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Pointe Vénus : les pêcheurs pas convaincus par le projet de salle de mariage


La mairie de Mahina projette de construire une salle de mariage « immergée » à la pointe Vénus, dans la petite baie où les pêcheurs lagonaires mettent leurs pirogues à l’eau. Certains expriment déjà leur inquiétude, mais la municipalité veut rassurer : rien n’est gravé dans le marbre, une concertation aura lieu.

La semaine dernière, la mairie de Mahina publiait, sur sa page Facebook, les plans d’une future salle de mariage « ceinturée d’eau et de symbole » à la pointe Vénus. Fini, donc, les cérémonies dans la grande salle de la mairie, où ont déjà lieu les conseils municipaux, certaines réunions et des séminaires. Le nouvel édifice, qui « tient à cœur » du tavana Damas Teuira et dont le dossier technique a été adopté à l’unanimité du conseil municipal, serait « immergée » à quelques mètres de la pointe et de son phare, dans le « petit bain » situé entre le parking et la pointe extrême de Te fauroa. Avec son ponton de 35 mètres, et sa conception tout en symboles (lire ci-dessous) l’aménagement promet des souvenirs inoubliables pour les mariés… Mais a déjà déclenché l’inquiétude chez certains usagers du site. Car la salle de mariage se trouverait à l’endroit même où la quinzaine de pêcheurs lagonaires de la zone mettent leurs pirogues à moteur à l’eau. Beaucoup, comme Edgard Teahui ont été surpris d’apprendre l’existence d’un tel projet. Comment les pirogues pourront-elles passer le ponton qui va être aménagé ? Vont-elles pouvoir rester sur le site ? Va-t-il y a voir des limitation de l’activité ? Le pêcheur, qui avait formé une association sur place dès 1997, « attend des réponses de la mairie » :


Pas d’opposition frontale, donc mais un appel à discuter du projet. Et c’est ce que compte faire la mairie. D’après Antony Pheu, directeur général des services de Mahina, plusieurs pêcheurs seraient déjà venu rencontrer le tavana à propos de la salle de mariage, et une concertation plus formelle devrait intervenir d’ici quelques mois. Rien n’est acté, insiste le responsable : « on commence à peine les travaux : faire les demandes administratives, faire les demandes auprès du procureur de la République pour l’attribution de la fonction salle de mariage et bien sûr mener une concertation plus large ». Une consultation « assez massive » devrait ainsi intervenir « début ou courant du deuxième semestre », après le retour des premiers avis des autorités de l’État et du Pays, qui vont être tous deux sollicités pour co-financer le projet à 38 millions de francs. Pour le DGS, le projet, qui doit « valoriser » la pêche lagonaire plutôt que de l’évincer ne devrait « pas être une gêne » pour les pirogues, puisque son emprise n’est pas totale dans la lagune. « Mais s’il y a une gêne, on va essayer de faire en sorte qu’elle disparaisse ».

À la pointe Vénus, les pêcheurs espèrent surtout que ce coup de projecteur sur le « petit bain » soit l’occasion de développer la pêche lagonaire. Par exemple en créant des abris à pirogues, pour l’instant protégées par des bouts de tôles. Ou en mettant en place une vraie réglementation de la pêche : « On pourrait mettre une saisonnalité sur l’utilisation des filets, interdire la pêche de nuit, reprend Edgar Teahui. Du côté Muriavai, c’est réglementé et il y a beaucoup de gens qui en profite. Si on réglemente aussi ici à Matavai, tout le monde sera content, le gâteau sera bien partagé ».

Mariage sous le niveau de la mer

Pour la mairie de Mahina, la salle de mariage de la pointe Vénus doit laisser un souvenir inoubliable aux époux. « Eux et leurs invités accéderaient à la salle par une rampe douce qui les ferait descendre littéralement dans l’eau, vers une plateforme immergée. La cérémonie aurait lieu au sec, mais sous le niveau de la mer, écrit la municipalité. Une cinquantaine de convives pourraient prendre place dans cette salle de près de 80m2, au centre de laquelle trônerait un pahu ». Un symbole fort auquel s’ajoutent les tifaifai « imprimés sur les stores microperforés qui protègeront du soleil, du vent et de la pluie », les « motifs de tatau dessinés sur le socle du pavillon ». Le bâtiment lui-même sera organisé comme les « compas stellaires utilisés dans la navigation polynésienne traditionnelle » : « 32 monolithes, installés tout autour d’un ponton flottant à fleur d’eau de 35 mètres de diamètres, permettront la lecture du compas depuis le centre de la plateforme immergée, par la projection de leur ombre sur la surface miroire du lagon ».

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1 Commentaire

  1. Claude Alix
    24 mai 2022 à 9h19 — Répondre

    N’importe quoi…
    Le projet est sympa mais j’ai bien peur qu’il ne voit pas le jour de sitôt.
    Avant d’y tremper les fesses, je réclamerais une batterie d’analyses des eaux, des sédiments bien solide et j’en tirerais les conclusions qui s’imposent.
    Je fais le pari qu’on va trouver un panel de métaux lourds, de toxiques et polluants divers , sans compter toute une faune de germes et autres cochonneries, à faire froid dans le dos.
    Sur ce spot, la vie a disparu. Les abords, le sol sont dénués de toute la faune et la flore qui proliféraient naturellement avant que la rivière ne se mette à cracher la pollution invisible, insidieuse et néanmoins radicale.
    Il y a 50 ans, ce spot était d’une richesse extraordinaire en biodiversité. Sur une surface dérisoire, la vie grouillait sur le sol, sous le sable, partout .
    Les olives noires, les cônes et autres coquillages fouisseurs dessinaient des arabesques sur le sable . Plein de crabes , de murènes enterrées dont , seule la tête émergeait du sable, de rori, de poissons , des chevrettes sous chaque touffe de plante à coté du pont, des kokopu , anguilles , c’était un festival.
    Au pied du remblai qui n’existait pas encore, on stockait les grandes pirogues en bois qui servaient à poser les filets à ature . car c’était plus profond .
    Ce trou où l’eau stagnait, était l’habitat d’une tribu de méduses qui restaient posées sur le sable têtes en bas et on évitait de s’y baigner.
    Cet environnement était aussi très spécial et abritait des nohu qui n’étaient pas posés , mais littéralement enterrés dans le sable. Il fallait repérer le croissant que dessinait l’intérieur de la gueule de la bête pour éviter de mettre le pieds dessus.. Où ça? Juste sur le petit plateau à fleur d’eau, celui où on fait jouer les petits enfants…
    C’est rassurant. Comme tout le vivant , visible, a disparu, on ne risque plus rien de ce coté là.
    Bon, chacun prend ses responsabilités mais si on m’invite, je décline.
    Je n’y mettrais pas les pieds, et encore moins les fesses.
    Vous arrivez avec le sourire et vous repartez avec des boutons, ou pire.
    A vos risques et périls, en quelque sorte, le coin est mal fréquenté, vraiment.
    Quand il y a problème, il y a une solution.
    Le préalable est clair, c’est de dépolluer le cours d’eau et là, cela va être gratiné.
    A bon entendeur, salut,

    Claude
    ,

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