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Primaire écologiste: une finale Jadot-Rivasi, échec cuisant pour Duflot

Paris (AFP) – Les eurodéputés Yannick Jadot et Michèle Rivasi -invitée surprise- se sont qualifiées mercredi pour le second tour de la primaire organisée par Europe Ecologie-Les Verts, deux personnalités peu connues du grand public qui ont éliminé la favorite, Cécile Duflot.

Avec 35,61% des suffrages, Yannick Jadot, 49 ans, fait la course en tête, suivi par Michèle Rivasi, 63 ans, qui réunit sur son nom 30,16% des quelque 12.000 votants, sur un corps électoral de 17.146 (dont environ 7.000 adhérents EELV).

Coup de théâtre, l’ancienne ministre et patronne des Verts, Cécile Duflot, 41 ans, n’arrive qu’en troisième position avec 24,41% des voix. La quatrième candidate, la députée européenne de 37 ans Karima Delli enregistre 9,82% des voix.

« Quand le biotope écolo est interrogé, ce sont des gens qui veulent changer le système, ils ne font pas la promotion de ceux qu’ils considèrent comme ses représentants », a commenté auprès de l’AFP le collègue de Mme Duflot à l’Assemblée nationale, Sergio Coronado, reconnaissant une « sanction lourde ».

L’ancienne ministre du Logement dans le gouvernement Ayrault (2012-2014) a réagi immédiatement à cette défaite en se disant « déçue » sur Facebook. « Les électeurs et les électrices ont majoritairement estimé que je n’étais pas la mieux placée pour porter le flambeau », a-t-elle concédé, se refusant à donner une consigne de vote pour le second tour, programmé le 7 novembre. 

Celle qui se préparait depuis plus d’un an à l’échéance présidentielle et avait déjà réuni autour d’elle une équipe et pas mal de soutiens a néanmoins promis de soutenir « celle ou celui qui sera désignée » pour défendre les couleurs écologistes en 2017.

Mme Duflot, qui avait organisé une soirée électorale dans un bistrot du XIXe arrondissement de Paris, a décidé de ne pas apparaître mercredi soir, a précisé son entourage, en regrettant que « le pari de l’écologie majoritaire » ait perdu dans ce scrutin. 

Avec le slogan « une présidente écologiste », Mme Duflot se disait « convaincue » de pouvoir figurer au second tour de la présidentielle.

Une divergence nette avec Yannick Jadot, pour qui « personne ne croit aujourd’hui sérieusement que les écologistes peuvent gagner l’élection présidentielle de 2017 ». Soucieux de « ne pas construire la crédibilité de l’écologie politique sur un coup de bluff », il avait regretté de voir ses concurrentes « baratiner les Français ».

– « Douloureux pour Cécile » –

« Les militants pensent qu’il faut un candidat de combat et de terrain. Ça montre aussi qu’ils veulent un renouvellement de l’appareil politique », a réagi mercredi soir Mme Rivasi sur Public Sénat. « C’est une dure défaite » pour Mme Duflot, a-t-elle ajouté, affirmant avoir « ressenti une très forte demande sur le terrain de ne plus envoyer des gens de l’appareil ».

Reste à savoir si cette surprise se transformera pour les écologistes en une bonne nouvelle et mettra un coup d’arrêt aux sondages plaçant Mme Duflot, la seule « testée » par les instituts, entre 2 et 3% des intentions de vote.

« Ca va être douloureux pour Cécile (…), nous sommes les spécialistes de comment se tirer une balle dans le pied », a analysé pour l’AFP la députée Danielle Auroi, voyant dans cet échec « une espèce de rejet de l’institution, parce qu’elle a été ministre ». 

Un titre qui agit comme un repoussoir au sein d’un parti resserré après les multiples départs d’élus et d’adhérents depuis la rentrée 2015.

Le Congrès organisé en juin et qui devait préfigurer la renaissance d’un parti débarrassé de ses divisions et de ses querelles intestines a en effet consacré une écologie « autonome » et rejetant tout accord avec le grand frère socialiste.

Les deux finalistes ont accepté cet engagement. Mais au sein de la famille écologiste, des doutes demeurent sur la réelle volonté de M. Jadot d’aller jusqu’au bout de la bataille présidentielle. 

Le député européen est un « proche de Dany (Cohn-Bendit) avec lequel il avait initié des primaires avortées incluant le PS, il est légitime de douter que, s’il est candidat, il le sera jusqu’au bout », a lâché à l’AFP le maire du IIe arrondissement de Paris, Jacques Boutault.

Les eurodéputés d'EELV Michel Rivasi et Yannick Jadot. © AFP

© AFP/Archives JOEL SAGET
Les eurodéputés d’EELV Michel Rivasi et Yannick Jadot

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