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Proche-Orient: la France appelle la communauté internationale à se remobiliser

Paris (AFP) – Le président français François Hollande a appelé vendredi la communauté internationale à se remobiliser sur le conflit israélo-palestinien dans un contexte de bouleversements régionaux, tout en soulignant que le choix de la paix reviendrait in fine aux deux parties concernées.

« J’ai voulu que la France prenne une initiative pour mobiliser la communauté internationale en soutien à un règlement définitif du conflit » israélo-palestinien, a déclaré M. Hollande devant les ministres et représentants d’une trentaine de pays et d’organisations internationales, dont le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

« Cette initiative n’a qu’un seul but, la paix au Proche-Orient », a-t-il souligné, se disant conscient « des doutes » suscités par la démarche, particulièrement en Israël, farouchement hostile à toute approche multilatérale du dossier.

« Nous ne pouvons pas nous substituer aux parties prenantes. Notre initiative vise à leur donner les garanties que la paix sera solide, durable et contrôlée internationalement » et les « rassurer pour qu’ils reprennent le chemin de la négociation », a assuré le président français, soulignant que « le choix courageux de la paix » leur revenait in fine.

Israéliens et Palestiniens n’ont pas été conviés à la conférence de Paris, dont le but essentiel est de réaffirmer l’engagement de la communauté internationale en faveur de la solution à deux Etats, seule formule considérée comme viable pour régler un conflit vieux de presque 70 ans.

L’objectif est de mettre en place des groupes de travail sur des thèmes précis comme les incitations économiques à faire la paix, la mesures de désescalade ou les garanties de sécurité régionale, afin de pouvoir convoquer une conférence de paix d’ici à la fin de l’année avec les deux parties.

Alors que la situation est jugée « catastrophique » sur le terrain, le président français a mis en garde contre les risques du statu quo.

« Dans le contexte régional au Proche-Orient et au Moyen-Orient, le vide sera forcément rempli par les extrémistes et les terroristes pourront en tirer avantage », a-t-il alerté.

« Nous sommes en 2016 avec la guerre en Syrie, en Irak avec le terrorisme fondamentaliste. Les menaces et les priorités ont donc changé. Les bouleversements régionaux créent des obligations nouvelles pour la communauté internationale et pour rechercher la paix », a ajouté M. Hollande, en estimant que la paix devait prendre en compte « l’ensemble de la région ».

 – Hostilité israélienne, retenue américaine –

L’initiative française suscite depuis plusieurs mois l’hostilité d’Israël.

La démarche « échouera », a même asséné à la veille de la réunion le ministère israélien des Affaires étrangères. L’Etat hébreu rejette toute approche internationale et réclame des négociations directes avec les Palestiniens.

« Sauf que (ces négociations directes) cela ne marche pas (…) tout est bloqué », a rétorqué vendredi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. « Aujourd’hui, ils ne dialoguent pas, la colonisation se poursuit, la violence se développe, le désespoir s’installe, la propagande de Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) et d’Al-Qaïda se développe dans tous ces territoires et c’est extremêment dangereux ».

Les dernières négociations directes, menées sous égide américaine, ont échoué en 2014.

Une autre interrogation porte sur le niveau d’implication, au-delà d’un intérêt poli, des Etats-Unis, acteurs incontournables sur le dossier. Le secrétaire d’Etat John Kerry, médiateur malheureux des négociations israélo-palestiniennes en 2013 et 2014, est présent à la réunion de Paris. Mais « nous n’apportons aucune proposition spécifique », et « n’avons pris aucune décision sur ce que pourrait être notre rôle », a souligné jeudi un haut responsable du département d’Etat.

Seuls les Palestiniens, « au bord du désespoir » selon une source diplomatique française, soutiennent pleinement la démarche. 

Saëb Erakat, numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a qualifié vendredi de « lueur d’espoir » l’initiative française.

Mais il a réclamé qu’elle fixe « un cadre et un calendrier clairs » pour la création d’un Etat palestinien, dans une contribution publiée sur le site internet du quotidien israélien Haaretz.

Jean-Marc Ayrault (à gauche), François Hollande et Ban Ki-moon à Paris le 3 juin 2016. © AFP

© POOL/AFP STEPHANE DE SAKUTIN
Jean-Marc Ayrault (à gauche), François Hollande et Ban Ki-moon à Paris le 3 juin 2016

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