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Primaire: Juppé et Fillon s'écharpent sur l'avortement

Paris (AFP) – L’entre-deux tours de la primaire de la droite se tend: pour refaire son retard, Alain Juppé pilonne François Fillon en attaquant son programme économique « brutal » et ses positions sur l’avortement ce qui a ulcéré son adversaire jugeant qu’il « tombait bas ».

Après avoir dénoncé devant ses soutiens lundi la vision « extrêmement traditionaliste » de la société portée par François Fillon, Alain Juppé l’a appelé mardi à « clarifier » sa position sur l’avortement.

En cause, une sortie du favori des sondages qui avait expliqué en juin que « philosophiquement et compte tenu de (sa) foi personnelle », il ne pouvait pas « approuver l’avortement ». Interrogé sur le sujet fin octobre, il distinguait toutefois ses « convictions et l’intérêt général ». « Jamais personne et certainement pas moi ne reviendra sur l’avortement », tranchait Fillon. 

En déplacement à Viry-Châtillon (Essonne), où Alain Juppé s’était rendu le 8 novembre, François Fillon a vigoureusement réagi: « Jamais je n’aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas! »

« Est-ce qu’une seule fois j’ai pris une position contraire à l’avortement? (…) Que la campagne reprenne sa dignité et qu’on cesse les polémiques qui sont inqualifiables et qui, franchement, abaissent le niveau », a répliqué M. Fillon devant la presse.

Les fillonistes sont venus à sa rescousse, le porte-parole Jérôme Chartier parlant de « polémique honteuse ». 

Pour Isabelle Le Callennec, membre du collectif « Les femmes avec Fillon », « ce n’est pas un sujet ». « François Fillon l’a dit, il ne remet pas en cause le droit à l’IVG », a ajouté députée LR, tout en précisant: « On ne peut pas banaliser l’IVG, ça reste un acte qui n’est pas anodin. C’est le seul message qu’on veut envoyer ».

Alain Juppé (28,5%), seize points derrière François Fillon (44,1%) selon des résultats toujours provisoires au premier tour de la primaire, est bien décidé à mettre « toute la gomme » selon son expression pour combler l’écart d’ici le second tour dimanche.

« Nous sommes dans un mode amical et combatif », explique son entourage. Mais s’il rejette l’idée d’une « campagne d’affrontement personnel » avec Fillon, pour qui il a « de l’amitié et de l’estime », le maire de Bordeaux critique de plus en plus clairement son adversaire et aussi son programme économique « brutal » qui selon lui ne se « fera pas », notamment les suppressions de 500.000 postes de fonctionnaires.

– Des sarkozystes redevenus fillonistes –

Alors qu’Alain Juppé promet notamment de renforcer la police « à hauteur de 10.000 personnes », François Fillon a estimé que « la question des effectifs (policiers) n’est pas centrale » lors d’une visite à Viry-Châtillon, où avaient été agressés quatre policiers, déclenchant une vague de colère dans la police.

« S’il faut, on créera des postes. Mais il y a des tâches administratives qui peuvent être supprimées », a expliqué M. Fillon, après avoir taxé dans Le Parisien de « décalé » le programme d’Alain Juppé. 

Après ces échanges acerbes, les deux finalistes tiennent meetings mardi soir. A Lyon pour le député de Paris, où s’exprimeront Bruno Le Maire et Laurent Wauquiez, et à Toulouse pour Alain Juppé qui aura le soutien de Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet. 

Auparavant, François Fillon rencontrait à la Maison de la Chimie à Paris ses soutiens parlementaires renforcés depuis dimanche par de nombreux sarkozystes, comme Eric Ciotti, Laurent Wauquiez, ou Christian Estrosi, qui le soutenaient en 2012 face à Copé et l’avaient depuis lâché.

Inconnue de l’après second tour: la position qu’adoptera François Bayrou, soutien d’Alain Juppé qui comptait se présenter à la présidentielle face à Nicolas Sarkozy si celui-ci remportait la primaire. 

Dans Le Figaro, le maire centriste de Pau dit son « intention de faire mûrir un projet plus juste et plus social » que celui du Sarthois, semblant ouvrir la voie à une candidature. Fillon refuse tout « pronostic » sur le choix de celui avec qui ses relations sont « cordiales ».

Grand favori du second tour, le député de Paris continue à cristalliser les critiques des autres partis.

« M. Fillon a coché toutes les cases de la plus grande radicalité de la droite, la droite la plus dure » dit le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, estime lui que le programme de Fillon, « c’est celui de Jacques Chirac en 1986. Il n’y a ni modernité, ni changement ».  Le FN, lui, dénonce le « passif » de François Fillon comme Premier ministre et son programme « ultralibéral ».

Après avoir dénoncé devant ses soutiens lundi la vision "extrêmement traditionaliste" de la société portée par François Fillon, Alain Juppé l'a appelé mardi à "clarifier" sa position sur l'avortement. © AFP

© AFP/Archives LOIC VENANCE, JEAN-FRANCOIS MONIER
Après avoir dénoncé devant ses soutiens lundi la vision « extrêmement traditionaliste » de la société portée par François Fillon, Alain Juppé l’a appelé mardi à « clarifier » sa position sur l’avortement

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