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Policiers: le bras de fer se poursuit entre les manifestants et le gouvernement

Paris (AFP) – Concertations avec les préfets, rencontre avec François Hollande, appels à manifester pour plus de moyens : les policiers poursuivent la semaine prochaine leur bras de fer avec le gouvernement et leur hiérarchie, encouragés par une mobilisation grandissante que les syndicats tentent de canaliser.

Parti lundi de région parisienne, avec une spectaculaire manifestation nocturne sur les Champs-Elysées de policiers bravant leur devoir de réserve, le mouvement s’est propagé dans de nombreuses villes où les rassemblements sont devenus quotidiens.

Exaspérés par l’attaque au cocktail Molotov de quatre de leurs collègues, le 8 octobre à Viry-Châtillon (Essonne), après une éprouvante année d’état d’urgence, marquée par les attentats, les manifestations contre la loi Travail et l’Euro-2016, les policiers réclament plus d’effectifs, plus de moyens matériels et des peines sévères pour leurs agresseurs.

Depuis une semaine, le gouvernement s’emploie à apaiser leur colère et à balayer les critiques de l’opposition de droite, à quelques mois de l’élection présidentielle.

Alors que le mouvement se revendique apolitique et hors cadre syndical, le gouvernement a choisi de dialoguer avec les syndicats de policiers, qui tentent de revenir dans le jeu après avoir été débordés par l’initiative de leur base.

Après avoir rencontré les ministres de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, la semaine dernière, des représentants syndicaux doivent être reçus par François Hollande en début de semaine.

Ils lui exposeront des revendications précises, qui seront également martelées mardi lors de rassemblements, de 13H00 à 13H30, devant les palais de justice de France : la « révision du cadre juridique d’emploi des armes », la « mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l’ordre et services de secours », créées par la droite et supprimées par la gauche, et « l’alignement de la répression des outrages à personne dépositaire de l’autorité publique sur celle des outrages à magistrats dont les peines sont doubles ».

Ces rassemblements, à l’appel d’une intersyndicale regroupant Alliance (premier syndicat de gardiens de la paix), Synergie Officiers, l’Unsa et les deux syndicats de commissaires (SCPN, SICP), se répèteront ensuite chaque mardi.

– ‘Cahier de doléances’ –

Cette intersyndicale s’est en revanche fermement désolidarisée de la « marche de la colère policière et citoyenne » organisée le lendemain par Unité-SGP police FO.

« Soucieuses de laisser la légitimité des mouvements à ceux qui les ont initiés, les organisations membres de notre intersyndicale ne s’associeront pas à la prétendue +marche de la colère policière et citoyenne+, indécente opération de récupération », affirment ces syndicats dans un communiqué.

A Paris, le parcours envisagé mercredi mènerait le cortège de la place de la République à l’hôpital Saint-Louis, où l’adjoint de sécurité de 28 ans le plus grièvement blessé à Viry-Châtillon est toujours hospitalisé.

Parallèlement seront lancées lundi dans les départements les « réunions de concertation » sur les revendications policières, annoncées mercredi dernier par Bernard Cazeneuve.

Ces réunions se dérouleront sous l’égide des préfets et des directeurs départementaux de la sécurité publique (DDSP) avec pour thèmes principaux les conditions de travail, les matériels, la question des charges dites « indues » (notamment les gardes statiques), précise-t-on place Beauvau. 

Elles se tiendront dans un premier temps avec les représentants syndicaux avant d’être élargies aux personnels volontaires. Il s’agit de « faire remonter vers le ministère de l’Intérieur une sorte de cahiers de doléances » dont les conclusions « doivent être remises le 15 décembre » pour une « mise en application immédiate » dès 2017.

Ces propositions viendront compléter un plan « de sécurité publique », qui sera lancé en novembre. Le patron des policiers, Jean-Marc Falcone, doit livrer dans la semaine de premières propositions sur les moyens matériels.

« Il faut qu’on passe à une phase pour mieux équiper, rééquiper, donner plus de moyens » aux policiers des unités de sécurité publique, a estimé le directeur général de la police nationale (DGPN) vendredi. 

Les manifestants, eux, réclament sa démission après qu’il a jugé « inacceptable » la première manifestation sur les Champs-Elysées et demandé une enquête à l’IGPN, la « police des polices ».

Des policiers français manifestent à Paris le 20 octobre 2016. © AFP

© AFP BERTRAND GUAY
Des policiers français manifestent à Paris le 20 octobre 2016

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