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Pourquoi l’arrêt des vols vers certaines îles va faire gonfler les dépenses de santé

Air Tahiti ne dessert à l’heure actuelle que 10 îles, et bientôt 19, à des fréquences moindres que dans l’avant-crise, quand la compagnie couvrait 48 destinations. ©D.R.

Difficultés financières obligent, Air Tahiti ne devrait pas reprendre la desserte de certaines îles dans les mois à venir. Un arrêt qui pourrait avoir des conséquences sanitaires pour les habitants, et financières pour la collectivité, a expliqué le ministre de la Santé Jacques Raynal ce jeudi soir. À défaut de vols réguliers, les autorités devront davantage se reposer sur les coûteuses évasans, ou sur les tournées de « consultations médicales avancées ».

Aux dix destinations déjà rouvertes depuis la semaine dernière, Air Tahiti devrait en ajouter 9 autres dans une dizaine de jours. Son programme de vols comprend en effet, à partir du 11 juin, une rotation hebdomadaire vers Mataiva, Ahe, Arutua, Manihi, Hao, Makemo, Rikitea, Raivavae et Rimatara. Mais la compagnie domestique, qui comme tout le secteur aérien, est profondément ébranlée par la crise, reste loin de son réseau d’avant-confinement. Fin mars, elle desservait encore 48 destinations. Son directeur, Manate Vivish, a été très clair, ces derniers jours, sur « l’impossibilité d’assurer seul » l’exploitation de lignes déficitaires, vers les plus petites îles du fenua. Un appel du pied au Pays, qui n’a pour l’instant pas trouvé de réponse officielle.

Maupiti, Aratika, Nukutavake, Reao, Tureia, Vahitahi, Takapoto ou encore Ua Pou ou Ua Huka… Beaucoup de communes s’attendent donc à ne pas être reliées par des lignes aériennes au moins pour plusieurs mois. Une situation qui soulève beaucoup de questions, notamment du point de vue sanitaire, comme l’a pointé ce jeudi soir, Jacques Raynal. « On pourra observer dans ces îles des nécessités d’évacuations sanitaires urgentes, explique le ministre de la Santé, qui coûteront bien évidemment plus cher qu’un billet d’avion sur une ligne régulière ».

Les évacuations sanitaires inter-îles représentent déjà un poste de dépense important pour la CPS. En 2018, elle a déboursé près de 650 millions de francs pour quelques 3 400 évasans « urgentes ou semi-urgentes ». Auxquelles s’ajoutent 32 000 « évacuations programmées » pesant près de 1,3 milliards de francs.

Davantage de tournées de « consultations spécialisées avancées »

Pour éviter l’explosion des urgences, les autorités réfléchissent à faire évoluer leur système de prévention. « On va organiser des tournées dans les îles pour assurer les consultations spécialisées, notamment en cardiologie, pour les femmes enceintes, et d’autres pathologies comme le diabète », annonce Jacques Raynal. La direction de la Santé gère déjà, en collaboration avec la CPS et le CHPF, un programme de « consultations spécialisées avancées », qui consiste à déplacer des équipes médicales tout autour du fenua. « Peut-être faudra-t-il se focaliser sur ces îles où il n’y aura pas de vols réguliers avant quelques mois probablement », précise le ministre. Des tournées qui ont, elles aussi, un coût important pour la collectivité.

Jacques Raynal lors du point presse de la cellule de crise sanitaire du Pays, ce jeudi 28 mai, aux côté de l’interprète Fanny Wittmer. ©C.R.

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1 Commentaire

  1. Foray
    29 mai 2020 à 9h08 — Répondre

    Apprendre à la population polynésienne à se nourrir sainement pour demeurer en bonne santé : ça devrait être le premier objectif de la CPS !

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