, ce serait une belle récompense pour toute la Polynésie qui ne devrait se consacrer, en tout et pour tout, qu’à la lutte contre un virus dont le côté « naturel » peut paraitre suspect tout de même.

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