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Prêtre assassiné: nouveaux rassemblements interreligieux, deux gardes à vue se poursuivent

Saint-Etienne-du-Rouvray (France) (AFP) – De nouveaux rassemblements interreligieux marquent la journée de samedi, signe de l’émotion qui demeure dans le pays quatre jours après l’assassinat d’un prêtre par deux jihadistes à Saint-Étienne-du-Rouvray, tandis que l’enquête continue avec la poursuite de deux gardes à vue.

Une « marche de la fraternité » part dans le centre de Lyon à 15H00, à l’appel du conseil régional du culte musulman. Une cérémonie est prévue un peu plus tard dans une église de Bordeaux. Et à la nuit tombante, une veillée de prières aura lieu à Sainte-Thérèse, la deuxième église de Saint-Etienne-du-Rouvray. L’autre édifice catholique, Saint-Etienne, où le Père Jacques Hamel, 85 ans, a été égorgé mardi matin, n’a pas encore pu être rendu au culte.

Vendredi déjà, des fidèles musulmans et chrétiens avaient tenu à partager un moment de fraternité en se rendant successivement à Sainte-Thérèse et à la mosquée Yahia de la ville. Ils étaient 200 à marcher à Toulouse, autant à La Rochelle, 70 à 80 à Périgueux.

– « Accueil fraternel » –

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a invité les fidèles du Prophète à se rendre dimanche à la messe pour exprimer « solidarité et compassion », et la Conférence des évêques a appelé les paroisses à leur réserver un « accueil fraternel ». Le président du CFCM, Anouar Kbibech, assistera à une messe en la cathédrale d’Evry puis à une autre à Notre-Dame de Paris.

Côté enquête, un jeune homme de 19 ans, « fiché S » (signalé pour radicalisation), arrêté le 25 juillet dans une enquête distincte des services de renseignement, a été mis en examen vendredi. Une vidéo d’un des deux assaillants de Saint-Etienne-du-Rouvray, Abdel Malik Petitjean, dans laquelle celui-ci prêtait allégeance au groupe État islamique (EI) et évoquait « une action violente », avait été trouvée dans un téléphone à son domicile.

Deux personnes étaient en outre toujours en garde à vue samedi, tandis que celle d’un mineur de 16 ans a été levée.

Le mineur n’en a toutefois pas fini avec la justice: des documents de propagande jihadiste ont été retrouvés dans son téléphone ainsi que dans son ordinateur, et ces éléments ont été transmis par le parquet de Paris à son homologue de Rouen, territorialement compétent et qui pourrait décider d’ouvrir une procédure distincte pour « apologie du terrorisme ».

Son frère intéresse les enquêteurs: proche de l’un des deux tueurs, Adel Kermiche, il est parti dans la zone irako-syrienne en 2015 et les services antiterroristes se demandent s’il a pu jouer un rôle depuis la Syrie dans l’attentat de mardi. 

Un cousin d’Abdel Malik Petitjean, âgé de 30 ans, était toujours en garde à vue. Les enquêteurs se demandent s’il avait connaissance des funestes projets de son cousin. Quant au second gardé en vue, un demandeur d’asile syrien, la photocopie de son passeport a été retrouvée au domicile d’Adel Kermiche.

Par ailleurs un mineur de 17 ans, qui avait tenté de partir en Syrie en 2015 avec Adel Kermiche, a été arrêté à Genève quelques jours avant l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray après une nouvelle tentative. Il a été remis à la France, mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et placé en détention provisoire. A ce stade, « rien ne montre qu’il ait une quelconque implication » dans l’attentat, a averti une source proche de l’enquête.

– Dialogue avec les religieuses –

Le déroulé du drame se précise. Dans une interview à l’hebdomadaire La Vie, les deux religieuses qui avaient été retenues à l’intérieur de l’église ont raconté qu’un dialogue s’était engagé avec les deux jihadistes après l’assassinat du prêtre. « Tant qu’il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats », leur a dit l’un des deux hommes. Interrogée samedi par l’AFP, soeur Danielle a indiqué que l’un d’entre eux était entré dans l’église quelques minutes avant l’attaque pour demander un renseignement.

Dans une interview au Monde daté de samedi, le Premier ministre Manuel Valls a pour sa part admis un « échec » dans le suivi judiciaire d’Adel Kermiche, qui était placé sous surveillance électronique et faisait l’objet d’une fiche S. 

Abdel Malik Petitjean était lui fiché S depuis le 29 juin. 

Des musulmans observent une minute de silence devant l'église Saint-Etienne-du-Rouvray, le 29 juillet 2016 en hommage au prêtre tué Jacques Hamel. © AFP

© AFP CHARLY TRIBALLEAU
Des musulmans observent une minute de silence devant l’église Saint-Etienne-du-Rouvray, le 29 juillet 2016 en hommage au prêtre tué Jacques Hamel

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