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Policiers tués sur le périphérique: 12 ans de prison pour le chauffard

PARIS (AFP) – Le chauffard ivre et sans permis qui avait tué deux policiers en février 2013 en percutant leur voiture sur le périphérique parisien a été condamné mercredi à douze ans de prison par la cour d’assises de Paris.

L’avocat général, Julien Eyraud, avait requis une peine de 17 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers.

Malaminne Traoré, 25 ans, comparaissait pour « violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique ayant entrainé la mort sans intention de la donner », un crime passible de 20 ans de réclusion.

« La violence manifestée » dans ce dossier par l’accusé est « la macabre consécration d’un comportement asocial », a dénoncé l’avocat général. « C’est l’acte d’une personnalité qui n’a pas accès à la culpabilité », a-t-il estimé.

L’accusé est un multirécidiviste qui totalise dix condamnations, dont sept pour conduites sans permis, souvent en état d’ivresse.

« Si mes réquisitions sont aussi lourdes, presque inhabituelles, c’est aussi parce que les victimes sont des policiers qui sont là pour nous protéger », a justifié le représentant du ministère public, parlant de « faits gravissimes, d’un drame absolu ». « La République leur doit aussi une certaine protection et votre décision aura aussi du sens pour cela », a-t-il enjoint.

Le 21 février 2013, Boris Voelckel, 32 ans, et Cyril Genest, 40 ans, tous deux policiers au sein de la BAC Nord parisienne, ont été tués quand leur voiture a été percutée près de la porte de la Chapelle par un 4X4 qui avait été pris en chasse par la police. Le véhicule des policiers avait pris position sur le périphérique, précédant le fuyard poursuivi, pour ralentir la circulation et le bloquer. Un troisième policier, Frédéric Kremer, a été grièvement blessé dans l’accident.

– ‘Mettre en balance deux vies’ –

Malaminne Traoré sortait d’une discothèque. Il avait 1,4 gramme d’alcool par litre de sang, près de trois fois la limite légale, et était en défaut de permis.

« Quand M. Traoré est sorti de boîte de nuit, il s’est aperçu qu’un véhicule de police le suivait. Il a pris la décision de s’enfuir, d’engager un combat avec les services de police », a expliqué l’avocat général rappelant que le fuyard a évité deux véhicules de police dans sa course à 150 km/h avant d’un percuter un troisième.

« Il dit avoir été surpris par le dernier véhicule de police. Mais dans ce cas-là, on pile, c’est un réflexe. Mais M. Traoré n’a pas levé le pied de l’accélérateur », a-t-il fait souligné en parlant d’un acte volontaire.

Le magistrat s’est en revanche dit « dans l’incapacité de démontrer, sans un doute raisonnable, que l’accusé a eu l’intention de tuer les fonctionnaires de police ». Cette thèse avait pourtant été défendue par le parquet durant l’instruction.

En 2013, l’affaire avait provoqué une onde de choc dans la police et Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait réclamé « une justice impitoyable » pour le chauffard.

Ses avocats ont demandé aux jurés de ne pas se faire happer par l’émotion et de se fonder uniquement sur le dossier. Ils ont plaidé la thèse d’un acte involontaire.

Mon client avait la « maîtrise de son véhicule » avant la collision mais « le véhicule de police a changé de voie au dernier moment » et la présence d’un « camion lui a masqué la vue », a expliqué Me Yassine Bouzrou.

Malaminne Traoré était « fortement alcoolisé et souffrait d’une « maladie de la rétine » qui pouvait altérer son appréciation des distances, a-t-il ajouté. Enfin, a souligné l’avocat, « le seul but de mon client étant de s’enfuir, comment imaginer qu’il pensait pouvoir le faire en percutant à pleine vitesse une voiture de police et sans avoir bouclé sa ceinture de sécurité ? » L’avocat avait réclamé aux jurés « une décision juste que son client puisse comprendre ».

Le véhicule de police et le 4x4 qui l'a percuté, le 21 février 2013 sur le périphérique porte de la Chapelle à Paris. © AFP

© AFP/Archives KENZO TRIBOUILLARD
Le véhicule de police et le 4×4 qui l’a percuté, le 21 février 2013 sur le périphérique porte de la Chapelle à Paris

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