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Procès Junca: perpétuité pour le principal accusé

Pau (AFP) – La Cour d’assises de Pau a condamné jeudi soir à la réclusion criminelle à perpétuité le principal accusé du meurtre d’Alexandre Junca, collégien de 13 ans tué puis démembré en 2011 dans des circonstances sur lesquelles les quatre condamnés n’ont fait que lever un petit coin de voile.

Mickaël Baerhel, marginal âgé de 30 ans, était poursuivi pour « vol avec violences ayant entraîné la mort », une peine passible de la réclusion à perpétuité. Il a fini par avouer à l’audience du 15 juin que l’adolescent n’était pas mort sur le coup, comme il l’avait jusqu’à présent soutenu, et qu’il avait en réalité achevé Alexandre à coups de marteau après qu’il eut repris conscience parce qu’il ne supportait pas ses pleurs…

Son avocate s’est refusée à tout commentaire après le verdict. 

Les déclarations de Baerhel ont beaucoup varié, comme celles de son co-accusé Christophe Camy, autre SDF âgé de 28 ans, qui venait de voler le portable d’Alexandre le soir du 4 juin 2011 à Pau. 

Selon les deux hommes, le collégien, qui rentrait chez son père, serait revenu pour réclamer son téléphone. C’est à ce moment que Baehrel a commencé à lui asséner des coups de poing et de marteau, parce qu' »il avait la rage », sans plus d’explication.

Christophe Camy, traumatisé après avoir été torturé et violé en 2010 par d’autres marginaux et suivi en psychiatrie, aurait pris la fuite dès les premiers coups. Il était néanmoins accusé lui aussi de « vol avec violences ayant entraîné la mort » et a été condamné à 15 ans de réclusion. L’avocat général, Jean-Christophe Muller, avait souligné « sa qualité de complice de Baehrel » et requis « entre 15 et 18 ans de réclusion ».

Ouverts le 7 juin, les débats ont tout juste permis d’esquisser les grandes lignes de ce qui a pu se passer après les premiers coups portés à Alexandre dans une rue du centre de Pau.

« Sonné », selon Baehrel qui dit l’avoir cru mort à cet instant, Alexandre Junca est transporté par ce dernier dans l’immeuble de Fatima Ennajah, 50 ans, compagne de Baehrel à l’époque.

– Ducos silencieux mais condamné –

Mais une fois devant l’appartement de Fatima Ennajah, elle « m’a vu avec Alexandre et lui donne un médicament car il était revenu à lui, il pleurait », a dit Baehrel. « De l’entendre pleurer, ça m’a rendu fou. J’ai asséné plusieurs coups de marteau. Après, il était mort… », a-t-il lâché.

Accusée de « recel de cadavre » et « non-dénonciation de crime », Fatima Ennajah, qui a alterné crises de nerfs et propos incohérents durant tout le procès, a été condamnée à trois ans de prison, la peine maximale dans son cas, et placée sous mandat de dépôt, conformément aux réquisitions du Parquet.

Des zones d’ombre subsistent en revanche sur le démembrement du corps de la victime, retrouvé des semaines après sa disparition: d’abord un fémur fin juin, puis d’autres restes en octobre en bordure de la rivière traversant Pau.

Selon Baehrel, Claude Ducos, 76 ans, qui donnait de l’argent au marginal en échange de fellations, est venu chercher le corps le lendemain du meurtre pour le charger dans le coffre de sa voiture. Appelé à l’aide par Baerhel, le septuagénaire, chasseur chevronné, est accusé d’avoir ensuite découpé le cadavre pour le faire disparaître.

Mais Claude Ducos a nié en bloc depuis le début, réfutant toute participation dans le crime. Confronté aux similitudes entre les mutilations du corps de la victime et l’éviscération du gibier pratiquée couramment par les chasseurs, Ducos a même affirmé à la cour n’avoir jamais lui-même découpé les animaux qu’il abattait…  

Faute d’ADN ou de preuve directe, les avocats de Ducos avaient plaidé la relaxe. Mais l’avocat général avait requis trois ans de prison, la peine la plus lourde: « Ce ne peut être que lui qui a procédé à cette profanation », avait assuré le magistrat. La Cour d’assises a suivi ses réquisitions et le septuagénaire, qui a déjà passé 15 mois en détention provisoire, a été placé sous mandat de dépôt.

Son avocate a indiqué à l’AFP que Claude Ducos ferait appel du jugement.

Mickael Baehrel à son arrivée au tribunal le 7 juin 2016 à Pau . © AFP

© AFP/Archives IROZ GAIZKA
Mickael Baehrel à son arrivée au tribunal le 7 juin 2016 à Pau

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