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Plus jeunes, plus connectés… Comment les usages numériques ont évolué au fenua

La Direction générale de l’économie numérique a présenté ce matin les derniers chiffres des usages numériques en Polynésie. Des données qui montrent une explosion de l’équipement en smartphone chez les moins de 15 ans, un effondrement de l’utilisation des tablettes ou des disparités géographiques toujours très marquées. 

Donner « des clés de lecture » au monde de l’enseignement. C’était l’objectif ce matin de Karl Tefaatau qui a présenté, en introduction du séminaire sur le numérique éducatif à la DGEE, les derniers chiffres sur les usages numériques au fenua. Des chiffres récoltés pour l’essentiel en 2019 et compilés en fin d’année dernière. Ils montrent, sans surprise, une utilisation de plus en plus jeune et de plus en plus mobile des outils numériques.

Ainsi, d’après le responsable de la DGEN, 79% des Polynésiens sont aujourd’hui équipés en smartphones, contre seulement 63% en 2017 et un maximum de 31% en 2013. Internet partout et pour tout le monde ? Pas sûr : à y regarder de plus près, seuls 44% des abonnés mobiles ont souscrit à une offre internet mobile. Une proportion en hausse plutôt lente (+4% en 2 ans) : les coûts restent donc un frein important.

Mais ces nouveaux chiffres mettent surtout en évidence la rapide conquête du numérique par les jeunes Polynésiens.  91% des 15-24 sont désormais équipés en smartphone – contre 46% chez les plus de 64 ans et 67 % chez les 55-64 ans – et les moins de 15 ans ont, eux aussi, de plus en plus souvent un portable. Plus impressionnant encore, ce taux d’équipement atteint 63% chez les 11-14 ans, 12% chez les moins de 11 ans, « une catégorie d’âge où on était proche de zéro il y a quelques années ». « La fracture générationnelle est là », pointe Karl Tefaatau, pour qui cette « explosion » de l’équipement des jeunes est à double tranchant. « Ça peut être un outil, mais ça peut aussi être inquiétant, puisqu’au niveau contenu, on trouve tout et n’importe quoi, note le directeur à l’adresse du monde enseignant. Charge à nous pour trouver les moyens pour utiliser ces outils au mieux ».

La présentation a aussi été l’occasion de pointer d’autres changements dans les équipements numériques, dont le « boom » de l’équipement en console de jeux, « qui servent aussi de terminaux de connexion à internet », comme le rappelle Karl Tefaatau, ou l’effondrement de l’utilisation des tablettes, un temps présentées comme l’avenir en matière de numérique. Les ordinateurs restent un élément de connexion importante : 70% des Polynésiens se connectent quotidiennement à internet sur un portable et 35% sur un poste fixe. Des taux qui tombent à 54 et 21% en dehors de Tahiti et Moorea.

Mais c’est surtout sur les utilisations qu’a voulu interpeller le responsable. Les réseaux sociaux restent la motivation de connexion la plus fréquente, avec 61% des Polynésiens qui s’y connectent tous les jours, pour une majorité plus d’une heure par jour. Et à ce jeu-là, c’est Facebook qui reste roi. 74% des internautes sont utilisateurs : la Polynésie est, en la matière, largement au dessus de la métropole, où il est de plus en plus considéré comme un « média de vieux » et où d’autres réseaux, comme Twitter, le concurrencent. Côté applications, seul YouTube parvient à combattre, même si des réseaux comme Instagram et Tik-Tok – principalement pour les moins de 20 ans – gagnent des parts de marché. Des résultats qui montrent, d’après Karl Tefaatau, que les habitudes de navigation polynésiennes sont plus à la découverte de médias (photos, vidéos…) qu’à la lecture de texte.

 

D’autres choses changent beaucoup plus lentement. « Aujourd’hui encore, la couverture 4G est très concentrée » sur Tahiti et Moorea et certaines zones des îles Sous-le-Vent, pointe le directeur de l’économie numérique. Même observation pour le raccordement à la fibre, très en dessous des objectifs fixés par le gouvernement et l’OPT. Le développement des câbles sous-marins Honotua, Natitua ou Natitua Sud ont fait avancer les possibilités de connexion. « Mais les câbles ne vont pas partout », rappelle Karl Tefaatau qui insiste sur la nécessité de continuer de développer la connexion par satellite. Seuls 45% des ménages avaient un accès à internet dans les archipels éloignés en 2019 contre 59% aux îles Sous-le-Vent et 70% à Tahiti. « La fracture géographique est toujours présent même si les écarts se sont réduits, reprend le responsable. Des actions gouvernementales engagées il y a plusieurs années commencent à porter leurs fruits. Mais les efforts doivent se poursuivre ».

À noter, enfin, que la télévision garde son emprise sur le fenua avec 92% des ménages équipés et deux heures de visionnage par jour en moyenne. Un quart du parc est aujourd’hui constitué de télévisions connectées, en faisant donc des outils numériques et interactifs à part entière.

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