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La bureaucratie résiste à l’écologie

L’assemblée s’apprête à voter l’interdiction des sacs plastique, mais le problème posé par les bouteilles en plastique n’est pas encore sur la table du législateur. Ni des Douanes : une cargaison de 20 000 flacons à base de canne à sucre est sur le quai à Motu Uta, parce qu’ils ne correspondent à aucune nomenclature douanière.

Ceux qui s’intéressent aux alternatives au plastique ont certainement entendu parler de l’arrivée prometteuse d’un nouveau type de flaconnage, fabriqué sans aucun produit pétrolier mais uniquement à base de canne à sucre.

Une innovation dont Philippe Maunier, dirigeant de Heiva Cosmétiques de Tahiti, suit l’évolution depuis plusieurs années. Les premières tentatives, utilisant du maïs, n’ont pas été à la hauteur des attentes, entre autres parce que la controverse sur les OGM faisait rage. « Mais l’équipe française avec qui je travaille a réussi avec la canne à sucre, dit-il, jusqu’au bouchon et à l’étiquette. » Il y a quelque temps, il a commencé à tester ces flacons à base de canne à sucre en les remplissant avec ses produits – mono’i, huile de coco vierge ou de tamanu. « Impeccable, en 6 mois rien n’a bougé, » dit-il en parlant de la conservation des huiles. Il note aussi « une bonne décomposition dans la terre » des flacons qu’il a enterrés dans son jardin.

Il a donc commandé en France 20 000 flacons à base de canne à sucre, de 80 à 100 ml. La cargaison est arrivée à Motu Uta la semaine dernière, mais elle attend encore sur le quai.

En effet, il n’y a pas de classification douanière prévue pour l’entrée de ces bouteilles en Polynésie. Les Douanes lui ont proposé de les faire passer sous l’appellation « flacon plastique », mais il refuse, car il ne veut pas que son entreprise soit soupçonnée de mentir sur ses produits. Et il se dit prêt à porter l’affaire en justice si les Douanes ne proposent pas d’autre solution.

C’est d’autant plus dommage, dit Philippe Maunier, qu’il souhaite implanter à Tahiti une chaîne de production de ce type de flaconnage. Il est en pourparlers avec le fabricant français depuis un an pour prendre la licence pour le Pacifique Sud. Il sera même possible de fabriquer des gobelets à usage alimentaire, la vaisselle plastique étant la prochaine cible de la réglementation sur les matières plastiques. « Les banques sont prêtes à suivre, notamment la Socredo qui dit vouloir encourager des initiatives ‘vertes’. J’ai eu des rendez-vous partout, de la présidence à la DGAE en passant par la vice-présidence. On ne va quand même pas rester comme ça pendant des années ! » 

Le Vanuatu est prêt à accueillir une unité de production de contenants en canne à sucre, assure Philippe Maunier. « Sachant qu’il n’y aura qu’une seule licence pour le Pacifique Sud, ça voudrait dire que ça ne sera pas en Polynésie. C’est vraiment regrettable. »

 

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1 Commentaire

  1. lesagetahiti
    12 mai 2020 à 16h23 — Répondre

    la douane doit faire une assimilation intelligente, au lieu de dire qu’il n’y a pas de référence en nomenclature;
    remplacer un flaconnage en canne à sucre par la matière plastique est dérisoire;
    qu’attend le ministre de tutelle pour faire preuve d’intelligence: la bureaucratie encrasse l’esprit des peuples!

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