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Policiers: des syndicats appellent à des rassemblements devant les tribunaux

Paris (AFP) – Débordés, ils tentent de reprendre la main: au neuvième jour du mouvement de grogne, des syndicats de policiers appellent à des rassemblements à la mi-journée devant les tribunaux pour dénoncer notamment le « laxisme » de la justice avec les agresseurs de forces de l’ordre.

Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, Synergie Officiers, l’Unsa et des syndicats de commissaires (SCPN, SICP) ont appelé  « des rassemblements silencieux devant les palais de justice » tous les mardis de 13H00 à 13H30.

Les syndicats entendent mettre à l’agenda la « révision du cadre juridique d’emploi des armes » et la « mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l’ordre et services de secours », créées sous la droite et abrogées sous François Hollande.

L’intersyndicale réclame également « l’alignement de la répression des outrages à personne dépositaire de l’autorité publique sur celle des outrages à magistrats dont les peines sont doubles ».

Pour l’Union syndicale des magistrats, (USM, majoritaire), « manifester devant les tribunaux est une énorme erreur ». « Vouloir faire pression sur les juges, c’est inadmissible », s’indigne auprès de l’AFP Céline Parisot, secrétaire générale de l’USM. 

« On peut comprendre la grogne des policiers quand ils demandent plus de moyens parce que cela touche à notre travail commun », affirment-t-elle, mais « la justice n’est pas laxiste, c’est faux ». « Le quantum moyen de peines fermes ne cesse d’augmenter. En 2012 c’était 6,9 mois, en 2015 c’est 8,4 mois », plaide-t-elle.

De son côté le syndicat Unité-SGP police FO, deuxième syndicat des gardiens de la paix, a appelé à une « marche de la colère policière et citoyenne » mercredi. Des marches et des rassemblements sont prévus dans 45 villes de France.

Les syndicats tentent ainsi canaliser le ras-le-bol exprimé jusqu’ici hors de tout cadre constitué par les policiers descendus dans la rue pour la première fois le 17 octobre en faisant fi de leur devoir de réserve à la suite de l’attaque aux cocktails Molotov de quatre de leurs collègues à Viry-Châtillon (Essonne) quelques jours plus tôt. 

– « Pas de leaders » –

Criant leur « ras-le-bol », en rupture avec leurs syndicats et leur hiérarchie, ils réclament notamment plus d’effectifs, plus de moyens matériels.

« La grogne gagne du terrain et on veut que ça passe par la base et non par les syndicats », affirmait encore lundi à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un policier des Hauts-de-Seine qui participe aux rassemblements dans la capitale.

Tout en soutenant les revendications, certains jugent toutefois que la méthode employée n’est pas la bonne. « On ne pensait pas que le mouvement prendrait une telle ampleur. C’est difficile de gérer tout ça, il n’y a pas de leaders », reconnaît l’un des instigateurs de la fronde dans l’Essonne.

Une nouvelle manifestation rassemblant quelques centaines de policiers s’est tenue lundi soir à Paris. « Nous sommes la police. Que les personnalités (politiques) traitent avec nous et pas avec les syndicats », a lancé au mégaphone Damien, l’un des participants.

Prudente, l’intersyndicale s’est dite « soucieuse de laisser la légitimité des mouvements à ceux qui les ont initiés ». 

En régions, « 200 à 300 » policiers ont manifesté dans la nuit de lundi à mardi à Toulouse, selon une source syndicale. C’est la manifestation de plus grande ampleur dans la Ville rose depuis le début du mouvement. Ils étaient aussi environ 300 à Béthune dans le Pas-de-Calais, une trentaine à Sedan dans les Ardennes. 

Après avoir rencontré les ministres de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, la semaine dernière, des représentants syndicaux seront reçus par François Hollande mercredi à 18H00. Les protestataires ont, eux, lancé un appel à se rassembler hors de tout cadre syndical peu avant, à 14H00, devant l’Assemblée nationale.

Rassemblement de policiers le 23 octobre 2016 sur le Vieux Port à Marseille. © AFP

© AFP BERTRAND LANGLOIS
Rassemblement de policiers le 23 octobre 2016 sur le Vieux Port à Marseille

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