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Près de La Mecque, les pèlerins se préparent au rituel de la lapidation

La Mecque (Arabie saoudite) (AFP) – Plus de 1,8 million de musulmans se sont rassemblés dimanche sur le Mont Arafat pour l’étape la plus importante du grand pèlerinage de La Mecque, endeuillé l’année dernière la pire tragédie de son histoire.

Après le coucher du soleil, les croyants ont reflué sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer à célébrer lundi l’Aïd Al-Adha, la fête du Sacrifice, et se consacrer au rituel de la lapidation de Satan à Mina, où près de 2.300 pèlerins avaient trouvé la mort il y a un an dans une bousculade meurtrière.

« C’est la quatrième fois que j’accomplis le hajj », le grand pèlerinage annuel à La Mecque, dit Mohammad Khyara, un Syrien de 51 ans, en ramassant à Mouzdalifa, selon la tradition, des cailloux pour la lapidation des stèles représentant Satan.

Un peu plus loin, Bachar Iatabi, un Saoudien de Ryad, assis en tailleur sur un drap avec des amis, mange du riz. Il se dit « très heureux » et espère « que tout ira bien jusqu’à la fin du hajj », qui est un des cinq piliers de l’islam.

Sur les quelques kilomètres séparant Arafat de Mouzdalifa, que certains pèlerins parcourent à pied, des dizaines de bus forment un énorme embouteillage. Certains klaxonnent.

Dans la journée, les fidèles, tout de blanc vêtus –la couleur de l' »ihram », les deux pièces de tissu que doivent porter les hommes– s’étaient pressés vers l’imposante mosquée Namira et le Jabal al-Rahma, « le Mont de la Miséricorde » en arabe.

Sous une chaleur brûlante, des camions postés à intervalles réguliers distribuaient des bouteilles d’eau aux pèlerins, qui s’aspergeaient la tête.

Des gens tendaient des draps entre deux bus pour faire de l’ombre. Des ambulances et des hélicoptères du Croissant-Rouge passaient régulièrement.

– ‘En face de Dieu’ –

Pour la prière de la mi-journée, des centaines de milliers de fidèles se sont prosternés, femmes et hommes côte à côte, la foule couvrant l’ensemble des larges allées qui séparent les différents campements.

« J’ai l’impression de me tenir exactement en face de Dieu », dit avec émotion Khadem Ndyaye, un Sénégalais de 47 ans, qui effectue son premier hajj. 

Quelques heures auparavant, au lever du soleil, pour la première des cinq prières de la journée, ils étaient déjà des milliers accroupis, debout ou escaladant les marches creusées dans la rocaille du mont Arafat, couvert de rochers polis par le vent et le temps.

« C’est le plus beau moment de ma vie », affirme dans un grand sourire Ahmed Salmane, comptable égyptien. « Je me trouve dans le plus bel endroit du monde, celui où plus d’un milliard de musulmans à travers le monde rêvent d’être », poursuit-il, pendant que des dizaines de pèlerins reprennent en choeur les invocations traditionnelles du hajj.

En contrebas, une cohorte de pèlerins continue d’affluer de et vers les campements érigés pour les accueillir après avoir entamé la veille leur pèlerinage dans la vallée voisine de Mina, près de La Mecque.

« Tout le monde ici partage la même joie, des gens de toutes les couleurs et qui parlent toutes les langues sont tous réunis ici pour la même chose: glorifier Dieu », dit Chadli Rouissi, un Tunisien de 61 ans.

– ‘Ligne rouge’ –

A partir de lundi, la lapidation de Satan, lors de laquelle les pèlerins jettent symboliquement des cailloux sur des stèles, va constituer un moment à haut risque du hajj.

Le 24 septembre 2015, le rituel avait tourné au cauchemar: quelque 2.300 pèlerins, dont 464 Iraniens, avaient péri dans une gigantesque bousculade.

Ryad, qui n’a toujours pas annoncé les résultats de son enquête sur le drame, assure avoir pris cette année des mesures, notamment en équipant des pèlerins d’un bracelet électronique stockant leurs données personnelles.

« Les Saoudiens organisent tout pour nous, on est vraiment à notre aise », se félicite Youssef al-Mehri, un Omanais  de 24 ans, parapluie blanc au-dessus de la tête et tapis de prière orangé sur l’épaule.

Au total, 1.855.406 pèlerins participent cette année au pèlerinage, dont 1.325.372 venus de l’étranger, selon les autorités.

Mais pour la première fois depuis près de 30 ans, il n’y a pas de contingent venu d’Iran. 

En dépit de négociations, l’Iran chiite et l’Arabie sunnite, les deux puissances régionales rivales, ne se sont pas entendues sur les modalités d’envoi d’Iraniens au pèlerinage. Depuis, c’est la guerre des mots entre Ryad et Téhéran, aux rapports déjà tendus.

Dirigeant la prière de midi au Mont Arafat, cheikh Abderrahman al-Soudeis, responsable des affaires des Lieux saints musulmans, a souligné que la sécurité « était une ligne rouge à ne pas franchir par des slogans politiques ou confessionnels », une allusion à l’Iran, accusé par Ryad de chercher à politiser le hajj.

Des centaines de milliers d’Iraniens ont convergé ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution.

Des milliers de pèlerins musulmans rassemblés sur le Mont Arafat, au 2e jour du Hajj, le 11 septembre 2016 à La Mecque, en Arabie Saoudite. © AFP

© AFP AHMAD GHARABLI
Des milliers de pèlerins musulmans rassemblés sur le Mont Arafat, au 2e jour du Hajj, le 11 septembre 2016 à La Mecque, en Arabie Saoudite

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