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Prison ferme pour 83 plants de paka

Un père de famille et ses deux enfants ont comparu ce lundi pour trafic de stupéfiants. Du paka qu’ils plantaient chez eux et qu’ils revendaient en gros aux dealers du coin. Ils ont écopé de peines allant de 12 mois à deux mois ferme. Une histoire banale d’une famille qui se tourne vers le trafic de paka pour joindre les deux bouts.

 Rémi a 50 ans, 30 ans dans le bâtiment à se casser le dos, à œuvrer quelque soit le temps comme « un forçat ». Tout cela pour un salaire de misère. 140 000 Fcfp par mois, et encore ça c’est depuis peu. Depuis qu’il est passé chef de chantier.

Sa baraque à Pirae est faite de bric et de broc. Il y vit seul. Sa femme avec qui il a eu six enfants est partie il y a cinq ans. Depuis il s’est trouvé une nouvelle compagne avec qui il a eu un enfant. Mais elle ne vit pas avec lui car sa maison est dépourvue d’électricité. Deux de ses enfants, 19 et 23 ans, de son premier lit,  sont récemment retournés vivre avec lui, car cela n’allait pas avec leur beau-père.

Un jour, n’y tenant plus, sur un coup de tête, il démissionne de son travail, « pire que des travaux forcés ». Il a dans l’idée de fabriquer des va’a avec l’un de ses fils. De monter un petit business. Mais pour cela, il faut une mise de fonds, qu’il ne possède pas.

La tentation de l’argent facile

En bas de son quartier, près du magasin, il voit des dealers qui brassent de l’argent. Beaucoup. Lui fume depuis l’âge de 15 ans et plante pour sa consommation personnelle. Le déclic vient. Pourquoi ne pas planter un peu plus et vendre en gros aux dealers du coin ? Cela lui permettrait de réunir une somme suffisante pour démarrer son projet.

Dans sa tête, c’est simple. Il s’occupe des plants et ses deux enfants, tous deux sans emploi,  conditionnent la récolte en stick ou dans des boites d’ice cream qu’il irait revendre en gros aux dealers. Sa première récolte lui rapporte 120 000 Fcfp. Il pratique des prix compétitifs : 80 000 Fcfp la boite d’ice cream bien remplie et 1 000 Fcfp « des gros sticks. Plus gros que ce que l’on trouve dans la rue », dira-t-il à la barre.

Le hasard allié de la DSP

Jusqu’à la date du 6 décembre sa petite entreprise vivote tranquillement. Ce jour-là, la DSP patrouille dans son quartier pour faire de la prévention à propos des cambriolages et par hasard, ils aperçoivent la plantation de Rémi. Ils se rendent à son domicile et prennent en flagrant délit ses deux fils en train de conditionner le fruit de leur récolte. Au total, 83 plants de paka disséminés un peu partout dans la maison. Des plants allant de 20 cm à 2,50m.

Rémi lui est absent, il est parti fournir les dealers du coin. C’est en remontant qu’il aperçoit la voiture de la DSP dans sa servitude. Pas de doute, ils sont là pour lui. Les 20 000 Fcfp qu’il a récupérés de sa vente, il s’en débarrasse et se rend chez lui où il est interpellé.

Au poste, pas de problème, tous reconnaissent les faits. Le père s’occupe des plantes et de livrer les dealers, quant aux fils, ils conditionnent le paka et de temps à autres le plus jeune deale un peu des sticks. Les deux sont aussi consommateurs, l’ainé, 23 ans, fume depuis l’âge de 12 ans, le plus jeune, 19 ans, depuis un an.

Une famille aux casiers chargés

Le père a un casier judiciaire qui compte de multiples condamnations. Sept. La plupart pour conduite sous l’emprise de l’alcool et violences conjugales, « à cause de l’alcool ». L’ainé, lui a 5 condamnations pour des vols, usage de stupéfiants et outrage. Quant au plus jeune, six, alors qu’il était mineur. Vols, violence en milieu scolaire et racket à la sortie d’un lycée. Le matin même de son interpellation au domicile familial, il était devant le juge d’application des peines pour un aménagement de la peine dont il avait écopé pour vol.

Le procureur de la République a, à l’encontre du père réclamé 18 mois de prison dont six avec sursis et son maintien en détention. Pour l’aîné, 6 mois ferme dont 4 avec sursis avec maintien en détention et pour le dernier, 4 mois ferme et maintien en détention.

« Une entreprise d’amateurs »

Pour leur avocat, le dossier est simple. « C’est une petite entreprise familiale initiée par des amateurs. La seule récolte qu’ils ont faite leur a rapporté 120 000 Fcfp ! Et avec cette somme, ils ont payé leurs dettes. » Relevant qu’il ne s’agit « que de 83 pieds de paka » et « que les fils ont été embarqués malgré eux là-dedans » elle demande la plus grande clémence.

Une demande que n’entendra pas le tribunal puisque le père a été condamné, « eu égard au fait que vous avez entrainé vos fils dans ce trafic et à votre casier chargé », à 18 mois de prison dont 6 avec sursis et maintien en détention.

L’aîné a pour sa part écopé de six mois dont 4 avec sursis, avec obligation de soins et maintien en détention, « même si vous avez tenu un rôle mineur dans ce trafic, votre casier est tout de même chargé. »

Quant au plus jeune, « vous avez eu un rôle actif dans le deal et votre casier est aussi bien chargé », quatre mois ferme avec maintien en détention.

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