INTERNATIONAL

Pour ou contre le Brexit? Dans la rue, la bataille des militants

Londres (AFP) – « Plus fort en Europe! » contre « Votez pour sortir! »: à moins d’un mois du référendum sur la place du Royaume-Uni dans l’Union européenne, la bataille se joue aussi dans la rue, entre militants des deux camps, à coups de tracts et de slogans.

Il est 13H00 à Fitzrovia, petit quartier à la mode du centre de Londres où vécut jadis Arthur Rimbaud, et une foule dense se presse dans les ruelles à la recherche d’un restaurant ou d’un coin de pelouse pour avaler un sandwich.

C’est ici, sur le trottoir, à côté d’un vendeur à la sauvette de lunettes de soleil, qu’une poignée de militants de « Britain Stronger in Europe », la campagne officielle pour le maintien dans le bloc des 28, a installé un étal couvert de tracts glorifiant le rôle de l’UE pour « les droits des travailleurs » ou la lutte contre le « changement climatique ».

L’ambiance est conviviale, enthousiaste, on s’offre des cafés en écoutant du blues sur une enceinte Bluetooth.

Sheila Hawkins, retraitée, manteau lilas à capuche et carré à frange, s’est portée volontaire pour empêcher le « désastre » que constituerait à ses yeux un Brexit.

« Je me suis dit: +Arrête de te faire du mouron, bouge-toi et fais quelque chose+ », confie-t-elle.

-Paix et souveraineté-

L’un de ses premiers clients est Awo Davis, 45 ans et indécis, qu’elle tente de convaincre en déroulant une série d’arguments économiques.

Las, Awo, fait de la résistance. « L’UE, mouais… je ne suis pas complètement convaincu », dit-il en jugeant « biaisées » les informations circulant sur le sujet.

Le flot des passants déverse aussi son lot d’europhiles, à l’instar d’Haran, un étudiant de 19 ans, coupe branchée et blouson vert, qui s’arrête brièvement au stand pour récupérer un autocollant de la campagne.

Les tenants d’une sortie de l’UE « croient qu’ils réussiront à s’en sortir, mais tout ça, c’est des conneries », lâche-t-il. « Les entreprises souffriraient, et on plongerait tout droit dans la récession ».

Et quand on parle du loup, voici Clive Poole, pro-Brexit de 57 ans qu’une autre volontaire, Jannet Taylor, retraitée aux cheveux cuivrées, veut persuader de rester dans le giron européen:

-Vous tourneriez le dos à ceux qui ont combattu pour l’Europe? A la paix qu’elle nous a apportée? interroge-t-elle, d’une voix tremblante, gagnée par l’émotion.

-Là, vous allez me dire que c’est l’UE qui protège l’Europe, répond Clive avec une moue ironique.

-Mais c’est le cas!

-Et l’Otan, ça vous dit quelque chose? riposte-t-il du tac au tac. Je voterai pour sortir, pour qu’on puisse revenir à des lois faites par des élus dont on peut se débarrasser. Vous n’aimez pas David Cameron? Vous pouvez le virer. Vous n’aimez pas Jean-Claude Juncker? Il n’y a rien que vous puissiez faire pour vous en débarrasser.

-Redonner une « identité »-

Autre lieu, autre ambiance, autres troupes: celles de « Vote leave », la campagne pro-Brexit, qui ont pris position dans un lotissement populaire de Croydon, en périphérie sud de Londres, pour une séance de démarchage.

Pile de tracts sous le bras, James Bradley, 38 ans, frappe à la porte d’un modeste pavillon. Quelques secondes plus tard, une femme, Desiree Peacock, 60 ans, apparaît sur le perron, une boîte de conserve ouverte à la main.

-Madame, je vous prie de m’excusez, je m’appelle James et je fais partie de la campagne Vote Leave…

-Je voterai pour sortir, le coupe-t-elle tandis qu’une petite chienne blanche se faufile entre ses jambes en jappant joyeusement.

Le référendum, argumente-t-elle, sera l’occasion de redonner au Royaume-Uni une « identité » perdue, la faute à Bruxelles et à ses dirigeants, qu’elle juge dépourvus de légitimité, ou encore à l’immigration.

Quelques maisons plus loin, un homme, Marcin Kurdzialek, Polonais de 34 ans, regarde avec curiosité le va-et-vient des militants. N’étant pas Britannique, il ne participera pas au vote, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un avis sur la question.

« Si le Royaume-Uni n’avait pas été dans l’UE, je ne serais pas là », souligne cet entrepreneur dans le bâtiment en expliquant avoir réussi sa vie en terre britannique.

« Je serais désolé que d’autres n’aient pas les mêmes chances que moi ».

Joy, une partisane de "Vote leave", la campagne pour l'Union européenne à Londres le 29 mai 2016. © AFP

© AFP DANIEL LEAL-OLIVAS
Joy, une partisane de « Vote leave », la campagne pour l’Union européenne à Londres le 29 mai 2016

Article précedent

Les forces irakiennes entrent dans Fallouja, bastion de l'EI

Article suivant

Viol collectif à Rio: le commissaire remplacé après son interrogatoire contesté

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Pour ou contre le Brexit? Dans la rue, la bataille des militants