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Pic de pollution record: 2e jour de circulation alternée à Paris

Paris (AFP) – La circulation alternée était imposée mercredi pour la 2e journée consécutive à Paris et sa banlieue, une première pour tenter d’infléchir le pic de pollution hivernal le plus intense et le plus long qu’ait connu la capitale depuis 10 ans.

Jeudi devrait voir encore un « possible dépassement du seuil d’alerte » pour les particules (concentration supérieure à 80 microgrammes/m3), a prévu Airparif.

« On est sur un épisode record depuis dix ans », a souligné Karine Léger, ingénieure au sein de l’organisme de surveillance de la qualité de l’air sur la région parisienne.

A l’origine de cette situation, des émissions liées surtout au chauffage au bois et au trafic, conjuguées à des conditions météo favorables au maintien des particules près du sol (peu de vent, températures qui créent un couvercle d’air chaud au-dessus de la ville).

Tour Montparnasse dans la brume, cartes de la pollution en rouge vermillon… le phénomène était frappant dans la capitale, mais il concernait aussi mercredi Dunkerque, Calais, Lille, Lyon ou les zones urbaines des pays de Savoie.

Ce genre de crise prolongée se produit plus souvent au printemps ou en été (printemps 2014 et 2015, ou pendant la canicule de 2003). En hiver, cela ne dure généralement qu’un jour ou deux.

Mais cette fois, l’épisode pourrait se maintenir jusqu’en fin de semaine, en raison du vaste anticyclone très stable installé sur toute une part de l’Europe, indique Airparif.

A Paris, le 1er décembre aura été une journée record, avec des concentrations de particules à 146 microgrammes/m3, alimentées par les émissions du chauffage au bois (qui pollue quand les cheminées n’ont pas d’insert) et du trafic routier.

Mardi, les concentrations ont atteint 100 µg/m3, notamment sur le nord de la région du fait d’un très léger vent de sud. Cette semaine, c’est le trafic qui contribue le plus au pic.

Pour la 4e fois en 20 ans, l’Etat a imposé mardi un dispositif de circulation alternée (avec cependant de nombreuses dérogations).

Mercredi, c’était au tour des plaques d’immatriculation impaires d’avoir le champ libre, et les transports en commun étaient de nouveau gratuits.

La circulation alternée pourra être « renouvelée jeudi si les taux de concentration mercredi le justifient », a dit le préfet de police Michel Cadot.

Le dispositif était cependant encore perturbé mercredi par l’interruption de la circulation du RER B entre Paris et l’aéroport de Roissy.

En début de journée le cumul des bouchons atteignait des niveaux « exceptionnels », selon le site Sytadin. Mardi, plus de 10.000 véhicules ont été contrôlés et 4.064 infractions relévées, selon la préfecture de police.

– Des dégâts pour la santé –

Un premier bilan d’Airparif pourrait être publié mercredi. Une précédente étude d’impact, en 2014, avait montré un trafic réduit de 18% et une pollution à – 20% aux heures de pointe.

Pour autant, il est largement admis que la circulation alternée n’est pas la panacée, d’abord parce qu’elle ne cible pas les véhicules les plus polluants. Un système de vignettes attribuées aux véhicules selon leurs niveaux d’émission pourrait changer la situation dès 2017, dans les villes volontaires (Paris, Grenoble…).

Mais c’est surtout la pollution de fond qui préoccupe les professionnels de santé, celle qui au quotidien expose encore un Parisien sur deux, tout au long de l’année, à des niveaux dépassant les seuils limites de la réglementation.

Certes la situation s’est améliorée: en 2007, 9 Parisiens sur 10 étaient concernés par cette surexposition. Depuis, des progrès ont été faits notamment du côté des industries.

Pour autant, la pollution de l’air reste à l’origine de 42.000 décès prématurés dans le pays, selon l’OMS, lui coûtant aussi plus de 100 mds d’euros annuels comme l’a montré un rapport sénatorial.

Les particules – qui noircissent les façades – provoquent notamment des affections respiratoires, tout comme le dioxyde d’azote (NO2), qui a aussi connu une poussée cette semaine.

Parmi les mesures prises dernièrement par l’Etat, les villes peuvent désormais imposer des zones d’accès restreint aux véhicules, comme c’est le cas dans plus de 200 centre-villes en Europe.

Mais globalement l’action est insuffisante, estiment les défenseurs de l’environnement, qui réclament notamment une fiscalité écologique plus incitative.

Des policiers contrôlent des véhicules le 6 décembre 2016 à Paris dans le cadre de la circulation alternée. © AFP

© AFP JACQUES DEMARTHON
Des policiers contrôlent des véhicules le 6 décembre 2016 à Paris dans le cadre de la circulation alternée

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