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Projet d'attentat: trois suspects présentés à la justice

Paris (AFP) – Des explosifs ont été retrouvés, mais la cible reste floue pour les enquêteurs: deux hommes et une adolescente, soupçonnés d’avoir voulu perpétrer un attentat « imminent » en France, ont été présentés mardi à la justice antiterroriste en vue d’une mise en examen.

Interpellés vendredi dans l’Hérault, les trois suspects, une jeune fille de 16 ans convertie prénommée Sarah et deux hommes de 20 et 33 ans connus des services de renseignement, ont été transférés mardi matin au palais de justice à Paris après quatre jours de garde à vue, a-t-on appris de source judiciaire.

Dans l’appartement où a été arrêté le jeune homme de 20 ans, à Clapiers, près de Montpellier, les enquêteurs ont découvert 71 grammes de TATP, un explosif artisanal puissant mais très instable, des notes manuscrites pour en fabriquer ainsi que les composants ou le matériel nécessaire: acétone, eau oxygénée, seringues et gants de protection.

Identifiés en raison de leur activisme sur les réseaux sociaux, notamment sur la messagerie cryptée Telegram, prisée des jihadistes, les suspects ont été repérés le 9 février en train de se procurer de l’acétone et de l’eau oxygénée.

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux la veille, dans laquelle Sarah prêtait allégeance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), a également motivé les services antiterroristes à agir rapidement.

« Il y avait bien un acte terroriste imminent qui se préparait » et « sur lequel nous essayons de faire toute la lumière », a souligné lundi le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux.

L’exploitation du matériel informatique et téléphonique saisi lors des perquisitions suggèrent des cibles potentielles, dont la Tour Eiffel. Toutefois, « aucun élément ne montre à ce stade une préparation sur une cible clairement définie », d’après une source proche de l’enquête.

Le jeune homme de 20 ans, prénommé Thomas et originaire des Ardennes, avait été assigné à résidence chez son père de décembre 2015 à décembre 2016, une mesure administrative prise dans le cadre de l’état d’urgence post-attentats du 13 novembre 2015, en raison d’une tentative de départ avortée vers la zone irako-syrienne.

« Il nous avait raconté qu’il s’était fait arrêter à l’aéroport (d’Orly, NDLR), qu’il était fiché S, sans vraiment nous dire pourquoi il avait voulu partir », a raconté à l’AFP Rodrigue, qui faisait partie de son cercle d’amis avant sa radicalisation. « J’ai cru que c’était une passade, que l’arrestation ça l’avait calmé. Mais après, il a commencé à être dans son coin, à ne plus voir personne », a ajouté le jeune homme.

Thomas avait fait la connaissance de Sarah sur les réseaux sociaux où les deux jeunes gens avaient exprimé leur intention de se marier religieusement.

– ‘Manipulée par son compagnon’ –

Les enquêteurs soupçonnent le jeune homme d’avoir voulu commettre une action kamikaze en France tandis que sa compagne devait gagner la zone irako-syrienne juste avant l’attentat.

« Aucun élément à ce stade de l’enquête ne montre que leur projet a été téléguidé depuis la Syrie », selon la source proche de l’enquête.

Pour Thomas de la Morlais, avocat de la mère de l’adolescente, « Sarah, qui était scolarisée et voulait poursuivre des études de couture, a été manipulée par son compagnon et par d’autres ».

« Après avoir entretenu de nombreux échanges sur internet, Thomas est venu à Montpellier pour habiter chez la jeune fille, mais la mère de cette dernière a refusé de l’héberger. Il a alors logé dans la cave de l’immeuble » avant d’être hébergé à Clapiers, a relaté à l’AFP l’avocat. 

Le troisième suspect, Malik, un père de deux enfants en instance de divorce, âgé de 33 ans, est soupçonné d’avoir apporté « un soutien » au couple, a indiqué la source proche de l’enquête sans plus de précision. Condamné à six reprises notamment pour trafic de stupéfiants et vol avec violences, il avait été repéré par les services antiterroristes pour sa radicalisation sur les réseaux sociaux.

Un convoi de police à la sortie de l'hôtel de police où quatre suspects d'un projet d'attentat, sont entendus, le 11 février 2017 à Montpellier. © AFP

© AFP/Archives Franck PENNANT
Un convoi de police à la sortie de l’hôtel de police où quatre suspects d’un projet d’attentat, sont entendus, le 11 février 2017 à Montpellier

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