ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ « Propagande néocolonialiste », combat « anti-blancs »… L’immigration agite l’assemblée Charlie Réné 2020-09-24 24 Sep 2020 Charlie Réné Éliane Tevahitua a interpellé le gouvernement, ce matin, sur une étude de l’ISPF évoquant le chiffre de 102 000 nouveaux arrivants au fenua pour compenser le vieillissement de la population. De la « propagande néocolonialiste » pour l’élue Tavini. Une polémique aux relents « racistes » a rétorqué Édouard Fritch, assurant que le Pays n’a jamais eu l’intention de favoriser une « immigration massive ». Parue à la mi-août, l’étude au centre de cet échange dessine des tendances démographiques en Polynésie à l’horizon 2030. Comme nous l’expliquions lors de sa publication, l’Institut de la statistique de Polynésie Française, y entrevoit une stagnation de la population autour de 284 000 habitants dans une décennie. Surtout, l’ISPF interpelle sur l’évolution de la pyramide des âges : moins de jeunes, plus de seniors, de quoi « engendrer une évolution forte des rapports de dépendance ». Des projections « intéressantes » concède Éliane Tevahitua, qui dénonce tout de même « une approche binaire réductrice qui consiste à opposer entre elles des classes d’âge ». Mais l’élue du parti bleu ciel a surtout relevé un paragraphe du rapport, qui chiffre, en l’absence d’évolution de la natalité en Polynésie, à 102 000 personnes le besoin d’immigration pour maintenir les équilibres démographiques en 2030. Soit 8 500 arrivées supplémentaires par an. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/09/IMMIGRATION-1-eliane.wav Une telle immigration reviendrait à faire venir « 35% de la population » du fenua, ce qui équivaudrait, à l’échelle nationale à proposer l’arrivée de « 25 millions d’immigrés en une décennie », calcule Éliane Tevahitua. L’élue Tavini pointe que les jeunes Polynésiens, « même diplômés », ont aujourd’hui du mal à se pourvoir en travail et en logement. Et, visant au passage le directeur « expatrié » de l’ISPF, elle interroge le président du gouvernement : « Cautionnez-vous cette propagande néocolonialiste émanant de l’ISPF, un établissement public, visant à faire de notre pays une colonie de peuplement ? » Une référence à la politique longtemps appliquée par la France en Nouvelle-Calédonie. Et qui avait, comme l’a écrit le premier ministre Pierre Messmer dans les années 70, entre autres objectifs « d’éviter le danger de la revendication nationaliste », rappelle la représentante Tavini. « Vous êtes dans un combat anti-Blancs, anti-Français » Des mots forts, auxquels le président Édouard Fritch répond d’abord en recontextualisant l’étude. Comme prenait soin de le préciser l’ISPF, les projections démographiques sont « les images d’un futur possible », mais pas « des prédictions d’avenir ». Et si l’institut pose des hypothèses ce seront bien les politiques publiques qui « dicteront les orientations réelles ». Mi-août le directeur de l’ISPF expliquait effectivement, au micro de Radio1, que ces simulations sur l’immigration, qualifiées « d’improbables », n’avaient pour autres buts que de montrer que le déséquilibre des rapports de dépendances était « inéluctable » et « qu’il fallait donc s’y préparer ». Le président tient à rassurer : « Il n’est pas dans les intentions du gouvernement de favoriser une immigration massive, d’autant que de nombreux jeunes peinent à s’insérer dans l’emploi ». Voilà pour la réponse formelle. Mais Édouard Fritch, visiblement échaudé par la question, mène la contre-attaque. Et pointe que c’est son gouvernement qui a fini par faire voter une loi sur la protection l’emploi locale, critiquée par le Tavini car pas assez protectrice. « Je ne veux pas que cette préoccupation devienne un combat anti-français, je ne veux pas paraître comme un pays de racistes », assène le leader du Tapura, « préoccupé par cet état d’esprit raciste qui se développe chez nous « . « On a connu l’anti-Chinois, aujourd’hui, c’est l’anti-Farani à tout va » pointe-t-il. Pour le président, l’interpellation d’Éliane Tevahitua ne serait qu’une « polémique » symptomatique des « obsessions » du Tavini. « Vous êtes anti-Français, lance-t-il. J’ai le fort sentiment que vous êtes dans un combat primaire anti-blancs, anti-Français tous azimuts, qui n’a rien à voir avec les préoccupations d’ordre économique et sociale« . https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/09/IMMIGRATION-2-edouard.wav Le leader du Tapura, explique en outre qu’il « y a des besoins dans certaines catégories professionnelles auxquels on ne peut pas répondre ». Et se montre volontiers narquois : « Vous avez montré l’exemple, lance-t-il vers les bancs du Tavini. Vous faites venir des avocats [de métropole] pour défendre des basanés, des ma’ohi ». Une contre-offensive à laquelle Éliane Tevahitua a tenu à répondre, à la sortie de l’assemblée. « Vouloir que son pays, un jour soit démocratiquement indépendant, est ce que c’est être raciste ? Pas du tout », rétorque-t-elle, insistant sur le fait que le Tavini n’a « aucune intention de rejeter les métropolitains qui sont ici ». En revanche le parti bleu ciel « veillera bien » à ce que l’idée d’une favorisation de « l’immigration massive » ne soit jamais mise en pratique au fenua. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/09/IMMIGRATION-3-eliane-reponse.wav Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)