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Plongée : Une réforme de l’encadrement qui passe mal

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Le Pays, par le biais de la direction jeunesse et sports et du ministère du Tourisme, prépare une réforme de la réglementation de la plongée sous-marine. Un arrêté est en cours de rédaction pour fixer la liste des professionnels habilités à exercer la fonction de moniteurs de plongées. Mais deux camps s’opposent sur ce projet : ceux favorable à l’ouverture du marché aux instructeurs possédants des diplômes internationaux (Padi et SSI) et ceux qui craignent un nivellement de l’encadrement vers le bas.

Depuis 1992, seule une délibération réglemente la pratique de la plongée sous-marine en Polynésie. Le Pays travaille actuellement sur une loi de Pays destinée à mettre à jour la réglementation sur le fenua. Parallèlement, un arrêté doit être rédigé pour fixer la liste des diplômes autorisés pour exercer en tant que moniteur ou instructeur de plongée. Pour l’instant, seuls les brevets d’Etat français sont reconnus sur le fenua, mais il est aujourd’hui question d’ouvrir le marché aux brevets internationaux de types Padi ou SSI. Une ouverture qui fait grincer quelques dents du côté des brevets d’Etat. Selon un sondage réalisé par le syndicat des moniteurs de plongées, 46% des professionnels seraient opposés à l’ouverture du marché. Ils estiment que la formation Padi est beaucoup trop courte et que les éléments de sécurité sont mis de côté, comme l’explique Valérie Stoessel, représentante du syndicat des moniteurs de plongée.

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Des arguments peu convaincants du côté des pro-padi, comme Frédéric Thibur, détenteur d’un brevet d’Etat et de l’Instructeur Padi. Le responsable de la formation au club Eleuthera Plongée s’appuie sur la forte représentativité des moniteurs Padi à travers le monde pour justifier leur efficacité. Selon Frédéric Thibur, ouvrir le marché aux diplômes internationaux permettrait d’offrir « une reconnaissance internationale » à la plongée en Polynésie.

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« On peut comprendre que certains moniteurs qui disposent d’un effet de protection contre l’arrivée de ces instructeurs puissent y être opposés », tacle Frédéric Thibur. Et crainte il y a. Mais celle d’une « concurrence déloyale » face à des moniteurs « moins bien formés » et « moins bien payés », affirme Pascal Lecointre, président de la commission technique de la fédération polynésienne d’étude et de sport marin (FEPSM).

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Du côté des ministères des Sports et du Tourisme, on précise bien qu’il n’est « pas question d’ouvrir bêtement et subitement à tout et à tous le monde ». La volonté, nous indique-t-on, est bien d’ouvrir le marché aux plongeurs polynésiens. En effet depuis 2013 et la fin des passerelles d’examen avec la métropole, les Polynésiens ne peuvent plus passer de brevet d’Etat de plongée sur le fenua. Une solution a été trouvée : le BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). Mais le brevet ne donne pas une pleine autonomie aux plongeurs. L’ouverture des diplômes internationaux obtenus en Polynésie, avec des instructeurs sur place, donnerait donc plus de chance aux plongeurs polynésiens. Côté sécurité, la future loi de pays cadrera la pratique en fonction des aptitudes données par les diplômes, assure Claude Legrand, référent technique plongée subaquatique à la direction de la jeunesse et sport.

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Les travaux sur le projet de loi de Pays et sur l’arrêté sont encore en cours. Les rédacteurs espèrent présenter le texte au CESC dans le courant du mois d’avril puis à l’assemblée en juin.