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Primaire de droite: les huit candidats très probablement en lice

Paris (AFP) – La Haute Autorité devrait annoncer mercredi une liste de huit candidats à la primaire de la droite pour 2017, sept appartenant au parti Les Républicains, un au Parti Chrétien-démocrate. 

— Nicolas Sarkozy, 61 ans, ex-chef de l’État.

Boulimique de la politique, Nicolas Sarkozy a accepté de se plier à une primaire inédite à droite pour tenter de réussir le premier retour d’un ex-chef de l’État à l’Élysée. Après une semi-retraite de plus de deux ans, cet homme petit et râblé qui soigne sa ligne s’était fait élire président de l’UMP (rebaptisée Les Républicains) fin 2014, avant d’en démissionner en août pour être candidat. « Moi, j’ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe », affirme cet avocat de formation. 

« Je parle aux Français, qui ont été déçus par la politique, déçus par moi sans doute, (…)  à tous les Français, quels que soient la couleur de leur peau, leur religion, leur âge, leur statut social. Je suis un homme passionné de mon pays. Je veux les convaincre tous qu’il y a une solution pour la France », lançait-il jeudi dernier sur France 2. 

M. Sarkozy est celui qui a réuni le plus grand nombre de parrainages (plus de 20.000 adhérents, plus de 1.000 élus, 103 parlementaires).

Le parquet de Paris vient de demander son renvoi en correctionnelle dans l’affaire Bygmalion, une perspective qui pourrait assombrir sa campagne. 

Nicolas Sarkozy est marié à la chanteuse et ex-mannequin Carla Bruni-Sarkozy avec qui il a une petite fille. Il est également père de trois fils. 

— Alain Juppé, ancien Premier ministre, 71 ans.

Il est le favori des sondages. Après une retraite au Québec pendant deux années, à la suite de sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, il s’était fait réélire maire de Bordeaux pour la quatrième fois à l’automne 2006, puis avait intégré le premier gouvernement  de Sarkozy en 2007 (Écologie) mais avait dû en démissionner après son échec aux législatives en Gironde. En 2010, il revient comme ministre de la Défense, puis de 2011 à 2012, il est ministre des Affaires étrangères. 

Longtemps considéré comme un surdoué de la droite, un des politiques les plus intelligents de sa génération – « le meilleur d’entre nous », dira Jacques Chirac – M. Juppé s’est construit ces dernières années une image de « sage » au sein de l’UMP. Il s’était efforcé de ramener de la sérénité au sein du mouvement, menacé d’implosion lors de la guerre Copé/Fillon pour sa présidence, fin 2012.

Normalien, énarque et inspecteur des Finances, fils d’un agriculteur du Sud-Ouest né à Mont-de-Marsan (Landes), il a incarné une image de la réussite technocratique française, avec pour corollaire une réputation de raideur. 

M. Juppé est marié à une ex-journaliste, Isabelle, avec qui il a une fille. Il a également deux enfants d’un premier mariage.

— François Fillon, 62 ans, ancien et unique Premier ministre de Sarkozy

Ce proche de Philippe Seguin, se réclamant du gaullisme social et qui avait dit « non » au traité de Maastricht fondateur de l’euro, a été plusieurs fois ministre de Jacques Chirac (Éducation,  technologies de l’information, Affaires sociales…). Il a été le candidat malheureux à la présidence de l’UMP fin 2012, contre son rival Jean-François Copé, qu’il accuse d’avoir triché pour gagner. A Matignon, « il m’est arrivé d’avoir des doutes et des désaccords » avec Sarkozy et « parfois, j’ai serré les dents », a-t-il récemment affirmé. 

A la fois discret et ambitieux, « inénervable », comme il le dit au prix d’un néologisme, M. Fillon était devenu en 1981 à 27 ans le plus jeune député de l’Assemblée. Il avait depuis été constamment réélu dans la Sarthe, qu’il a finalement quittée pour Paris en juin 2012. 

Très bas dans les sondages qui le placent au mieux à la troisième place derrière Juppé et Sarkozy, il compte sur les débats de la primaire pour remonter la pente. L’ex-Premier ministre qui s’était dit « à la tête d’un État en situation de faillite » en 2007, a un projet très fouillé de « libéralisation intensive de notre économie », qu’il qualifie de « radical ». 

Il est marié à une Galloise, Pénélope, avec qui il a cinq enfants.

— Bruno Le Maire, 47 ans, ancien ministre (Agriculture)

Député de l’Eure, auto-proclamé « candidat du renouveau », M. Le Maire a été le directeur de cabinet de Dominique de Villepin, alors Premier ministre. Il a été le challenger de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP fin 2014, atteignant le score de près de 30%, ce qui en a fait une personnalité incontournable du parti.

Après avoir troqué ses costumes cravate pour le jean et le col roulé, l’ancien ministre, parfait germanophone et sur-diplômé (agrégation de lettres modernes où il fut reçu premier, Sciences Po, ENA), a réussi à casser son image de technocrate un peu froid, accentuée par une silhouette élancée, les cheveux poivre-et-sel et yeux bleus.

L’un des premiers à droite à prôner la fin du cumul des mandats, il veut renouveler un système politique « à bout de souffle ». Il a écrit plusieurs livres, dont « Jours de pouvoir » sur les coulisses de la politique, et des romans.

Pointant en troisième position dans les sondages, parfois rattrapé par M. Fillon, il a présenté samedi à Sète (Hérault) un « contrat présidentiel » très détaillé pour entrer de plain-pied dans la compétition. « Le débat ne peut pas se restreindre à ceux qui promettent tout et son contraire et ceux qui ne proposent de ne toucher à rien », résumait-il dans le Figaro samedi. 

Son épouse, Pauline, est artiste-peintre. Ils ont quatre fils.

— Jean-François Copé, 52 ans, ministre sous Jacques Chirac

M. Copé s’est retrouvé au purgatoire politique après sa démission forcée de la présidence de l’UMP, en juin 2014, en raison de l’affaire Bygmalion, dans laquelle il n’a finalement pas été mis en examen. Il s’était alors replié sur sa ville de Meaux, dont il est le député-maire, observant une « diète médiatique » d’un an et demi. Chantre de « la droite décomplexée », il se veut le défenseur de « la France des boucs-émissaires » et des « pointés du doigt ».

D’une nature profondément optimiste, ragaillardi par sa mise « hors de cause » dans cette affaire Bygmalion, très offensif dans ses meetings, M. Copé promet la « vraie rupture », non concrétisée selon lui par la droite au pouvoir, notamment sous Nicolas Sarkozy. Il surnomme ses principaux concurrents, Juppé, Sarkozy, Fillon et Le Maire, de  « bande des quatre ». « Je suis le cinquième élément », dit-il. Les sondages le donnent à 2% au plus.

M. Copé avait été ministre de 2002 à 2007 (notamment ministre délégué à l’Intérieur et au Budget), également porte-parole du gouvernement, mais n’avait jamais été appelé au gouvernement sous le quinquennat Sarkozy. Il en garde une dent contre l’ex-chef de l’État à qui il reproche (notamment) de ne pas avoir tenu ses promesses de campagne.

Il est marié à Nadia, avec qui il a une petite fille. Il a trois autres enfants d’un premier mariage.

— Nathalie Kosciusko-Morizet, 43 ans, ancienne ministre

Le plus souvent désignée par ses simples initiales, NKM a la réputation d’être aussi libre que frondeuse. Ancien numéro deux des Républicains, elle avait été remerciée fin 2015 sur fond de désaccords avec Nicolas Sarkozy (notamment sur le ni-ni, ni front républicain ni Front national au second tour d’une élection). « Mon principal défaut? Je suis chiante », confiait-elle en riant au Monde en mars.

Seule femme à concourir pour la primaire, cette blonde au teint diaphane, a dû batailler pour obtenir ses parrainages. Polytechnicienne et ingénieur de formation, NKM veut défendre pendant la campagne « des thématiques comme l’innovation numérique, les transformations du monde du travail, l’écologie, qui ne sont pas présentes aujourd’hui ». Son livre, Nous avons changé de monde, témoigne de sa maîtrise des paramètres de l’économie numérique et des bouleversements que cette nouvelle donne va faire survenir (notamment le développement du non-salariat).

Fille d’un ancien maire de Sèvres (Hauts-de-Seine), petite-fille d’un ancien ambassadeur, NKM a fondé son micro-parti La France droite. Elle était devenue députée en 2002 et ministre à partir de 2007 pendant tout le quinquennat Sarkozy (numérique, Écologie), et avait mis en place le Grenelle de l’Environnement. Elle a récemment demandé la mise hors la loi du salafisme et a rencontré dans ce but le Premier ministre Manuel Valls.

Nathalie Kosciusko-Morizet est divorcée et mère de deux garçons. 

— Hervé Mariton, 57 ans, éphémère ancien ministre

Lui aussi polytechnicien et ingénieur, M. Mariton, député de la Drôme, est spécialiste des questions de transport, parle couramment l’anglais et le russe. Il a concouru à la présidence de l’UMP fin 2014 (plus de 6%).

Il s’est surtout fait connaître comme l’un des plus fervents opposants à la loi sur le mariage homosexuel et a été très désappointé quand Sens Commun, association anti-mariage gay, a choisi de soutenir la candidature de Fillon plutôt que la sienne. 

Ancien de Démocratie libérale, fidèle de Dominique de Villepin, il avait été nommé ministre de l’Outre-mer en mars 2007, quelques semaines avant l’élection de Sarkozy.

M. Mariton, également diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, a été chargé du projet de l’UMP sous la présidence Copé, époque pendant laquelle il a fondé son propre mouvement, Droit au coeur, afin de « peser sur le débat ». 

Il a présenté ses réformes en mars dans un livre Le printemps des libertés, plaidant notamment pour la suppression du code du travail ou le remplacement du droit du sol par le droit du sang.

M. Mariton est marié et père de quatre enfants.

— Jean-Frédéric Poisson, 53 ans, président du PCD

Député des Yvelines, M. Poisson est un autre opposant notoire à la loi sur le mariage pour tous. Successeur de Christine Boutin à la tête du PCD (Parti Chrétien-Démocrate), il a à ce titre été dispensé de parrainages. 

Docteur en philosophie et titulaire d’un Master de Droit social, ex-maire de Rambouillet (fonction à laquelle il avait remplacé Gérard Larcher, entré au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin), il est député des Yvelines depuis 2012. 

Fin 2015, il est devenu président de la mission d’information « portant sur les moyens dont bénéficie l’organisation terroriste Daech (État islamique) », créée par l’Assemblée nationale. 

En avril, il confiait à l’AFP vouloir « faire une campagne numérique à la Donald Trump » et dénonçait « la faiblesse idéologique de la droite française ».

Montage réalisé le 9 septembre de portraits des 8 candidats à la primaire de la droite. © AFP

© AFP/Archives MEHDI FEDOUACH, JOEL SAGET, KENZO TRIBOUILLARD, BERTRAND GUAY, JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN, JEAN-PIERRE CLATOT, MARTIN BUREAU, ERIC FEFERBERG, JEAN AYISSI, François NASCIMBENI
Montage réalisé le 9 septembre de portraits des 8 candidats à la primaire de la droite

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