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Pluie de louanges pour le "visionnaire" Rocard en France

Paris (AFP) – Une pluie de louanges pour « l’homme d’Etat », voire le « visionnaire », Michel Rocard continuait dimanche en France, de la métropole à la Nouvelle-Calédonie, traversant la classe politique et ramenant une apparence de concorde à gauche, avant un hommage national.

Cérémonie au temple protestant, hommage national aux Invalides et hommage au siège du Parti socialiste, l’ex-Premier ministre décédé samedi à 85 ans à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière avait laissé un testament « très précis » sur le triple hommage qu’il souhaitait à sa mort, a déclaré à l’AFP le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.

Si la date de l’hommage national, qui sera présidé par François Hollande et où l’ancien secrétaire général de la CFDT Edmond Maire devrait aussi parler, n’était pas encore connue, l’hommage rue de Solférino aura lieu vers 11 juillet.

Et une minute de silence est prévue lundi soir à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dont Michel Rocard fut longtemps maire.

Dimanche matin, François Hollande s’est rendu à la Pitié-Salpêtrière pour rendre un hommage personnel à Michel Rocard et saluer sa famille, a indiqué à l’AFP l’entourage du chef de l’Etat. Le Premier ministre Manuel Valls devait faire de même à la mi-journée pour saluer celui qu’il considère comme son « père en politique », auprès duquel il travailla à Matignon.

Atteint d’un cancer, Michel Rocard « subissait des traitements lourds, il préparait avec beaucoup de lucidité, de courage et sérénité ses derniers mois », a raconté François Hollande au JDD. Le président de la République a dit l’avoir vu il y a un mois pour la dernière fois, « fatigué mais parfaitement conscient », à la remise de la Légion d’honneur au peintre Pierre Soulages, « son ami ».

« Je l’avais vu il y a quelques jours et il pensait tenir sa réunion sur les pôles, dans quelques jours au quai d’Orsay », a affirmé le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron sur Europe 1/Le Monde/iTélé.

Toujours « en mouvement, en perpétuelle réflexion », comme sur la lutte contre le réchauffement climatique, « son horizon, c’était la planète », a souligné François Hollande.

L’artisan du RMI et de la CSG a marqué l’Histoire en jouant un rôle clef dans les accords de Matignon – un des plus beaux souvenirs de sa vie politique. « La Nouvelle-Calédonie pleure celui par qui elle a pu renaître, en 1988, avec Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, après une décennie de guerre civile », a souligné le centriste Philippe Gomes, à l’unisson des hommages sur le « Caillou ».

Depuis son décès, le théoricien de la « deuxième gauche », ex-Premier ministre socialiste à l’ambition présidentielle toujours contrariée et homme d' »utopies concrètes », suscite un élan convergeant dans un pays qui reste en pré-campagne présidentielle. 

« La vérité française, c’est que l’on ne sait plus ce qu’est la droite et la gauche », jugeait Michel Rocard en juin.

– Valls et Macron revendiquent l’héritage –

A droite, l’ancien président Jacques Chirac a rendu hommage à son « ami de jeunesse », qu’il connaissait depuis le début des années 1950, et à « un homme d’Etat » mêlant, « de manière rare, le goût des concepts et la capacité d’action », dans une déclaration transmise à l’AFP.

A gauche, un Jacques Delors ou un Lionel Jospin ont insisté à leur tour dimanche sur l’apport de Michel Rocard. 

Un « rôle essentiel » pour renouveler son camp, a retenu l’ancien président de la Commission européenne, regrettant qu’il n’ait pas été président de la République. Il y avait « des divergences très nettes entre François Mitterrand et Michel Rocard », mais il fallait « concilier les deux pour permettre au PS de revenir au pouvoir », a glissé le père de Martine Aubry.

L’ancien Premier ministre et ancien numéro un du PS a, lui, évoqué « un social démocrate épris de dialogue social », un « réaliste, mais pas un cynique, un modernisateur en économie (…) pas un néo-libéral ».

Dans la jeune génération, tant Manuel Valls qu’Emmanuel Macron, pourtant en désaccords réguliers, ont fait passer des messages codés sur l’héritage.

« Si Michel Rocard à un moment – mais on ne refait pas l’histoire avec des si – avait été président de la République, peut-être une grande partie des débats qui secouent la gauche seraient derrière nous », a lâché dimanche l’actuel locataire de Matignon.

Quant au fondateur du mouvement « En marche », il a considéré que « bien souvent la France a été injuste avec lui, elle a été injuste parce qu’elle n’a pas reconnu ses idées, l’originalité de celles-ci, elle a parfois été injuste au sein même de sa propre famille ».

Adepte du « parler vrai », Michel Rocard avait regretté dans sa dernière interview qu’Emmanuel Macron et Manuel Valls n’aient « pas eu la chance de connaître le socialisme des origines » et soient « loin de l’Histoire ».

L'ancien Premier ministre Michel Rocard dans son bureau à Paris, le 22 décembre 2010 . © AFP

© AFP/Archives JOEL SAGET
L’ancien Premier ministre Michel Rocard dans son bureau à Paris, le 22 décembre 2010

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