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Présidentielle au Gabon: la pression monte sur Ali Bongo

Libreville (AFP) – La pression est soudainement montée mercredi à la mi-journée sur les épaules du président sortant du Gabon, Ali Bongo Ondimba, dont le camp revendique la victoire à l’élection présidentielle tout comme son rival, l’opposant Jean Ping, à l’heure d’une réunion décisive de la commission électorale.

Fait unique dans l’histoire politique de ce petit pays pétrolier pays d’Afrique centrale, le secrétaire général du Parti démocratique du Gabon (PDG), le parti au pouvoir depuis des décennies, a pris ses distances avec le président et fils de son prédécesseur, Omar Bongo, 41 ans de règne.

Le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, numéro deux du parti derrière M. Bongo, a encouragé la commission électorale « à prendre toutes les dispositions idoines afin de publier des résultats fondamentalement crédibles ».

– Huis clos –

Cette déclaration intervient  alors que la commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) doit valider des résultats officiels provisoires, qui doivent être ensuite lus par le ministre de l’Intérieur.

En réunion plénière de la Cénap, les délégués de M. Jean Ping contestent les résultats dans une des neuf provinces du pays, le Haut-Ogooué, fief de l’ethnie Téké des Bongo.

M. Bongo obtiendrait dans cette province 95,46% des suffrages, avec une participation de 99,93% pour 71.714 inscrits, d’après le procès-verbal qui doit servir de base au débat, auquel l’AFP a eu accès.

Ce score permettrait au président-candidat de remporter la victoire avec 49,80% au niveau national, contre 48,23% pour son rival Jean Ping, avec un taux de participation globale de 59,46%, toujours selon ces documents provisoires. 

Ce qui représente au niveau national une différence de 5.594 voix en faveur de M. Bongo devant M. Ping sur 627.805 électeurs inscrits.

Les pressions sur les épaules de M. Bongo sont aussi venues de la France, l’ex-puissance coloniale, et de l’Union européenne (UE).

– Transparence et impartialité –

A Paris, le porte-parole du quai d’Orsay a demandé aux autorités « d’assurer transparence et impartialité dans la publication des résultats ». « De même, les éventuelles contestations qui suivront devront emprunter les voies de recours ouvertes par la loi », a-t-il ajouté.

Bruxelles a pour sa part demandé aux autorités gabonaises de « publier les résultats par bureau de vote », et non au niveau national, au nom d' »une pleine transparence », dans une déclaration du bureau de la chef de la diplomatie européenne, Fédérica Mogherini.

Dans l’attente des résultats, les deux principales villes du Gabon, Libreville et Port-Gentil, continuaient de tourner au ralenti, comme mardi.

Dans le centre de Libreville, le dispositif policier et militaire reste important, et des barrages ont été réinstallés autour du siège de la présidence sur le front de mer, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les habitants sortent timidement, à pied le plus souvent, faute de taxis généralement très nombreux. Les commerces ouvrent leur rideau sans exclure de finir la journée plus tôt que prévu, comme la veille.

Habitués à la paix civile, les Gabonais se souviennent des troubles post-électoraux de 2009 dans la capitale économique Port-Gentil (morts, pillages, consulat de France incendié…).

Des partisans de Jean Ping se relaient devant son siège de campagne. « C’est sûr que l’on est impatient mais on va rester là jusqu’à ce que l’on proclame ces résultats. On est déterminé », a affirmé à l’AFPTV une militante, Célestine.

Yannick, lui aussi, « attend juste la proclamation »: « on sait déjà qui a gagné! Le coup de force ça a marché en 2009, mais là ça ne marche pas ».

Mardi, M. Ping, 73 ans, a répété qu’il se considérait vainqueur de cette élection. L’entourage du président Bongo évoquait également depuis samedi une « avance » qui lui garantirait la victoire.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon les a appelés tous deux mardi à « la retenue ».

Ex-baron du régime du président Omar Bongo, opposant tardif après l’élection de son fils Ali en 2009, Jean Ping, 73 ans, prétend renverser la famille au pouvoir depuis 1967.

Ali Bongo, 57 ans, a défendu son bilan avec des « investissements sans précédent » et la diversification de l’économie, en promettant « l’égalité des chances » et de faire mieux pour le logement.

Réunion de la commission électorale gabonaise, le 31 août à Libreville. © AFP

© AFP STEVE JORDAN
Réunion de la commission électorale gabonaise, le 31 août à Libreville

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